Relâche estivale

Vous avez probablement encore moins de temps à me lire que moi à écrire en ces beaux mois d’été. Je fais donc une pause et je vous reviens le lundi 2 septembre à l’heure matinale habituelle. Bonne pause estivale!

(Je ne dis pas « bonnes vacances » parce que je suis un retraité et qu’un retraité, comme on le sait, n’a ni congés, ni vacances!)

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Le livre est lancé… Cusson refuse l’injonction

Évidemment, le journal Le Carillon en avait parlé dans plusieurs éditions puisque, après tout, son éditeur avait tenté d’en interdire la diffusion. Mais nous avions quand même toujours rapporté les faits, sans intervenir en éditorial. Dans l’édition du 11 juin 1986, nous lisons que « le lancement officiel du livre ‘Une communauté en colère’, qui raconte les péripéties de la grève d’Amoco de 1980, aura lieu mercredi soir prochain aux locaux du Syndicat des Métallos. Les quatre coauteurs, Serge Denis, Carolyn Andrews, Clinton Archibald et Fred Caloren, seront présents au lancement, en compagnie de représentants de la maison d’édition Asticou. » Il y avait tellement de représentants syndicaux parmi les invités que c’était à se demander si le livre des quatre universitaires n’avait pas été écrit sur commande.

Quoi qu’il en soit, le lancement « devait avoir lieu le 12 mai dernier, date de l’anniversaire de la grève d’Amoco, mais l’événement a dû être reporté en raison d’une demande d’injonction pour en cesser la publication déposée par André Paquette, propriétaire éditeur du Carillon, qui s’estime lésé par certaines allégations à son égard contenues dans le livre. Le juge Robert-J. Cusson, de la Cour des comtés, ayant rejeté cette requête en injonction interlocutoire, le lancement du livre a été reporté au 18 juin. » Un paragraphe en page 17 du livre aurait laissé supposer qu’André Paquette aurait joué un rôle dans le choix de l’emplacement pour le nouvel hôtel de ville de Hawkesbury au profit de son journal. Les auteurs avaient allégué qu’il s’agissait d’une interprétation de sa part et que ce n’est pas ça qui était dit. C’est que les auteurs avaient fait référence à la Ligue du réveil civique, un mouvement politique municipal qui avait amené à une transformation majeure du Conseil municipal de Hawkesbury vers la fin des années 60 et à la construction du nouvel hôtel de ville. André Paquette était un des fondateurs de la Ligue. C’était accorder trop d’importance à un livre qui n’aura finalement qu’une faible distribution.

Par contre, le livre n’a jamais été relégué aux oubliettes. En fait, « Une communauté en colère » était un sujet de présentation d’Andréane Gagnon, de l’Université du Québec à Montréal, dans le cadre d’un atelier intitulé « Événements fondateurs » et qui s’inscrivait dans le cadre du colloque « Mémoire et mobilisation dans les communautés francophones » lors du 81e congrès de l’Acfas (l’Association francophone pour le savoir) tenu les 7 et 8 mai 2013. C’est tout récent. La description du thème du colloque commençait comme suit : « Depuis la Déportation des Acadiens jusqu’à l’Affaire Montfort, de nombreux événements ont marqué le devenir des communautés francophones du Canada. » J’ai énormément de difficultés à imaginer la grève d’Amoco comme un événement qui aura marqué positivement la francophonie de Hawkesbury; à mon avis, c’est tout à fait le contraire. Cette grève et sa violence ont nui énormément au progrès futur de la ville, n’en déplaise aux politicologues.

