Einar Holboell avait eu une brillante idée

Pour toute une génération, mon billet d’aujourd’hui sera de l’histoire ancienne, mais le 1er janvier 1986, à peu près tout le monde savait à quoi le journal Le Carillon faisait référence en racontant l’origine de la campagne de souscription du Timbre de Noël; à ne pas confondre avec les timbres de Noël que vend Postes Canada chaque année. J’ai pensé que ça vous intéresserait!

Un soir de décembre 1903, un postier du nom de Einar Holboell travaillait tard dans son bureau de poste en banlieue de Copenhague. Il tirait des monceaux de courrier de Noël.

Pendant qu’il contournait des sacs de courrier, il s’adonna à jeter un coup d’œil par la fenêtre. À cet instant précis, deux jeunes enfants, un garçonnet et une fillette tout déguenillés apparurent. Il ne les entrevit qu’un bref instant avant qu’ils ne disparaissent dans la tempête.

Einar Holboell retourna à son travail le cœur bien gros. Le contraste saisissant entre les vœux de bonheur exprimés par le courrier de Noël et la misère apparente des deux enfants le troubla profondément.

Tout à coup, il eut une idée. Peut-être la vue du courrier lui en donna-t-elle l’inspiration. Supposons pour un instant que chaque lettre, chaque colis, arbore un timbre supplémentaire et que l’argent provenant de dizaines de milliers de timbres semblables serve à venir en aide aux enfants infortunés. Quelle bénédiction! Son métier de postier lui fit soudain réaliser quelles sommes énormes on pourrait ainsi amasser sans qu’il en coûte trop cher à chacun.

Plusieurs idées qui semblent splendides durant la nuit ne sont pas toujours aussi bonnes le matin venu. Cependant, même dans la lumière froide du matin, le postier trouva son idée suffisamment bonne pour en parler à ses confrères de travail.

Ce fut à leur tour de s’enthousiasmer. En premier, ils se demandèrent s’ils devaient la mettre en œuvre cette année même. Quelques calculs suffirent à les convaincre qu’il n’y avait pas suffisamment de temps pour dessiner un timbre, le faire imprimer et plus important, expliquer le concept du public. Ils décidèrent, cependant, de tout mettre en œuvre à temps pour la saison de Noël 1904.

Une fois le temps des Fêtes passé, ils se mirent au travail avec détermination. Leur idée bien élaborée, ils se mirent au travail avec détermination. Leur idée bien élaborée, ils se rendirent voir le Roi et leur expliquèrent leur plan.

Le roi Christian IX s’enflamma et il offrit même une suggestion : que le portrait de la reine Louise figure sur le premier timbre en signe d’approbation royale. Tous deux étaient très populaires auprès des Danois et ceci s’avéra une excellente idée.

Noël 1904 vit dont les Timbres de Noël en vente pour la première fois et la campagne connut encore plus de succès que les postiers avaient envisagé. Les Danois achetèrent plus de quatre millions de ces timbres. Ce fut un triomphe à une époque où les campagnes de fonds étaient pratiquement inconnues.

Il fut aussi question de la façon de dépenser les fonds. Quels enfants infortunés recevraient l’aide du public? Il fut décidé que les plus nécessiteux étaient les centaines, voire les milliers d’enfants atteints de la tuberculose.

Les fonds des deux premières campagnes du Timbre de Noël servirent à la construction de deux hôpitaux pour enfants tuberculeux. Ceci s’avéra un point tournant dans la lutte contre cette maladie, car ce fut le début du mouvement impliquant les citoyens ordinaires dans la lutte contre les maladies contagieuses, maladies qui semaient la mort et plus encore que la guerre ou la famine.

La Norvège et la Suède, les voisines du Danemark, furent les premiers pays étrangers à réaliser la grande volonté du peuple, et l’année suivante, ils offrirent également des Timbres de Noël à leur population, faisant valoir du coup que tout un chacun pouvait faire sa part, non seulement les médecins et les infirmières. À leur grande joie, ils constatèrent que les Suédois et les Norvégiens étaient tout aussi prêts à participer pour lutter contre la tuberculose.

