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Feuilleton sur une époque longtemps disparue (5)

À travers les clôtures

Mais la plupart du temps, les paysans admiraient de loin. M. Earl Butler, dont la résidence est construite sur la fondation de l’édifice abritant les bouilloires du Grand Hôtel, relate les longues heures passées à admirer le défilé des vacanciers descendent de gare dans leurs costumes à la dernière mode, se dandinant élégamment vers leur chambre en empruntant un des trottoirs de l’imposant réseau.

Le soir, une fois leurs travaux des champs terminés, les habitants de la région se prenaient à rêver à la vue des locataires du Grand Hôtel se promenant bras dessus-dessous ou naviguant paisiblement sur l’étang artificiel créé grâce à un barrage empêchant un petit ruisseau de se tarir.

M. Butler conserve des souvenirs assez flous de Caledonia Springs à son époque glorieuse cependant. Il n’était pas encore en âge d’aller à l’école lorsque le Grand Hôtel cessa ses opérations. Un de ses frères aînés, Cecil, a agi en tant que caddie au terrain de golf, un autre plus âgé a travaillé comme garçon de chambres, premier emploi qui s’est d’ailleurs avéré le début d’une longue carrière dans l’hôtellerie au service de la compagnie CPR.

Pendant l’année de fermeture, M. Butler raconte qu’il s’est sournoisement introduit dans le Grand Hôtel abandonné à quelques reprises. Il en garde le souvenir d’un établissement incroyablement vaste, aux larges corridors et d’une beauté et d’un raffinement rares. Ce ne sont que les souvenirs d’un enfant âgé de 6 ou 7 ans mais qui confirment les commentaires de documents historiques au sujet de cet hôtel de 300 chambres.

En 1914, le Grand Hôtel fut démoli. Les travaux furent si rapides que personne ne semble en garder mémoire. Avec lui, Caledonia Springs s’éteignit lentement. Lorsque M. Ubald Leduc se porta acquéreur de la propriété en 1943, raconte son fils Reynald, il ne subsistait pratiquement que les anciens bâtiments de la ferme grâce à laquelle la direction de l’hôtel subvenait autrefois à l’alimentation des locataires.

La surtaxe exigée par les gouvernements sur les bâtiments, et le contexte économique mauvais incitèrent M. Leduc à démolir la plupart des bâtiments toujours debout.

« Plusieurs constructions étaient encore debout et solides, raconte M. Reynald Leduc, dont le terrain est une parcelle de l’ancienne propriété du CPR. Toutefois c’était pendant la guerre et nous ne pouvions nous permettre de payer des taxes sur des bâtiments dont nous n’avions pas besoin. C’était une question de subsistance. Nous avons donc démoli et vendu le bois, qui était d’ailleurs abondant et de bonne qualité. »

Demain : L’Adanac Inn et les Rutherford

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Feuilleton sur une époque longtemps disparue (4)

Caledonia : plusieurs se souviennent

par Yves Rouleau

Les mémoires s’estompent. Ils ne sont plus que quelques-uns à pouvoir ressasser de lointains souvenirs de l’époque glorieuse des sources et de la vie mondaine à Caledonia Springs.

M. Arthur Dubois, âgé de 80 ans, se souvient d’avoir agi en tant que caddie pour les riches golfeurs sur le terrain du Grand Hôtel. Un septuagénaire, M. Earl Butler, aime remémorer la curiosité que provoquaient les élégants visiteurs lorsqu’ils descendaient de gare. Quant à M. Reynald Leduc, son âge l’empêche de garder quelque souvenir que ce soit de l’époque grandiose des sources, mais il se rappelle des installations qui étaient toujours debout lorsque son père a acquis la propriété de plus de 400 acres en 1943. M. Ubald Leduc avait acheté le terrain du Canadian Pacific Railway qui désirait ardemment s’en défaire.

