Il était là en même temps que le caporal dément

Comme il l’avait dit lui-même, il ne pouvait être « au pire endroit au pire moment ». James Waite, un enseignant de Gloucester originaire de Hawkesbury (le fils de Wally et Wanda Waite), visitait l’édifice du parlement de Québec avec sa classe de sixième année « lorsque le soldat dément a ouvert le feu dans cette enceinte ». Il était évidemment question du caporal Denis Lortie, des trois personnes qu’il avait tuées (Camille Lepage, Georges Boyer et Roger Lefrançois) et de la douzaine qu’il avait blessées. James (que je connais depuis sa jeunesse) visitait le parlement « avec son groupe d’élèves lorsque le tireur a fait irruption ». Il avait expliqué au journal que « mêmes les enseignants ne connaissaient pas toute la gravité de l’incident. D’ailleurs, les enfants ont continué à visiter le parlement alors même que le tireur s’y trouvait encore. » Sans doute que Lortie était en train de parler au sergent d’armes René Jalbert, celui qui avait réussi finalement à « contrôler » le tueur.

« Depuis l’incident, M. Waite assure avoir déjà raconté son aventure une centaine de fois. ‘Nous avons commencé à être harcelés par des journalistes dès l’après-midi de la tragédie. Nous avons encore été sollicités pour des entrevues à notre arrivée à Ottawa. De plus, tous les gens m’ont demandé de leur raconter l’incident. J’en reviens toujours à me dire que c’est une bien rare coïncidence que d’être au pire endroit au monde au pire moment de la journée.’ » Nous avions raconté ses aventures dans le journal Le Carillon du 16 mai 1984. Le plus jeune frère de James, Steven, allait devenir plus tard le chef des détachements de Russell puis de Hawkesbury de la Sûreté de l’Ontario.

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Je le revois encore dans mes souvenirs de mon arrivée au journal Le Carillon et on parle de lui dans l’édition du 9 mai 1984. « Celui qui fut le premier employé régulier du Carillon et qui devait ensuite y œuvrer pendant quelques 28 années est décédé, lundi, des suites d’une longue maladie. Bernard Danis avait 54 ans. Né un 15 février, fils d’Albert Danis, Bernard avait eu son premier emploi à la ferronnerie de Zéphirin Bourcier, à Hawkesbury. » Il avait commencé au journal alors que la publication n’avait que quatre ans à peine. Il avait touché à tout: abonnements, nouvelle, publicité. Il était devenu « directeur du journal en avril 1957, au moment où André Paquette achète l’Imprimerie Prescott et Russell à Plantagenet ». Avant de quitter, en mars 1978, il n’était plus le directeur; on lui avait donné un autre titre que j’oublie. Il m’avait confié qu’il ne se sentait plus chez lui au journal et qu’il devait quitter. Il m’avait averti de garder les yeux ouverts. Ce que j’avais toujours fait. Il n’en reste pas moins que son nom est à jamais associé aux belles années de succès du journal Le Carillon. Et il avait été très actif au sein de la Jeune chambre de commerce et avait été un des fondateurs du club Optimiste.

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« Les journalistes de langue française de l’Ontario se sont dotés, en fin de semaine, d’une association professionnelle (…) le Regroupement ontarien des journalistes de langue française. » Il en est question dans le journal du 16 mai 1984. « La moitié environ des 150 journalistes qui travaillent en français dans la province font déjà partie du regroupement. Ils se retrouvent dans les quatre stations ontariennes de Radio-Canada, au quotidien Le Droit d’Ottawa, dans une dizaine d’hebdomadaires régionaux, dans quelques stations de radio privées, dans des revues spécialisées et dans les médias étudiants. » La plupart des membres du conseil d’administration étaient de Radio-Canada, dont la présidente, la journaliste Marie-Élisabeth Brunet, de Radio-Canada Toronto. J’en faisais partie bien sûr. Je ne sais pas si ce Regroupement existe encore.

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