Les villes où j’ai vécu : Québec (deuxième suite)

Depuis sa naissance, Alain a habité dans une dizaine de villes différentes, dont certaines à plus d’une reprise. Bien sûr, ses souvenirs et ses impressions de chacun de ces endroits où il a vécu sont relatifs à l’âge qu’il avait à l’époque et aux activités auxquelles il s’était livré… ainsi que des souvenirs qu’il en a gardés. Voici donc le quatorzième article de cette série… qui concerne Québec où il est arrivé en avril 1984 et où il est demeuré trois années… Vous pourrez revoir tous les articles précédents de cette série dans l’onglet « Les villes où j’ai vécu » sous la subdivision « Mes catégories ». Bonne lecture.

par Alain Guilbert

Je ne peux raconter mon séjour à Québec sans vous signaler quelques anecdotes survenues à cette époque.

Commençons par ma rencontre avec l’un des personnages les plus célèbres de Québec (et du Québec), Marcel Aubut… Avant de quitter Granby, j’avais fait de nombreuses démarches afin de pouvoir transmettre sur les ondes de CHEF-radio les matches de hockey du Canadien. CHEF diffusait depuis déjà très longtemps le baseball des Expos (d’autant plus que l’une des « voix » de « nos amours » était Jacques Doucet, un authentique citoyen de Granby). Il me semblait logique d’y ajouter le hockey. Mais il y avait un problème… le fait que le Canadien avait accordé l’exclusivité de ses matches à la radio à une station de Montréal et personne d’autre ne pouvait en faire la diffusion dans un rayon de 50 milles.

La distance entre Granby et Montréal était justement de 50 milles…plus ou moins… selon qu’on mesurait en ligne droite entre les limites des deux villes ou à partir des tours de diffusion des stations concernées. Je croyais pouvoir gagner mon point jusqu’au jour où j’ai reçu un appel de Ronald Corey, alors président du Canadien, qui me demandait de ne pas insister, car cela pourrait lui causer des ennuis avec le diffuseur de Montréal. Il m’avait dit : « J’apprécierais que tu retires ta demande; et si tu le fais, je t’en serai reconnaissant. »

Finalement, CHEF a retiré sa demande… et moi je suis parti pour Québec quelques mois plus tard. À l’automne 1984, à la veille de mon premier hiver dans la Vieille Capitale, le Canadien s’amène à Québec pour y disputer un match à ses « grands rivaux », les Nordiques. Je reçois un appel de Ronald Corey qui m’invite à l’accompagner au Colisée. Bien sûr, j’accepte son invitation… et j’assiste au match en sa compagnie, juste derrière le banc du Canadien.

Tôt le lendemain matin (je crois qu’il n’était pas encore 8 heures), mon téléphone sonne au Soleil… c’est Marcel Aubut en personne qui m’apostrophe : « Qu’est-ce que tu faisais hier soir en compagnie du président du Canadien. Tu es maintenant un ‘ gars ‘ de Québec. Tu n’as pas à te faire voir avec le président du Canadien. Pourquoi tu n’étais pas avec moi? » Ma réponse a été toute simple : « Marcel, je n’étais pas avec toi parce que tu ne m’as jamais invité. Lui l’a fait. » Le bouillant président des Nordiques a compris le message. À la visite suivante du Canadien à Québec, j’étais avec lui derrière le banc des Nordiques… Le photographe du Soleil a même capté une photo (que j’ai encore) où je suis assis directement derrière Michel Goulet et Dale Hunter en plus de Michel Bergeron, qui est en train d’engueuler un arbitre. Et pour dire que Marcel a toujours su faire les choses en grand, il m’a même invité dans le vestiaire après le match, là où j’ai eu l’occasion de serrer la main de tous les joueurs. À partir de ce jour, j’ai entretenu une relation non seulement professionnelle, mais aussi d’amitié avec Marcel.