Comme la plupart des enfants d’agriculteurs des environs, M. Dubois, qui a maintenant élu domicile à cinq kilomètres au nord de Caledonia Springs, sur le chemin du Blue Corner en bordure de la route 17, raconte qu’il trouva à se faire embaucher par le Grand Hôtel. Dès l’âge de 10 ans, il parcourait les verts du terrain de golf portant les bâtons des riches joueurs. Il gagnait pour cette tâche le salaire très appréciable de 10 sous par jour.

« C’était un salaire plus qu’intéressant pour un enfant de 10 ans à cette époque », confie-t-il.

Bien que les habitants des environs n’eurent jamais l’occasion de profiter du luxe du domaine des sources, ils appréciaient tout de même son existence, car plusieurs y trouvaient un emploi, le plus souvent à temps partiel à cause de leur métier d’agriculteur.

Les jeunes filles étaient embauchées dans les cuisines, la buanderie, parfois même en tant que femme de chambre. Les garçons, considérés trop jeunes par leurs parents pour participer aux travaux de la ferme, étaient engagés comme caddie.

Deux mondes vivaient cependant côte à côte dans Caledonia Springs sans se mêler. Toutefois, la tentation d’admirer de plus près cette gent aisée était parfois irrésistible, raconte M. Dubois. Il lui arrivait donc parfois, avec des copains, de risquer une excursion sur le terrain du Grand Hôtel. Il se souvient même quelquefois de s’être aventuré sur la galerie de l’établissement. « Le gérant avait un chien, pas très gros, mais qui jappait très fort, qui nous faisait peur et ainsi nous déguerpissions », indique M. Dubois.

Demain : À travers les clôtures

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Feuilleton sur une époque longtemps disparue (3)

La légende des sources

L’histoire des sources de Caledonia reste obscure jusqu’au début du XIXe siècle. Néanmoins, la version des Indiens a gardé son charme et la légende ressemble étrangement aux contes de fées, aux princesses et aux princes charmants qui ont survécu le passage des années.

L’auteur du livre « L’histoire des Comtés unis de Prescott et de Russell », M. Lucien Brault, a rassemblé les éléments de cette légende :

« Un brave chef indien, nommé Tonnerre-Roulant, faisait la chasse dans la région; il avait une charmante fille, du nom Étoile-de-la-Nuit, qu’il aimait particulièrement. À l’âge de seize ans, elle fut atteinte d’une grave maladie qu’aucune plante médicinale n’avait réussi à guérir. Elle allait mourir.

L’un de ses prétendants, Aile-de-Corbeau, ayant entendu parler par son grand-père des merveilleuses qualités de l’eau des sources, se fit promettre la main d’Étoile-de-la-Nuit par le grand chef s’il réussissait à guérir sa maladie.

Bien qu’Aile-de-Corbeau ne fût pas le choix préféré de Tonnerre-Roulant pour sa fille, il consentit à l’entente. L’amoureux se rendit à la hâte aux sources où, à l’ombre des grands arbres et près des sources, il confectionna un lit aussi confortable que possible en branches de cèdre. Il y transporta ensuite la patiente et, au moyen d’un cornet d’écorce de bouleau, lui fit boire de l’eau des quatre sources à intervalles réguliers pendant toute une journée. Le lendemain la fièvre avait diminué et quelques jours plus tard elle était guérie.

Depuis, les Indiens ont toujours cru aux qualités médicinales de ces sources. »

* * *

Un retour à la nature

« Sans argent, le développement des sources reste impossible », selon la propriétaire du terrain, Mme Harriet Leduc.

Après avoir tenté l’exploitation d’un terrain de camping sur le site des sources et demandé l’aide gouvernementale à l’époque, les propriétaires ont laissé tomber les bras devant l’importance de l’investissement pour faire revivre Caledonia Springs.

Que ce soit un kiosque d’arrêt, un musée, ou la reconstruction d’édifices semblables à ceux qui ont fait la gloire de l’endroit il y a près d’un siècle, la somme de travail, et l’expertise doivent aussi figurer aux frais.

