L’événement avait été unique, sans précédent et, à ce que je sache, n’a jamais été répété. « C’est dans une atmosphère de cirque que les 5 300 électeurs inscrits se sont massés dans l’enceinte du complexe sportif de Hawkesbury. Ballons, macarons, pancartes de toutes sortes, chapeaux, banderoles, rubans… il ne manquait pas grand-chose pour que l’on puisse se penser à un congrès de leadership quelconque. Ce n’est qu’à 3 heures ce matin, les yeux pleins de fumée, l’estomac rempli de quelques boissons, l’esprit souhaitant le sommeil que le président Pierre Aubry annonçait les résultats tant attendus, mais pas avant que les partisans du député provincial Don Boudria eurent appris et fait circuler la grande nouvelle : Boudria devenait, à toutes fins utiles, le successeur de Denis Ethier aux Communes. » Je présente cette analyse dans le journal Le Carillon du 1er août 1984. Au journal, nous avions tout mis en branle pour produire le journal du mercredi avec toute l’information sur le congrès de la veille… Mon équipe et celle de l’imprimerie n’avaient presque pas dormi cette nuit-là. Nous n’avions pas eu le choix, sinon tous les quotidiens auraient eu la nouvelle une semaine avant nos lecteurs. Boudria avait été préféré à des candidats de taille : Jean-Marc Lalonde (dont ce serait le tour quelques années plus tard, mais au provincial), Jean-Paul Touchette, Gerry Lalonde, André Tessier et Philibert Proulx. Ces deux derniers avaient été éliminés dès le premier tour. Au milieu de la nuit, Boudria avait remporté la course avec 1613 votes, seulement 17 de plus qu’au premier tour, alors que Lalonde en avait récolté 1540, 614 de plus qu’au premier tour. C’est donc Lalonde qui avait rallié le plus de votes des autres candidats. Boudria l’avait échappé belle, mais sa pluralité de 73 votes suffisait.
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Jean-Marc Lalonde n’aura pas apprécié sa défaite pour autant. Dans le journal de la semaine suivante, celui du 8 août 1984, les lecteurs apprennent que Lalonde, pendant quelques instants, avait décidé de poser sa candidature comme candidat indépendant. Il avait d’ailleurs déposé officiellement sa candidature auprès du directeur des élections dans Glengarry-Prescott-Russell, mais l’avait retiré quasiment aussitôt. Il avait voulu sans doute effrayer les libéraux un peu. En fin de compte, l’élection du 4 septembre se ferait entre Don Boudria, le progressiste-conservateur John Stante et la néo-démocrate Annemarie Collard.
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C’est un nom que j’avais oublié, mais le journal y consacre deux pages dans son édition du 15 août 1984. « C’est un vibrant message d’espoir que Stephen Fonyo, le jeune unijambiste qui a entrepris de traverser le Canada sur les traces de Terry Fox, laisse partout sur son passage. Le jeune homme de 19 ans, qui a perdu sa jambe gauche au cancer à l’âge de 12 ans, a entrepris sa ‘marche de la vie’ il y a de cela plusieurs mois, pour justement démontrer que le cancer est une maladie qui peut être vaincue et, de cette victoire, il est la preuve incontestable ». Son arrivée en Ontario par la 417, à la hauteur de Pointe-Fortune, avait créé un embouteillage. J’avoue ne pas me souvenir de cette campagne du jeune Fonyo.
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Un entrefilet dans ma chronique du 15 août 1984 : « Si vous vous rendez au Centre d’Emploi Canada vous risquez de rencontrer de drôles d’emplois ou tout au moins de drôles de traduction. Récemment, selon ‘Le Rempart’ de Windsor, on notait une offre d’emploi pour un ‘nettoyeur d’aveugles de Venise’ et pour une ‘piscine de secrétaire’. Vous aurez deviné qu’il s’agit d’un ‘Venetian blind cleaner’ et d’un ‘secretarial pool’… pas tout à fait la même chose. »