D’ailleurs, cela me rappelle un autre incident survenu deux années plus tard et impliquant encore une fois Marcel Aubut. Je dois dire que les journalistes du Soleil (du moins, la plupart d’entre eux) n’aimaient pas celui qu’on surnommait « le kid de la Grande Allée ». Ils ne rataient jamais une occasion d’en faire la preuve. Marcel avait décidé de modifier la formule du match annuel des étoiles de la Ligue nationale pour en faire un affrontement de deux matches entre les étoiles de la LNH et l’équipe de l’Union soviétique. Chose certaine, on ne pourra jamais reprocher à Marcel de ne pas avoir exploré des avenues dans lesquelles personne avant lui n’avait osé s’aventurer. Le « Rendez-vous 87 » en est un exemple parfait… surtout qu’il a été un succès sur toute la ligne. (Cet événement a eu lieu en février 1987, il y a tout juste 25 ans.)

Lorsque Marcel a annoncé la nomination de cinq importantes personnalités à titre d’ambassadeurs de son « Rendez-vous », il y avait deux super vedettes, soit Guy Lafleur et Vladislav Tretiak, un homme d’affaires, Lee Iacocca, alors président de Chrysler, le principal commanditaire de l’événement, le maire de Montréal, Jean Drapeau, et Brian Mulroney, alors premier ministre du Canada. Le titre du texte paru le lendemain dans Le Soleil a failli me jeter par terre. Il s’intitulait : « Aucune femme parmi les ambassadeurs du Rendez-vous 87 ». Quand je l’ai vu (le titre), je n’en croyais pas mes yeux… À l’époque (tout comme aujourd’hui), je ne peux pas voir quelle femme aurait pu être associée au hockey professionnel au point d’en être l’ambassadrice. Bien sûr, il était encore bien tôt ce matin-là quand mon téléphone a sonné et que Marcel a exprimé sa déception devant le titre de notre première page. Je n’ai eu d’autre choix que de lui donner raison… C’est sans doute un peu parce que « mes journalistes le détestaient » que « je l’aimais bien ». Probablement ma façon de compenser un peu.

J’ai mentionné dans un texte précédent que les gens de Québec n’avaient pas beaucoup de relations avec ceux qui venaient de l’extérieur, particulièrement ceux qui venaient de Montréal. Dans chaque ville où j’ai vécu, que ce soit Sherbrooke, Granby, St-Hyacinthe ou même Montréal, je me suis toujours senti « chez moi »… sauf à Québec où je me suis toujours senti comme un « étranger ».

Lors de mes années au Comité organisateur des Jeux olympiques de Montréal, j’avais rencontré l’un des plus grands relationnistes du Québec, un homme très important parmi les gens d’affaires de la Vieille Capitale, Pierre Tremblay. Mon patron à l’époque des Jeux, Jean Loiselle, lui-même un expert en relations publiques et en communications, avait retenu les services des meilleurs relationnistes au Québec pour la durée des Jeux, question d’appuyer nos chefs de presse dans les différents lieux de compétition pour faire face aux imprévus ou même aux crises appréhendées. Puisque j’agissais alors comme chef de presse adjoint, je me suis automatiquement retrouvé à tous les endroits « chauds » des Jeux, là où il y avait des problèmes ou des difficultés avec les médias, mais également (et surtout) des compétitions exceptionnelles. Jean Loiselle m’avait donc jumelé avec Pierre Tremblay à cause de son expérience et de sa versatilité. Pierre a passé les Jeux en ma compagnie. Je l’ai entraîné au bassin de natation où chaque compétition a donné lieu à un nouveau record du monde; au Forum où Nadia Comaneci a réécrit le livre de la gymnastique; au Forum encore (plus tard) où nous avons vu boxer les frères Spinks ainsi que l’un des plus grands de l’histoire, Sugar Ray Leonard; au Stade olympique où les Bruce Jenner, Lasse Virén et combien d’autres ont été les rois de l’athlétisme; au Vélodrome où Daniel Morelon et Anton Tkac se sont disputé un sprint d’anthologie; au stade Étienne-Desmarteaux où le grand (et gros) Vasili Alexeiev a fracassé les records du monde d’haltérophilie et combien d’autres endroits encore. Pierre et moi étions devenus « amis à la vie à la mort ».

