Le livre est lancé… Cusson refuse l’injonction

Évidemment, le journal Le Carillon en avait parlé dans plusieurs éditions puisque, après tout, son éditeur avait tenté d’en interdire la diffusion. Mais nous avions quand même toujours rapporté les faits, sans intervenir en éditorial. Dans l’édition du 11 juin 1986, nous lisons que « le lancement officiel du livre ‘Une communauté en colère’, qui raconte les péripéties de la grève d’Amoco de 1980, aura lieu mercredi soir prochain aux locaux du Syndicat des Métallos. Les quatre coauteurs, Serge Denis, Carolyn Andrews, Clinton Archibald et Fred Caloren, seront présents au lancement, en compagnie de représentants de la maison d’édition Asticou. » Il y avait tellement de représentants syndicaux parmi les invités que c’était à se demander si le livre des quatre universitaires n’avait pas été écrit sur commande.

Quoi qu’il en soit, le lancement « devait avoir lieu le 12 mai dernier, date de l’anniversaire de la grève d’Amoco, mais l’événement a dû être reporté en raison d’une demande d’injonction pour en cesser la publication déposée par André Paquette, propriétaire éditeur du Carillon, qui s’estime lésé par certaines allégations à son égard contenues dans le livre. Le juge Robert-J. Cusson, de la Cour des comtés, ayant rejeté cette requête en injonction interlocutoire, le lancement du livre a été reporté au 18 juin. » Un paragraphe en page 17 du livre aurait laissé supposer qu’André Paquette aurait joué un rôle dans le choix de l’emplacement pour le nouvel hôtel de ville de Hawkesbury au profit de son journal. Les auteurs avaient allégué qu’il s’agissait d’une interprétation de sa part et que ce n’est pas ça qui était dit. C’est que les auteurs avaient fait référence à la Ligue du réveil civique, un mouvement politique municipal qui avait amené à une transformation majeure du Conseil municipal de Hawkesbury vers la fin des années 60 et à la construction du nouvel hôtel de ville. André Paquette était un des fondateurs de la Ligue. C’était accorder trop d’importance à un livre qui n’aura finalement qu’une faible distribution.

Par contre, le livre n’a jamais été relégué aux oubliettes. En fait, « Une communauté en colère » était un sujet de présentation d’Andréane Gagnon, de l’Université du Québec à Montréal, dans le cadre d’un atelier intitulé « Événements fondateurs » et qui s’inscrivait dans le cadre du colloque « Mémoire et mobilisation dans les communautés francophones » lors du 81e congrès de l’Acfas (l’Association francophone pour le savoir) tenu les 7 et 8 mai 2013. C’est tout récent. La description du thème du colloque commençait comme suit : « Depuis la Déportation des Acadiens jusqu’à l’Affaire Montfort, de nombreux événements ont marqué le devenir des communautés francophones du Canada. » J’ai énormément de difficultés à imaginer la grève d’Amoco comme un événement qui aura marqué positivement la francophonie de Hawkesbury; à mon avis, c’est tout à fait le contraire. Cette grève et sa violence ont nui énormément au progrès futur de la ville, n’en déplaise aux politicologues.

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« Pas moins de 113 citoyens viennent de manifester ouvertement leur opposition au projet de développement de la rue Tupper comme nouvelle voie de transport routier à Hawkesbury. » L’information se retrouve dans le journal du 25 juin 1986. Les signataires invoquaient les arguments habituels du volume de circulation lourde et ainsi de suite. Au Conseil municipal, j’étais de ceux qui favorisaient ce projet. « L’élimination du projet de la rue Tupper porterait un dur coup au développement économique du parc industriel et annulerait, à toutes fins utiles, le projet d’annexion nécessaire pour l’agrandissement du parc industriel et l’attrait de nouvelles industries. Filion est également convaincu que l’accroissement des véhicules lourds ne serait pas si prononcé étant donné que les gros camions se rendent dans le parc industriel et reprennent ensuite la route 17. » La rue Tupper a évidemment été prolongée et est une voie importante dans le parc industriel de Hawkesbury. Le supercentre de distribution des Pharmacies Jean-Coutu y est installé depuis deux ou trois ans.

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Tiens, la question est toujours d’actualité ces temps-ci au Québec. Je parlais souvent d’elle dans ma chronique, comme cette fois dans celle du 25 juin 1986. « Dominique Demers, la fille de Harold Demers, de Hawkesbury, vient de remporter le premier prix international de journalisme d’enquête pour une série d’articles sur l’euthanasie, publiée dans le magazine L’Actualité. Nous sommes particulièrement fiers d’elle, ici au Carillon, étant donné que c’est chez nous qu’elle a amorcé cette carrière journalistique. Les textes de Dominique sont publiés régulièrement dans L’Actualité et Châtelaine, deux publications de MacLean Hunter. »

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