« Le terrain de camping n’était pas été fréquenté pour que ce soit rentable », de dire Mme Leduc. Le développement du site, selon elle, ne serait pas possible non plus sans une publicité importante.

Toutefois, elle a mentionné que des acheteurs avaient déjà manifesté un intérêt pour le terrain qui renferme les quatre sources différentes.

Présentement, les longs trottoirs de granit lézardés à quelques endroits ne sont utilisés que par de rares amateurs des sources et le troupeau laitier de la ferme Leduc en pâturage là où jadis la haute bourgeoisie se retrouvait. La plupart des édifices ont été démolis pour récupérer le bois, et les fondations de béton qui ont résisté à cet assaut s’érodent peu à peu.

Lundi : Plusieurs se souviennent

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Feuilleton sur une époque longtemps disparue (2)

Le Grand Hôtel

Entre la découverte du site par l’homme blanc et l’érection d’un premier hôtel, trente années ne se sont pas écoulées.

Alexander Grant avait suivi un sentier qui l’a mené aux sources durant une expédition de chasse en 1806. Des signes hiéroglyphiques avaient été gravés sur les arbres par les Indiens pour y indiquer l’emplacement des sources et leur « magie ». Un compagnon, M. Kellog, n’a pas tardé à y construire une cabane durant les années qui ont suivi, exigeant des visiteurs une somme d’argent pour profiter des sources.

Celui-ci bâtit bientôt une maison pour les malades et les visiteurs. Le Canada House y est construit en 1835 par Samuel Cushing; on peut accueillir dans cet hôtel quelque 100 personnes. William Parker l’achète et installe en plus un pavillon à chaque source.

Entre temps, en 1837, le terrain est arpenté et divisé en lots pour le village, et la vente des lots se fait par tirage au sort à Montréal vers 1840. Une route carrossable qui conduit jusqu’à la localité est aménagée à la même époque.

Un journal publié à l’intention des visiteurs et touristes voir le jour : « Life at the Springs », paraissant tous les samedis entre mai et octobre. « The Springs Mercury and Ottawa Advocate » fait une unique parution, en novembre 1840.

Le Canada House compte alors deux étages, une large véranda, une fontaine et un carrousel. Le commerce de l’eau à 4 sous le gallon commence, inauguré par J.L. Wilkinson qui fait l’acquisition de l’hôtel peu de temps après. Il le revend après à T. Crawford, qui lui s’en départit auprès de MM. Cushing et Shepard. Ceux-ci érigent un hôtel de pierre qui est la proie des flammes quelque temps après.

MM. Bowie et Gouin reconstruisent : cette fois, l’hôtel offre des bains pour les rhumatisants. La Compagnie Grand Hotel englobe le tout. Des centaines d’invalides et de malades s’inscrivent chaque année au registre pour venir y être guéris grâce aux quatre sources. Construit en bois dans un style qui s’apparente à celui de La Nouvelle-Orléans, l’hôtel y gagne bientôt une annexe pour y offrir le plus de services.

La compagnie tente de restreindre l’usage des sources à ses clients en 1877, en vain en raison des réactions de la population locale.

Caledonia Springs devient le rendez-vous mondain. Pour 3 $ par jour au Grand Hôtel, on y offre le chauffage à la vapeur, l’éclairage au gaz, des foyers, un ascenseur, le téléphone à chaque chambre, une véranda de quelque 20 pieds tout autour, un coup d’œil sur le paysage, le ruisseau et les Laurentides au loin. Il est possible de faire les arrangements pour avoir un bain privé pour sa chambre.

L’aménagement offre des trottoirs et sentiers paysagers, un court de tennis, un terrain de golf, un jeu de croquet, une salle de billard, des allées de quilles, une bibliothèque, un parquet de danse, une estrade, une salle de musique, les services religieux catholiques et anglicans dans les chapelles de la localité. La saison estivale est d’ailleurs inaugurée par un tournoi de golf. On y a signalé aussi des courses de chevaux.

