Je ne suis pas le seul à être mécontent. Le conseiller Claude Drouin, de Hawkesbury, et organisateur libéral émérite dans Prescott-Russell, n’est pas content lui non plus. « La province n’est pas un club ferme pour le fédéral » déclare-t-il en remettant sa démission comme président de l’Association libérale provinciale de Prescott-Russell. La nouvelle fait la une du journal Le Carillon du 18 juillet 1984. Drouin réagissait à la « décision du député provincial Don Boudria de viser la relève du député fédéral Denis Ethier ». Drouin avait été aussi insulté d’avoir appris la nouvelle par la presse au lieu de Boudria lui-même. Claude Drouin était aussi coordonnateur de la campagne fédérale dans Glengarry-Prescott-Russell.
En éditorial, je pose la question : « La dernière campagne électorale provinciale aura-t-elle été, en fin de compte, qu’un succès passager, le temps de permettre à ‘monsieur’ Boudria de s’en servir comme tremplin pour le fédéral? » J’ajoute que « ce qui compte, trois ans et demi plus tard, c’est que le député Boudria s’est taillé une solide réputation à Queen’s Park et le fait qu’il ait été dans l’opposition y a largement contribué. Dans un parti au pouvoir, Boudria aurait été un simple député d’arrière-ban, sans éclat. Ce qu’il risque d’ailleurs de devenir si jamais il était élu au fédéral et qu’il faisait partie du cabinet d’un John Turner. Il ne faut pas se créer d’illusions, le député Boudria ne serait qu’un ‘backbencher’, ni plus, ni moins. »
Après avoir rappelé les grandes lignes de la justification que faisait Boudria de sa décision controversée, je concluais qu’il « est difficile d’imaginer des partisans libéraux convaincus choisir pour le fédéral un député qui, finalement, les aura abandonnés au provincial, là où il les représentait si glorieusement. Sans oublier que M. Boudria était rapidement devenu un porte-parole de taille pour la communauté francophone de tout l’Ontario et non seulement de Prescott-Russell. M. Boudria aura du mal à se le faire pardonner. » Boudria avait senti qu’il perdait mon appui et m’avait invité à un tête-à-tête au restaurant Le Vieux Château afin de me convaincre du bien-fondé de sa décision. Je n’avais pas été convaincu pleinement, mais disons que j’avais mieux compris. Quoi qu’il en soit, et j’y reviendrai, de l’Opposition à Queen’s Park, il aboutira dans l’Opposition aux Communes. Je crois, encore aujourd’hui, que c’est à Queen’s Park qu’il nous a fait le meilleur travail.
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Le Conseil des comtés unis de Prescott-Russell était même prêt à céder un terrain dans la Forêt Larose pour que le projet se concrétise. Il s’agissait de l’établissement d’un « parc zoologique similaire à celui d’Hemmingford, au Québec, à la condition d’obtenir du terrain à bon compte, et avec la garantie qu’il n’y aurait pas d’autre installation semblable dans la région de la Capitale nationale ». Il en est question dans le journal du 25 juillet 1984. L’idée avait déjà été proposée, mais avait été abandonnée à cause de diverses circonstances, dont « un rapport démontrant la non-rentabilité du Rang du fermier ».
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Alain Boucher, qui avait obtenu plus de 1800 votes à la dernière élection municipale, est choisi pour remplacer le conseiller démissionnaire Claude Demers à la table du Conseil municipal de Hawkesbury. « M. Boucher avait été choisi pour remplacer le conseiller démissionnaire Claude Demers parce qu’il a démontré de l’intérêt dans le poste. (Le maire Laurent) Cayen a précisé que le nouveau conseiller avait par deux fois posé sa candidature à des élections municipales et qu’il avait répondu, par écrit, à un appel du conseil municipal afin de dénicher un remplaçant ». Un peu plus tard, je siégerai au Conseil en même temps qu’Alain, un type que j’aimais bien.