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Portraits d’objets : opus 1

Je suis dans ma cabine d’un wagon-lit de VIA Rail en direction de Percé en cette fin de mai de 1994. Je me rends à l’assemblée annuelle de la Quebec Community Newspapers Association, un organisme qui avait maille à partir avec l’entreprise dont j’étais porte-parole. Tous ses membres sont dans ce train. C’est long un voyage en train Montréal-Percé. Mon esprit vague ou divague ou les deux à la fois. Je sors mon bloc-note et ma plume et j’écris. Ce devait devenir le premier d’une série de sept « portraits d’objets ». Le voici :

Vieille devise : « Honni soit qui mal y pense ».

Elle se tient devant moi. Immobile. Passive. Vulnérable. Elle me tourne le dos. On ne peut pas dire qu’elle soit jolie ou non. De tels mots ne peuvent s’appliquer à elle.

Rien ne la couvre, si ce n’est un rectangle en avant. Elle est toute de courbes. Parfaitement équilibrée. De ton légèrement brunâtre. Elle a un cou élancé. Je la caresse de la main. Mais elle ne réagit pas. Elle n’est pas censée réagir.

Elle est légèrement humide. Du bout de la langue, cette humidité a un goût un peu amer. Un peu salé en fait. C’est la chaleur qui fait ça.

Elle a un trou à l’extrémité. Si j’y murmure un souffle, elle émet un soupir, presque musical. Une note de musique, c’est ça!

Je la trouve encore un peu froide. Mais c’est comme ça que je la veux. C’est comme ça que j’aime son intérieur.

Bizarre ce qu’on peut faire dire aux mots. J’aime les mots. Ces mots qui disent. Ces mots qui décrivent. Ces mots qui évoquent.

Les mots ne choquent pas. Ce qui choque, ce sont les conclusions qu’on en tire. L’être humain est porté à sauter aux conclusions. Ce qu’on voit n’est pas toujours la réalité. Ce qu’on lit n’est pas toujours ce qu’on croit être la réalité.

Je tiens pour acquis, par exemple, qu’en lisant les cinq premiers paragraphes de ce portrait, vous y aurez vu la même chose que j’ai devant moi… une bouteille de bière froide!

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Dans quoi je m’embarque?

Voilà! Depuis ma retraite, je songeais sérieusement à lancer un blogue. Après 45 années dans le merveilleux monde de la communication, je m’ennuyais de l’écriture. Ma vie et les mots sont indissociables. Sans eux, il me manquait quelque chose.

Maintenant, je dois regarder la page blanche (sur mon écran en tout cas) et y ajouter des mots. Dans quoi je m’embarque, je n’en ai aucune idée; bien que les idées me viendront au jour le jour. Je veux les partager avec vous. Je veux aussi commenter l’actualité et d’autres thèmes qui m’intéressent. J’espère qu’ils vous intéresseront tout autant.

Il y a une vingtaine d’années, j’ai pondu quelques « portraits d’objets » que je reproduirai ici. Ce sont des portraits avec des mots et non pas de l’aquarelle ou de la peinture. Je partagerai aussi avec vous des poèmes que feue ma mère a composés alors qu’elle avait déjà atteint ses 80 ans. Cécile (c’est son prénom) m’avait dit un jour, dans la salle d’urgence de notre hôpital de Hawkesbury, qu’elle vieillissait. Je lui avais répondu qu’à 80 ans, elle était vieille et qu’elle ne devait plus s’en faire. Elle a commencé à pondre des poèmes. Elle n’avait pas voulu que je les publie; mais Internet n’existait pas encore.

Pour le reste, ça viendra au jour le jour. J’espère que vous apprécierez, même si ce blogue est d’abord et avant tout pour ma propre satisfaction.

Bonne lecture… j’ai souhaité une retraite de 22 ans… vous en aurez peut-être longtemps à me lire!