Aussitôt élus, aussitôt on se vote une augmentation

Ç’aurait été mal vu que les élus municipaux siégeant au Conseil des comtés unis de Prescott-Russell se votent une augmentation salariale juste avant les élections du 10 novembre. La résolution avait alors été reportée à plus tard. Ce plus tard n’a pas tardé. Comme le rapporte Le Carillon du 29 novembre 1980, cette même résolution « a été adoptée par la majorité des membres lors de la réunion mensuelle de novembre, accordant une augmentation de 20% aux membres du Conseil et de 3,77% au salaire du président. (…) Au moment de l’adoption du règlement, le président du Conseil, le maire de Russell Gaston Patenaude a tenu à préciser que cette augmentation de 20% était accordée après quatre ans aux membres et qu’elle équivalait à $0,50 par jour. » Personne ne s’en rappellerait lors de l’élection suivante. C’était commun à l’époque, et ce l’est encore sûrement aujourd’hui, que les élus reportent après les (leur) élections toute question d’une rémunération supérieure. Je n’ai jamais vu un électeur s’en plaindre!

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Depuis que les services juridiques étaient offerts de plus en plus fréquemment un peu partout en Ontario, il était inévitable que les avocats francophones se dotent d’une représentation appropriée. « Quelque 200 juristes d’expression française de l’Ontario, réunis à Ottawa du 14 au 16 novembre, ont voté de se constituer en association provinciale » peut-on lire dans le journal du 29 novembre 1980. Les fondateurs avaient décidé que leur groupement se nommerait « L’Association des juristes d’expression française de l’Ontario » et qu’il n’y en aurait pas de traduction. Voilà pour la cohérence. Me Robert Paris, d’Ottawa, en est devenu le premier président. Me Michel Charbonneau, de Hawkesbury et juge aujourd’hui, faisait partie du conseil d’administration fondateur, ce qui n’avait surpris personne.

Et puisque le débat sur le rapatriement de la Constitution se poursuivait des plus belles, l’Association avait décidé d’intervenir alors plus tôt que plus tard. Les membres, « à deux abstentions près », avaient adopté à la quasi-unanimité la résolution suivante :

« Attendu que les gouvernements du pays étudient présentement une réforme constitutionnelle; attendu que les droits linguistiques au niveau législatif, administratif et judiciaire des Ontariens d’expression française sont en cause; attendu que cette association qui regroupe les juristes d’expression française de l’Ontario se doit de se prononcer immédiatement sur cette question, il est proposé que le conseil d’administration de l’Association présente au Procureur général de l’Ontario, au ministre de la Justice du Canada et au comité spécial mixte du Sénat et de la Chambre des communes sur la Constitution la résolution suivante: ‘Que la Constitution du Canada reconnaisse le statut égal du français et de l’anglais dans la promulgation des lois, dans la procédure parlementaire et dans l’administration de la justice en Ontario’. »

La résolution a quand même permis de débattre de la question, mais sans qu’elle soit intégrée dans la Constitution deux ans plus tard.

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Parlant de langue française en Ontario, le Conseil d’éducation des comtés de Stormont, Dundas et Glengarry, fait publier une grande annonce dans le journal du 29 novembre 1980 dans laquelle il fait connaître sa décision quant aux récentes recommandations de la Commission des langues d’enseignement de l’Ontario et qui transformait officiellement, en quelque sorte, l’école secondaire d’Alexandria en institution bilingue. Dans la publicité, le Conseil écrivait ceci :

« Que l’École secondaire régionale Glengarry District High School est une école qui offre des services éducatifs aux étudiants et à la communauté conformément à ce qui suit:

i) L’existence d’une entité de programmation en langue française et d’une entité de programmation en langue anglais avec:
   a) deux co-directeurs qui s’acquittent des fonctions de directeur-coordinateur à tour de rôle;
   b) chefs de section distincts;
   c) personnel et choix de matières distincts.

ii) Une disposition permettant aux élèves de suivre tous leurs cours soit en français ou en anglais, ou pour ceux qui le désirent, de suivre certains cours en français et certains cours en anglais, jusqu’à un maximum de 50%. »

C’est ce qu’on appelait ménager le chou et la chèvre.

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