Les gouvernements tant ontarien que fédéral se pétaient les bretelles sur le 200e anniversaire de l’Ontario, mais le Conseil des écoles catholiques de Prescott-Russell voyait les choses d’un autre œil. Comme le rapportait Le Carillon du 28 mars 1984, « par principe, le CECPR a tourné le dos à une subvention de 40 000 $ du Secrétariat d’État » pour aider à défrayer les coûts des célébrations. « En refusant la subvention, le CECPR a voulu démontrer son opposition à la décision du gouvernement ontarien de considérer l’année 1984 comme le bicentenaire de la fondation de l’Ontario. Le CECPR, à l’instar de plusieurs autres individus et organismes en Ontario, considère que l’année 1984 marque plutôt le 200e anniversaire de l’implantation loyaliste en Ontario. » Le gouvernement ontarien avait quand même célébré un tel bicentenaire… dans la controverse à plusieurs endroits. Je ne me souviens pas de beaucoup d’activités en ce sens dans les comtés unis de Prescott et Russell.
* * *
Aujourd’hui, les références du fameux Règlement XVII refont surface de temps à autre. Une chronique historique de la Société des écrivains canadiens en parlaient dans le journal du 11 avril 1984. Ce n’est qu’un résumé parce que l’histoire du Règlement XVII (qui remonte maintenant à 101 ans) a rempli plusieurs livres et documents au fil des années. Et c’est tout un contraste avec ma référence d’avant-hier à l’école St-Joseph de Russell.
« L’Ontario a été et continue d’être le théâtre de luttes scolaires les plus acerbes. Au nord, au sud et à l’est, partout les revendications des Franco-Ontariens portent sur l’éducation dans leur langue.
La bataille la plus épique demeure sans contredit celle qui a suivi l’imposition du désormais célèbre et inique Règlement XVII. La hache tombe sur le cou des francophones le 13 avril 1912 alors que le premier ministre Whitney expose à l’Assemblée législative la politique de son gouvernement : ‘L’enseignement en anglais devra commencer dès l’entrée d’un enfant à l’école, l’usage du français langue d’instruction et de communication variant selon les circonstances locales (…) mais ne devant en aucun cas se poursuivre au-delà de la première année.’
Dans le cas des élèves francophones qui ne comprenaient pas l’anglais, on instituait un cours spécial en anglais. L’étude du français était autorisée, pour l’année 1912-1913, que pour les élèves dont les parents en faisaient la demande explicite… et jamais plus d’une heure par jour. Les écoles offrant un tel programme étaient soumises au double inspectorat, francophone et anglophone.
La résistance fut grande partout à travers la province, depuis l’école Guigues d’Ottawa jusqu’à Pain Court. Le Règlement XVII fut retiré en 1927. »
Il aura quand même tristement survécu pendant 15 ans… l’équivalent d’une génération scolaire.
* * *
Tiens, tant qu’à parler de Loyalistes et de langue, un article du 18 avril 1984 se réfère aux efforts du député provincial libéral Don Boudria, à Queen’s Park, alors qu’il « a demandé au gouvernement Davis de faire en sorte que la reconnaissance officielle de la langue française en Ontario soit incluse dans la Constitution canadienne. Ce n’était pas la première fois qu’il le faisait. Dans son discours d’une heure en réponse au Discours du trône, Boudria « a rappelé la vieille affirmation voulant que les anglophones refusaient de se souvenir de l’histoire alors que les francophones refusaient de l’oublier ». Et il avait ajouté que « s’enrichir d’une autre culture ne nous appauvrit pas; ça nous enrichit ».