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« Pas moins de 113 citoyens viennent de manifester ouvertement leur opposition au projet de développement de la rue Tupper comme nouvelle voie de transport routier à Hawkesbury. » L’information se retrouve dans le journal du 25 juin 1986. Les signataires invoquaient les arguments habituels du volume de circulation lourde et ainsi de suite. Au Conseil municipal, j’étais de ceux qui favorisaient ce projet. « L’élimination du projet de la rue Tupper porterait un dur coup au développement économique du parc industriel et annulerait, à toutes fins utiles, le projet d’annexion nécessaire pour l’agrandissement du parc industriel et l’attrait de nouvelles industries. Filion est également convaincu que l’accroissement des véhicules lourds ne serait pas si prononcé étant donné que les gros camions se rendent dans le parc industriel et reprennent ensuite la route 17. » La rue Tupper a évidemment été prolongée et est une voie importante dans le parc industriel de Hawkesbury. Le supercentre de distribution des Pharmacies Jean-Coutu y est installé depuis deux ou trois ans.

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Tiens, la question est toujours d’actualité ces temps-ci au Québec. Je parlais souvent d’elle dans ma chronique, comme cette fois dans celle du 25 juin 1986. « Dominique Demers, la fille de Harold Demers, de Hawkesbury, vient de remporter le premier prix international de journalisme d’enquête pour une série d’articles sur l’euthanasie, publiée dans le magazine L’Actualité. Nous sommes particulièrement fiers d’elle, ici au Carillon, étant donné que c’est chez nous qu’elle a amorcé cette carrière journalistique. Les textes de Dominique sont publiés régulièrement dans L’Actualité et Châtelaine, deux publications de MacLean Hunter. »

PPF Norda… une fierté de Vankleek Hill

En fait, c’était quasiment un secret bien gardé de Vankleek Hill. Un de mes oncles y avait travaillé jusqu’à sa retraite… L’usine a fermé ses portes dans les années 90. Je signe un reportage dans l’édition du 14 mai 1986 du journal Le Carillon. « Si ‘PPF’ vous fait penser à ‘pif’, ce n’est pas loin de la vérité. PPF (plus précisément PPF Norda International Inc.) est une industrie de chez nous qui se spécialise justement dans les produits qui feront appel à votre sens olfactif. »

« Cette compagnie d’origine américaine, installée à Vankleek Hill depuis 1943, embauche aujourd’hui une vingtaine d’employés, chacun spécialisé dans un domaine très particulier de la production des essences naturelles et artificielles. Si vous êtes habitués de la fameuse ‘Root Beer’ de la chaîne A&W, dites-vous que cette saveur provient des ateliers de PPF Norda et ce n’est là qu’un seul exemple de toutes les saveurs et odeurs qui nous frôlent familièrement les narines. » Une entreprise de chez-nous propriété de la multinationale Unilever depuis 1985. L’usine de Vankleek Hill produisait les ingrédients (épices, oléorésines, saveurs artificielles, vanille, etc.) qui composaient une variété de « produits alimentaires, hygiéniques ou même esthétiques ». Ce n’était pas rien.

« Sur les tablettes des épiceries, vous retrouverez leurs épices sous étiquettes Brooke Bond et vous les goûterez dans les délicieux gâteaux Sara Lee. C’est également Unilever qui fournit les essences pour les détergents Sunlight Liquid et All, ainsi que pour les pâtes dentifrices Close-Up et Aim. » Ce n’était pas tout. « PPF est d’ailleurs la seule entreprise au Canada à fabriquer ce que l’on appelle les ‘oléorésines’ vendues à l’industrie de l’alimentation pour utilisation dans les saucissons, la chapelure pour poulets, des viandes transformées et autres produits du genre. Les oléorésines sont produites en filtrant un solvant avec des épices et une fois que le solvant s’évapore par ébullition, il ne reste que ces oléorésines. »

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Roberta Bondar était alors la seule femme parmi le groupe de six astronautes canadiens et elle n’était pas encore allée dans l’espace. Le 22 mai 1986, elle rendait visite aux élèves de 7e et 8e année de l’école de St-Isidore-de- Prescott afin de leur parler de son métier plutôt inhabituel. Les jeunes l’avaient évidemment bombardé de questions. Le reportage sur sa visite était dans le journal du 28 mai 1986.