Les activités d’hiver sont plus restreintes. L’étang aménagé dans le ruisseau par une digue est transformé en patinoire; les glissades en traînes-sauvages y sont aussi populaires, ainsi que les promenades en traîneaux et le retour au chaud près du foyer.

Le Canadian Pacific achète les 482 acres de terrain de l’Hôtel et des sources le 21 juillet 1905 avec droit de revendre l’eau des sources. Des travaux sont entrepris à l’automne 1913 pour moderniser l’usine d’embouteillage. L’Hôtel ferme ses portes et l’opération du site est officiellement abandonnée en 1915. L’édifice est démoli en 1920 et Canada Dry Ginger Ale cesse d’y embouteiller pour déménager à Montréal.

La propriété passe aux mains de J. Ubald Leduc le 20 avril 1943, et le site devient presque uniquement une ferme. Les édifices sont démolis un à un. Il ne reste rien de la beurrerie, du poulailler, de la bergerie, de la porcherie, ni de la grande qui servaient à alimenter l’Hôtel et quelques fortunés clients.

Le chalet abritant les sources demeure barricadé durant plusieurs années, mais ses carreaux vitrés sont bientôt la proie des vandales.

Le fils du propriétaire, M. Reynald Leduc, profite de l’affluence des touristes amenés par l’Expo 67 pour y ouvrir un par cet un terrain de camping entre 1965 et 1967. L’entreprise est bientôt abandonnée devant l’exigence des campeurs pour les différents services. Les enseignes routières sont maintenues et plusieurs personnes viennent encore s’approvisionner aux sources de temps à autre.

Les archives répertoriées et compilées au bureau central des Comtés unis de Prescott et Russell lors d’un projet d’été en 1980, où plusieurs des informations de la présente série d’articles ont été puisées, montrent qu’à ce moment-là, seules les sources sulfureuses et salines étaient considérées comme potables. La source gazeuse et intermittente dite Duncan contient trop de colibacilles fécaux pour permettre la consommation humaine.

Demain : La légende des sources

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Feuilleton sur une époque longtemps disparue (1)

À l’époque de mon « Retour sur hier », Caledonia Springs était souvent l’objet de conversations. Dans notre coin de pays, ce centre de villégiature de la belle époque faisait rêver, bien qu’à peu près personne encore vivante n’en ait été témoin direct. Mais la « légende » se perpétuait de bouches à oreilles. Des recherches sur le Web vous donneront peu d’information sur les sources de Caledonia Springs et son prestigieux Grand Hôtel, sauf des références à un ou deux livres. Au cours des prochains jours, je reproduirai le fruit des recherches de mes journalistes Monique M. Castonguay et Yves Rouleau. Ces reportages avaient été publiés dans les éditions des 10, 17, 24, 31 août et 7 septembre 1983 du journal Le Carillon.

Caledonia Springs : c’était à la belle époque

par Monique M. Castonguay

L’histoire de Caledonia Springs m’avait été racontée, par bribes. Toutefois, certains éléments manquaient pour laisser croire l’histoire d’un site aussi fabuleux, disparu après plus d’un siècle de gloire.

Reste encore que ce phénomène de la nature, quatre sources différentes aussi rapprochées l’une de l’autre, ainsi que l’exploitation dont elles ont été entourées, ne laissent personne indifférent malgré la disparition des édifices majestueux et de la communauté de ce hameau.

Cette série d’articles réalisés par mon confrère Yves Rouleau et moi-même présente les différents aspects de ce qu’a été, ce qu’est et ce que sera ce coin de pays unique situé dans les comtés unis de Prescott et Russell.

Bien plus qu’un poste d’arrêt pour s’abreuver à l’eau des quatre sources ou un hôtel de santé, Caledonia Springs vivait jusqu’à il y a cinquante ans comme tout autre communauté de l’époque.

Le village comptait en 1839 quelque 160 âmes, selon les recherches de M. Lucien Brault, publiées dans le livre « L’histoire des Comtés unis de Prescott et de Russell ».