En 1907, l’idée d’Einar Holboell traversa l’Atlantique. Un petit sanatorium près de la rivière Brandywine au Delaware était sur le point de fermer ses portes faute d’une somme de 300 $, et s’apprêtait à déverser ses patients, la plupart très contagieux, au sein de la population. L’idée horrifia les médecins et un deux, Joseph P. Wales, demanda à sa cousine Emily Bissell de trouver les 300 $ nécessaires.

Mlle Bissell trouva une solution. Elle relit un article dans un magazine qui lui avait été envoyé par un ami danois, Jacob Riis, et qui racontait de quelle façon le peuple danois s’était rallié pour combattre la tuberculose en décorant lettres et colis de Noël au moyen de timbres. Mlle Bissell décida de voir si les Américains voudraient bien empêcher la fermeture du sanatorium en achetant des Timbres de Noël.

Un ami artiste dessina le premier timbre – une simple gerbe de houx imprimée en rouge très visible. Deux amies donnèrent chacune 20 $, et l’imprimeur, Charles Storey, décida de faire le travail en espérant que sa facture serait payée.

Ils ne furent pas tous aussi encourageants. Plusieurs officiels hésitaient à associer la fête de Noël à une maladie aussi horrible. Le Service postal ne permit pas à ses employés de vendre les timbres comme on le faisait dans les pays scandinaves.

La campagne démarra lentement et il fut bien vite apparent qu’on ne réussirait pas à recueillir les 300 $ nécessaires pour sauver le sanatorium.

Mlle Bissell se rendit donc à Philadelphie et fit appel à l’éditeur d’un grand quotidien, le North American. Celui-ci refusa même de considérer l’idée. Elle s’en retournait très découragée lorsqu’elle rencontra un jeune journaliste, Leigh Mitchell Hodges, pour lui dire combien elle appréciait sa chronique.

Ce dernier lui demanda la raison de son séjour à Philadelphie. Rapidement, elle lui expliqua son idée, et elle lui montra une feuille de timbres, lui racontant l’histoire de sa croisade pour sauver le sanatorium.

Le jeune chroniqueur étudia les timbres pendant quelques instants. « Attendez, je reviens, » dit-il, et il se précipita dans le bureau de son patron.

Montrant les timbres à son employeur, il lui cria : « Voici la façon de vaincre la tuberculose! »

« Que voulez-vous dire? », lui demanda l’employeur, E.A. Van Valkenburg.

« Regardez-les, à un sou chacun, à la portée de tout le monde. Imaginez comment ils transmettront le message : enrayons la tuberculose! »

Quand il sut toute l’histoire, Van Valkenburg s’écria : « Dites à Mlle Bissell que le North American lui appartient pour la période des Fêtes. Arrêtez tous et consacrez-y tout le temps. Et dites-lui que nous lui vendrons 50 000 timbres. »

Le premier jour que les timbres furent mis en vente, un jeune garçon, juste assez haut pour arriver à la hauteur du comptoir, tendit un sou et dit : « Donnez-moi un timbre, ma sœur en a un. » Et le North American sut alors que les Américains, comme les Danois, les Norvégiens et les Suédois, avaient adopté la campagne du Timbre de Noël.

L’année suivante, la campagne atteignait le Canada, et le quotidien torontois Globe leur vint en aide. Tôt en décembre, on publia un article chaque jour, en première page et entouré d’une guirlande de houx afin que les lecteurs le reconnaissent facilement.

Un jour, on raconta comment les enfants de 58 écoles torontoises avaient vendu dix mille Timbres de Noël. À une autre occasion, on a annoncé qu’un nouveau journal, le Regina Leader, avait permis à son personnel de vendre les timbres et d’envoyer l’argent pour la construction d’un sanatorium à Muskoka. De St-Jean, Nouveau-Brunswick, le révérend G.A. Moore écrivit pour dire comment lui et d’autres bénévoles vendraient 8 500 timbres et enverraient l’argent pour un sanatorium à Toronto.

Une autre fois, le Globe raconta comment Viola Morrison, d’Elmira, donna 25 cents – une somme considérable pour une fillette à cette époque. Cet argent aurait pu lui procurer une gentille poupée ou un gros sac de bonbons.

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