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« La première femme à présider aux destinées de la Chambre de commerce de Hawkesbury, Nicole Desjardins, refuse d’insister sur ce fait, mais voudrait tout simplement que l’on parle d’elle comme n’importe quel membre du regroupement qui aurait été élu à la présidence. » Dans une entrevue reproduite dans le journal du 4 juin 1986, Nicole Desjardins « s’est par ailleurs dite sûre d’obtenir l’appui de la majorité des membres, qui sont en fait des hommes ». Mais la glace était brisée et la porte était ouverte. Il y avait aussi une deuxième femme au conseil d’administration, Jocelyne Tanguay.

De grands noms de l’histoire de Hawkesbury

Une section publicitaire de 12 pages dans Le Carillon du 7 mai 1986 a retenu mon attention. La promotion, comme on la nommait dans le jargon du journal, reconnaissait le 40e anniversaire du club Richelieu de Hawkesbury, le deuxième club de cette organisation internationale à voir le jour. Ce cahier promotionnel est un véritable bottin de personnalités qui ont marqué Hawkesbury et la région au fil des années. Les plus aînés se souviendront d’eux alors que les « jeunes » de ma génération en auront amplement entendu parler. Plusieurs sont décédés, mais les autres sont toujours là.

Le président fondateur était le Dr Arcade Perrier. Toutes les personnes suivantes ont été présidents à un certain moment : Wilfrid Lafrenière, Noël Berthiaume, Gérard Chénier, Jean-Louis Cloutier, Royal Comtois, le Dr Charles-Émile Lafrance, Omer Chartrand, A.A. Préfontaine, Alex Séguin, Roch Lalande, Germain Tessier, Ray Champagne, Kurt Hungerbuehler, Albert Lacroix, Robert Cusson, Vincent Patenaude, Gérard Millette, Fernand Lortie, René Cuerrier, Marcel Laviolette, André Desjardins, Raymond Parisien, Michel Parisien, Marcel Massé, Rolland Brisebois, René L’Écuyer, Yvon Lahaie, Henri Proulx, Jean-Claude Laniel et Henri Larocque. Il s’agissait de médecins, d’avocats, de juges, de professionnels, de commerçants et d’éducateurs. Au cours de ma carrière au journal, je les ai tous connus.

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L’ACFO Prescott-Russell avait été fière d’annoncer la nouvelle. La station radiophonique « CHPR de Hawkesbury deviendra affiliée au réseau de Radio-Canada ». L’article est dans le journal du 14 mai 1986. Je ne suis pas sûr, mais je me demande si le directeur de CHPR, Robert Prévost, ne serait pas éventuellement entendu sur les ondes du réseau national de Radio-Canada pour qui il travaillera alors. Je me demande si c’est lui qui réalisait le segment de nouvelles rurales en début de soirée sur les ondes de la Première chaîne.

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C’était plutôt simple comme idée… garder l’argent loin des clients et, donc, des voleurs potentiels. Quant à la Caisse populaire de Hawkesbury, elle présentait l’initiative comme un moyen d’améliorer l’efficacité et le service à la clientèle. Quoi qu’il en soit, comme l’explique l’article du 14 mai 1986, « la Caisse populaire de Hawkesbury est devenue la première en Ontario à utiliser un système pneumatique pour son concept de caisse unique » dans ses nouvelles installations. La préposée au guichet s’occupait de votre transaction; si c’était un dépôt, elle envoyait votre argent et votre formulaire dans une capsule vers une caisse centrale, et pour un retrait, c’était le contraire. « Cette caisse unique est en somme une voûte vitrée, blindée et aérée par un système de ventilation. » Le concept existait ailleurs depuis une dizaine d’années.

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Le service était encore à ses premiers pas et nous voyons une publicité des Entreprises Bélanger dans le journal du 14 mai 1986. Cette entreprise de Pointe-Fortune et Chute-à-Blondeau se spécialisait dans l’installation des systèmes de télévision par satellite. Une certaine génération se souviendra de ces antennes géantes dans les cours arrière. À ne pas confondre avec les petites antennes d’aujourd’hui sur les toits ou les balcons. Le progrès!