Outre le Grand Hôtel et sa ferme d’approvisionnement, la population locale pouvait compter sur un fabriquant de bardeaux, une salle de billard, un tailleur, un boucher, une maison de pension, un voiturier, un forgeron, un cordonnier et deux autres hôtels, soit l’Adanac et l’Ottawa. Le bureau de poste y a été ouvert en 1853, fermé dix ans entre 1886 et 1896, et fermé définitivement le 30 avril 1960; la gare du Canadian Pacific y était fermée la même année.

En 1900, on parle des trois hôtels, de deux chapelles, l’une catholique et l’autre anglicane, deux magasins, un bain public et une usine d’embouteillage de l’eau de source saline et sulfureuse.

C’est à cette époque que l’endroit aurait connu son apogée, principalement grâce à la clientèle du Grand Hôtel. Les touristes en quête d’une cure de santé arrivaient généralement de Montréal jusqu’à Pointe-Fortune par bateau, et ensuite par une voiture à cheval qui faisait escale à L’Orignal. Les différentes éditions des brochures publicitaires de l’époque à compter de 1844 font généreusement état des qualités des sources et de leurs propriétés médicinales, des activités et du tout confort de cet hôtel de grand luxe. Il était le moteur économique, l’industrie locale, principalement durent la saison d’été entre mai et octobre, mais aussi durant l’hiver avec une clientèle moins nombreuse.

Demain : Le Grand Hôtel

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La réforme des conseils de comté en Ontario

En Ontario, les libéraux de David Peterson s’attaqueraient à une grosse tâche… « la réforme des conseils de comtés en Ontario ». C’était peu dire. Vous vous souviendrez des références, dans mon blogue, aux recommandations de l’urbaniste Goldyn Sunderland qui auraient justement abouti à une restructuration d’au moins un conseil de comtés, celui de Prescott et Russell. J’y faisais d’ailleurs référence dans mon éditorial du journal Le Carillon du 8 avril 1987. « Pour nous de Prescott et Russell, le sujet n’est pas nouveau. Nous pouvons même affirmer que de volumineux documents, tout couverts de poussière, traînent depuis belle lurette sur les tablettes de l’administration du Conseil des comtés unis (comme dans les filières des journalistes). On le baptisait à l’époque: Rapport Sunderland. L’encre avait coulé à profusion. Rien ou presque n’en avait découlé, à part quelques manifestations parcimonieuses de bonne volonté et encore… » Manifestement, je n’avais toujours pas digéré l’inaction des élus à la suite de ce rapport.

Bernard Grandmaître, le « puissant ministre des Affaires municipales, délégué aux Affaires francophones », croyait, « à la lumière de diverses situations prévalant dans la province, qu’il serait peut-être sage de confier à cette structure revigorée la fameuse question de la gestion des déchets, de la planification des secours d’urgence, du développement économique, de l’application du code du bâtiment et d’autres fonctions ». Les comtés avaient déjà la responsabilité de services sociaux et des routes dites de comté. « Grandmaître lui-même songe à confier aux comtés des rôles dans la fourniture de services sociaux aux personnes âgées ou aux garderies. » Grandmaître avait créé un comité spécial pour étudier toute cette question. La suite de tout ça se poursuivrait bien après mon départ prochain du journal.

* * *

Je ne me souviens pas de la source de cette bribe d’information, mais en la relisant, j’ai pensé la partager avec vous. Elle se retrouvait dans ma chronique du 15 avril 1987. « Une petite leçon d’histoire pendant que nous y sommes. Les premiers signaux de ‘Stationnement interdit’ remontent à l’ancienne Mésopotamie à Neneveh où l’on a trouvé des tableaux d’argile avec cette indication écrite en hiéroglyphes. Ils étaient placés le long des deux côtés de la rue pavée qui mène la procession aux temples. En ce temps-là, il ne s’agissait pas de plaisanter avec la loi, car la contravention en vigueur pour les conducteurs de chariot contrevenants était la peine de mort. » Ouch!

