Au début de 1980 nous étions encore très loin de l’Internet grand public qui n’arriverait qu’une quinzaine d’années plus tard. Cela n’avait pas empêché l’émergence de Télidon le 1e février 1980. Cette initiative du ministère fédéral des Communications et de l’Office de la télécommunication éducative de l’Ontario (TVOntario) était en fait une première mondiale. Le Carillon du 1er mars 1980 expliquait de quoi il s’agissait. « Il s’agit d’une innovation technologique remarquable qui, bientôt, bouleversera nos loisirs, nos modes de communication, notre vie tout entière. Ce système transforme le téléviseur classique en un appareil capable de fournir instantanément et sur commande, toutes sortes de renseignements sous forme de textes et de représentations graphiques. Grâce à Télidon, les abonnés pourront, dans un avenir rapproché, avoir accès à de gigantesques banques d’information, recevoir des messages électroniques, suivre des cours, etc. Les versions ultérieures du Télidon feront du téléviseur un émetteur autant qu’un récepteur d’information: l’usager pourra s’en servir pour enregistrer des messages, traiter des affaires, acquitter des factures, vendre des idées, ou communiquer avec d’autres abonnés. » L’objectif était essentiellement pédagogique et son utilisation devait révolutionner l’enseignement. En 1980, il était plutôt question d’essai du système Télidon. L’ordinateur personnel en est alors à ses premiers balbutiements.
J’avoue ne pas trop m’en souvenir et encore moins de ce qu’il en est advenu. Par contre, j’aurais aimé m’en souvenir au début des années 90 quand, à Postes Canada, un de mes dossiers de relations avec les médias touchait une expérience plutôt similaire, celle du projet UBI en collaboration avec Vidéotron, la Banque Nationale, Hydro-Québec, Loto-Québec, Hearst Corporation. Postes Canada et ses partenaires avaient une vision d’un service très semblable à la description que le journal faisait de Télidon dix ans plus tôt. Évidemment, le World Wide Web allait tout chambarder ces belles intentions.
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Tiens, c’est intéressant de retrouver les noms de ces politiciens très connus à l’époque. Le journal du 5 mars 1980 publiait la liste des noms des membres du nouveau cabinet des ministres que Pierre Elliott Trudeau venait de former au lendemain de sa récente victoire électorale. Jeanne Sauvé, future gouverneure générale, était la présidente de la Chambre des communes. Voici les noms de ces ministres, si ça vous rappelle autant de souvenirs : Pierre Elliott Trudeau, bien sûr, et Allan MacEachern, son bras droit de l’époque et vice-premier ministre. Les autres étaient (par ordre de préséance, comme ils disaient) : Jean-Luc Pépin, Jean Chrétien, John Munro, Bud Olson, Herb Gray, Eugene Whelan, André Ouellet, Daniel MacDonald, Marc Lalonde, Ray Perrault, Roméo LeBlanc (un autre futur gouverneur général), John Roberts, Monique Bégin, Jean-Jacques Blais, Francis Fox, Gilles Lamontagne, Pierre De Bané, Hazen Argue, Gerald Reagan, Mark MacGuigan, Bob Kaplan, Jim Fleming, Bill Romkey, Pierre Bussières, Charles Lapointe, Ed Lumley, Yvon Pinard, Donald Johnson, Lloyd Axworthy, Paul Cosgrove et Judy Erola. J’ai eu l’occasion de rencontrer l’un ou l’autre lorsqu’ils se rendaient dans Glengarry-Prescott-Russell. Et bien sûr, 20 ans plus tard, André Ouellet serait mon grand patron à Postes Canada.
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« Amoco Fabrics – Les négociations sont dans une impasse » et « le recours à la grève n’est pas écarté » peut-on lire dans le journal du 12 mars 1980. Signe avant-coureur de ce qui s’en venait à cette usine locale. Triste chapitre à suivre.