Quand je suis arrivé à Québec (huit années plus tard), il est venu me saluer au cocktail de bienvenue organisé à mon intention par les dirigeants du Soleil. Par la suite je l’ai croisé à plusieurs reprises lors de mes activités professionnelles. Il a toujours été poli, voire gentil à mon endroit, mais jamais il ne m’a invité au restaurant, ou encore moins chez lui. Je n’étais malheureusement pas un « Québécois pure laine ». Durant mes trois années à Québec, je n’ai eu qu’une seule invitation à prendre le repas dans une maison privée, et cette invitation venait d’un collègue de travail qui était originaire non pas de Québec, mais de Chicoutimi.

J’ai parlé souvent de cette « phobie » des Québécois à l’endroit des non-Québécois. La plupart ont d’abord nié que mon constat reflétait vraiment la réalité… mais quand ils réfléchissaient davantage sur le sujet, surtout lorsque je demandais à des « Québécois pure laine » s’ils avaient déjà invité des « étrangers » à leur domicile, ils étaient tous, sans exception, incapables de se rappeler l’avoir fait même une seule fois. C’est la seule ville que je connaisse au Québec où les gens ont un tel comportement. (J’ai bien d’autres anecdotes à raconter au sujet de Québec et des Québécois; il y aura donc une autre suite à ce texte.)

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Les élections sont passées… profitons-en!

Les élections municipales viennent d’avoir lieu et les nouveaux élus ne seront pas en place avant le début de janvier, ce qui n’empêche pas les membres sortants du Conseil des comtés unis de Prescott-Russell d’approuver une majoration de leur rémunération. Dans une proportion de 15 contre trois, le Conseil adopte une nouvelle rémunération de 4 000 $ pour les membres et 10 000 $ pour le président. Évidemment, la recommandation devra être revue par la Commission de lutte contre l’inflation. Jusque-là, les membres touchaient 99 $ par séance du Conseil (il y en avait 14 par année) et 66 $ par réunion de comité (et ça il y en avait beaucoup). À tout événement, cela équivalait à une hausse de 185 p. cent, pas mal loin du maximum de 8 p. cent que souhaitait la Commission de lutte contre l’inflation. Une autre recommandation qui minait la crédibilité des politiciens. Il en est question dans Le Carillon du 22 décembre 1976.

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La nomination d’un administrateur en chef à Hawkesbury porte déjà ses fruits. Comme on peut le lire dans le journal du 5 janvier 1977, Raymond Lacroix a commencé à restructurer l’organisation en tenant compte des recommandations de la firme Price Waterhouse et Associés. « Ainsi, le secrétaire-trésorier Jean-Baptiste Cuillerier devient greffier et remplira les fonctions prévues par la Loi municipale, tandis que Jean-Jacques Poulin occupera les fonctions de trésorier. »

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Les Hawks, l’équipe de Hawkesbury dans la Ligue centrale junior « A », ne figuraient pas aussi bien que les partisans ne l’auraient souhaité. L’instructeur Jean Payette démissionne et se vide le cœur auprès du rédacteur sportif Yvon Legault : « Certains actionnaires des Hawks de Hawkesbury et certains membres de l’exécutif sont tout simplement incompétents en matière de hockey. » Le jugement ne peut être plus direct. Plusieurs croyaient que les Hawks, à leur première année dans cette ligue de calibre supérieur, avaient une chance de remporter le championnat. Payette croyait plutôt qu’il fallait bâtir une équipe solide. Les attentes étaient beaucoup trop grandes et fallait que ça casse! Payette avait démissionné avant d’être congédié. Payette était le cinquième instructeur a quitté l’équipe en l’espace de deux ans et demi. Legault signe un long texte à cet effet dans le journal du 5 janvier 1977.

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« Je suis loin de toi Mignonne… une comédie sentimentale de Claude Fournier avec Juliette Huot, Denis Drouin et Gilles Renaud » est à l’affiche du Théâtre Laurentien de Grenville. Ce film met en vedette Dominique Michel et Denise Filiatrault « enfin, pour la première fois, réunies au grand écran ». Je ne me souviens pas du tout d’avoir vu ce film, ni à cette époque, ni plus tard. Une grande publicité à cet effet dans le journal du 5 janvier 1977.