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« Darquise Lalonde, de Clarence, Normand Bonin, de L’Orignal, Louis Martel, d’Embrun, et Michel Major, de Hawkesbury, quatre organisateurs de loisirs de l’Est de l’Ontario, viennent d’être cités au Corps d’élite, un programme destiné à récompenser les réalisations exceptionnelles des bénévoles ontariens dans le domaine des loisirs. (…) Ces quatre personnes ont fondé l’Association des comités de loisirs de Prescott-Russell. » L’article était dans le journal du 15 avril 1987.

Demain : Début d’un feuilleton de plusieurs jours
sur la belle époque de Caledonia Springs.

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Grève motivée par l’indexation au coût de la vie

Il n’y avait pas eu de grève à cette usine depuis 16 ans quand, le 1er avril 1987, les 350 syndiqués de l’usine de Duplate Canada à Hawkesbury avaient débrayé pour appuyer leurs diverses revendications. Les grévistes demandaient l’indexation au coût de la vie et « un rajustement de salaire tous les trois mois leur permettant de rattraper » justement ce coût de la vie. L’employeur refusait parce qu’aucun employé de leurs usines américaines ne bénéficiait d’une telle indexation, mais offrait quand même « le rajustement à la hausse du coût de la vie pour la première année d’un contrat de trois ans seulement ». Ce n’est pas ce que les syndiqués voulaient. Le Carillon du 8 avril 1987 en parle longuement. La grève durerait de nombreuses semaines.

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Dans ma chronique du 8 avril 1987, je note ceci : « Un vieil ami du Carillon, Adolphe Brunet, de Rockland, est décédé la semaine dernière à l’âge de 75 ans, emporté lui aussi par cet abominable cancer. Sa carrière était longue : il a étudié et enseigné à l’Université d’Ottawa, et a fait affaire à Rockland comme notaire et assureur-vie. Il s’était impliqué dans la politique active et dans nombre d’activités communautaires, surtout celles reliées au développement économique. » Adolphe était aussi le père de la chanteuse Monique Brunet de qui j’ai déjà parlé dans mon blogue.

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Dans cette même chronique, j’écrivais également que « Philippe Sabourin se rappelle encore, comme si c’était hier, le fameux incendie de Brownsburg du 17 avril 1944, alors que théâtre, banque, magasins étaient rasés, sans compter la peur de tous que la CIL y passe. Philippe vous raconte ça comme s’il y était encore. » J’y fais référence parce que sa fille Marjolaine est ma plus fidèle lectrice depuis les débuts de mon blogue en 2011.

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« Après trente années de service, l’ancien diplômé de l’Université de Montréal vient de prendre sa retraite comme gérant de la Commission hydroélectrique de Hawkesbury. Bernard Laframboise a alors confié les rênes à son successeur, Robert G. Yelle, qui travaillait à ses côtés depuis quelques mois déjà. » Comme on peut le lire dans le journal du 8 avril 1987, Yelle était né « à l’ancien hôpital Notre-Dame de Hawkesbury et a grandi à Lefaivre »; en d’autres mots, un gars du coin. Il avait étudié aux États-Unis et avait même servi dans l’armée américaine de 1967-1969. Il avait accumulé une longue expérience dans de nombreuses villes américaines et canadiennes.

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C’était le temps des retraites. Toujours dans cette même édition, il est question de Leslie Higginson, « le surintendant de l’éducation du panel élémentaire du Conseil d’éducation de Prescott-Russell » qui prendra sa retraite à la fin d’août. Originaire de Hawkesbury, « M. Higginson travaille dans le secteur de l’éducation depuis 32 ans. Il a enseigné deux ans à Williamstown, 25 ans à l’École secondaire de Hawkesbury et il a occupé le poste de surintendant de l’éducation durant les cinq dernières années. (…) Il profitera de cette période pour voyager, s’occuper de ses chevaux et de poterie exotique. Il aidera aussi son frère sur la ferme familiale. » Leslie était un homme que je trouvais fort sympathique.

