Je revois la scène au Conseil municipal de Hawkesbury ce soir du 28 mai 1984 et à laquelle je me réfère deux jours plus tard dans mon éditorial du journal Le Carillon. « Ce sont des cris de désespoir qu’a lancés le conseiller Claude Demers à la table du Conseil, mais il ne faisait que servir d’écho à un large secteur de la population locale, victime plus que d’autres de la fermeture de la CIP en décembre 1982. » Comme je l’explique, « le climat était pathétique » lorsque Demers avait lancé : « J’ai besoin de vivre, je veux travailler. » Et il sollicitait un emploi auprès de la ville de Hawkesbury. « Personne n’ose parler; on n’écrase pas un homme étendu par terre. » Mais je ne pouvais m’empêcher de rappeler qui il était, ou plutôt qui il avait été quand tout allait bien, « il est difficile de demeurer impassible devant cet homme bien particulier, lui qui n’a jamais hésité à écraser, à critiquer, à réprimander, à vilipender. Lui qui a intenté des poursuites pour conflit d’intérêts et qui n’hésite pas aujourd’hui, devant la nécessité de vivre, l’obligation de survivre, à se placer dans des situations, qui sans être illégales, frisent l’immoralité politique. (…) Personne, parmi ses confrères, n’a tenté de profiter de la situation. Au contraire. Les membres du Conseil risquent gros, en ces temps de rareté d’emploi, à accepter que le choix d’employés, ne serait-ce qu’à temps partiel, se fasse sans passer par des offres publiques. » Je rappelais qu’un « seul poste de concierge au Conseil des comtés unis, par exemple, vient d’obtenir 84 candidatures ». Demers n’était pas le seul à avoir besoin de vivre. Il ne faut pas oublier que ça passait dans le contexte de l’après-CIP, très difficile à Hawkesbury et la région moins de deux ans plus tard. Je note aussi que personne n’avait réagi, par lettre, à mon éditorial un peu sévère à l’endroit de Demers.
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Le député fédéral Denis Ethier s’était empressé de souligner l’événement historique, comme Le Carillon y faisait référence dans l’édition du 16 mai 1984. Il s’agissait de « l’intronisation du 23e gouverneur général, Madame Jeanne Sauvé. C’était là un moment d’autant plus exceptionnel puisque c’est la première fois qu’une femme fait son entrée à Rideau Hall. » Ce ne serait pas la dernière puisqu’il y aurait Adrienne Clarkson et Michaëlle Jean après elle. Jeanne Sauvé, une ex-journaliste née en Saskatchewan, avait été élue députée de Laval-des-Rapides en 1972. Elle avait été titulaire de quelques ministères avant de devenir la présidente de la Chambre des communes en 1980.
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Le conseil d’administration de l’Hôpital général de Hawkesbury aurait pu se passer de cette nouvelle à quelques jours du déménagement dans ses nouveaux locaux modernes. « Le directeur général de l’Hôpital général de Hawkesbury et la région depuis janvier 1983, M. John McLaughlin, a remis sa démission au conseil d’administration de l’hôpital mercredi soir, à cinq jours du grand déménagement. » La nouvelle était publiée dans le journal du 30 mai 1984 en même temps que celle racontait le déménagement « sans problème, sans anicroche ». McLaughlin avait accepté un « poste de vice-président dans une firme touchant les soins médicaux à Toronto ».
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L’église St-Joseph d’Orléans était bondée en ce samedi 26 mai 1984. C’est que le diacre Michel Pommainville, un gars de Limoges, était ordonné prêtre par Mgr Joseph-Aurèle Plourde. Le nouveau prêtre célébrait sa première messe dominicale en l’église de Limoges le lendemain. Michel Pommainville était le fils de Raymond Pommainville et de Florence Gibeault et était né à Limoges le 23 avril 1953. L’article était dans le journal du 30 mai 1984.
Ah! Claude Demers. S’il n’avait existé, il aurait fallu l’inventer