Une loi-cadre… un grand mot incomplet

C’était encore une fois une étape importante dans la reconnaissance des Franco-Ontariens, cette fois sous la forme d’une loi. « C’est un moment historique dans l’évolution des droits et des lois favorables pour les francophones en Ontario. » La déclaration provenait du président de l’Association canadienne-française de l’Ontario, Serge Plouffe, et elle était en réaction au « dépôt par le ministre responsable des Affaires francophones, Bernard Grandmaître, du projet de loi-cadre sur les services en français » en Ontario. Plouffe avait rappelé que « tous les Franco-Ontariens et les Franco-Ontariennes reçoivent la garantie des droits à un service en français des ministères provinciaux dans les zones désignées, ce qui rejoint 95 % de la population francophone ». La bonne nouvelle se retrouvait dans Le Carillon du 7 mai 1986. Les différents gouvernements ontariens qui s’étaient succédé depuis 1968 en rajoutaient toujours un peu plus en matière de droits pour les Franco-Ontariens et cette loi-cadre des libéraux marquait « un tournant important dans la vie de notre communauté ». Les autres mesures étaient venues des gouvernements conservateurs précédents. L’étape importante suivante, l’enchâssement de pleins droits dans la Constitution canadienne, ne s’est toujours pas matérialisée en Ontario. (Note du blogueur : Ce billet se retrouve dans mon blogue un 1er juillet… par pure coïncidence.)

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Décidément, 1986 avait vu la disparition de plusieurs personnalités dans la région. Cette fois, comme on peut le lire dans le journal du 7 mai 1986, « Hawkesbury vient de perdre un autre de ses citoyens des plus dévoués et sympathiques. Royal Comtois, ex-directeur de l’école secondaire, ex-surintendant du Conseil d’éducation, est décédé entouré de ses grands amis et confrères et consœurs en éducation. Il venait d’avoir 70 ans en mars et certains troubles cardiaques l’avaient sensiblement ralenti au cours des récentes années. Cela ne l’empêchait pas de se consacrer à sa communauté: les déficients mentaux, par exemple, et l’administration de l’hôpital. » M. Comtois était « mort doucement assis à sa table, entouré de son épouse, Rhéa, et de quelques-uns de ses meilleurs amis. Il participait à la soirée annuelle du club quart de siècle du Conseil d’éducation de Prescott-Russell. » Royal Comtois avait également enseigné et été directeur à Embrun dans les années 50. Il était à la retraite depuis une dizaine d’années.

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Je n’avais pas sollicité un troisième mandat à la présidence de l’Association du hockey mineur de Hawkesbury parce que j’étais maintenant conseiller municipal et les deux tâches auraient été beaucoup trop lourdes. À l’assemblée annuelle de l’AHMH, c’est Jean-Guy « Horace » Cyr, celui que j’avais délogé deux ans plus tôt, qui reprend la barre de l’organisme. À peu près tous les membres de mon conseil de direction n’avaient pas voulu solliciter un autre mandat eux non plus. La nouvelle dans le journal du 7 mai 1986. Gérer le hockey mineur n’était pas une tâche facile parce que les parents ont souvent des réactions complexes, surtout ceux (et beaucoup, celles) qui croient mordicus que leur jeune garçon sera forcément une future vedette de la Ligue nationale. Je tiens pour acquis que c’est toujours comme ça… ou presque.

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Pas moins de 65 personnes de Hawkesbury et la région y travaillaient parce que l’usine n’était pas si loin que ça. Mais dans le journal du 7 mai 1986, nous lisons que les pressions s’intensifient dans le secteur Argenteuil, Deux-Montagnes et Terrebonne pour empêcher la « fermeture imminente de l’usine de la General Motors à Boisbriand (Ste-Thérèse) ». Les gens perdaient leur temps et GM fermerait ses portes peu de temps plus tard. J’avais soulevé le fait que les arguments soulevés par GM et les faux espoirs me rappelaient ce qui avait précédé la fermeture de la CIP à Hawkesbury quatre ans plus tôt. Cette fois, je commentais à titre de conseiller municipal.