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Les années glorieuses de Caledonia Springs

À surveiller dans mon blogue à partir du mercredi 2 octobre jusqu’au mercredi 16 octobre inclusivement.

Je reproduirai un grand reportage sur les années glorieuses de Caledonia Springs réalisé à l’été de 1983 par mes journalistes Monique Castonguay et Yves Rouleau. Ces textes avaient été publiés les 10, 17, 24, 31 août et 7 septembre 1983 dans Le Carillon. Je vous les présente sous forme de feuilleton en 11 épisodes. C’est un brin d’histoire très fascinant que personne d’entre nous n’a connu mais dont nous avons tous un peu entendu parler.

Par la suite, je vous reviens avec la fin de mon « retour sur hier ».

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Le nouveau serait mieux que l’ancien

Ce sera un bon prétexte pour moderniser. « L’ancienne partie du mail Hawkesbury Centre de la rue Principale à Hawkesbury a été rasée par un violent incendie dimanche soir. Dans la journée de mardi, les dommages étaient évalués à trois millions de dollars. » C’est ce qu’on peut lire à la une du journal Le Carillon du 25 février 1987. « Les magasins Woodhouse et Giant Tiger ont été anéantis, de même qu’une partie des bureaux de la firme de comptables Touche-Ross située à l’étage, ceux du courtier en immobilier Remax, et de la firme d’assurances Bonin-Cayen. » Le pire, le centre avait de nouveaux propriétaires depuis à peine deux jours. « Les propriétaires du centre d’achats, Bill Harden, Wayne Assaly et Jules Bélisle, qui venaient incidemment tout juste de s’en porter acquéreurs vendredi, envisagent tout de même l’avenir avec optimisme. (…) Les propriétaires affirment que le nouveau centre d’achats sera mieux qu’avant l’incendie. » Et c’est ce qui s’est produit. Sauf qu’aujourd’hui, avec l’exode des bannières populaires de la rue Principale vers la route 17, le centre-ville de Hawkesbury n’est plus aussi attirant.

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Cette même fin de semaine, « quelque 800 raquetteurs venus de l’Ontario, du Québec et des États-Unis participaient au congrès national des raquetteurs, dans le cadre du carnaval d’hiver de Hawkesbury ». Le rassemblement avait été qualifié de grand succès et avait eu un impact financier fort intéressant pour les commerces locaux. Nous y avions consacré une pleine page dans le journal du 25 février 1987.

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En 1986, le journal avait acheté la plus récente technologie de mise en page pour les journaux… le système Mac d’Apple et son imprimante laser haute performance. L’utilisation de cette technologie nous permettait d’innover dans la présentation graphique du journal et au début de 1987, nous étions en mesure de présenter aux lecteurs des tableaux de toutes sortes. Tout ça grâce à Steve Jobs et sa gang. L’ordinateur personnel n’était pas omniprésent par contre. Pour ça, il faudra patienter encore quelques années.

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Il n’avait que 51 ans et était populaire. C’est lui, par exemple, qui présentait des conférences sur la sexualité lors des cours de préparation au mariage. « Le Dr Jean-Jacques Maynard est décédé le lundi 23 mars 1987 à l’âge de 51 ans. Il était un diplômé en médecine de l’Université de Montréal. Il s’établit à Hawkesbury en 1961 où il y pratiquait la médecine générale depuis 26 ans. » La nécrologie est publiée dans le journal du 25 mars 1987.

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L’expérience d’une saison et demie n’avait pas été concluante pour lui et il avait décidé de quitter son poste d’entraîneur des Hawks de Hawkesbury, de la Ligue centrale. Yvan ‘Puce’ Joly avait pourtant tout essayé; ça n’avait pas fonctionné.

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Il était plus qu’un policier

Il avait été coulé dans le même moule que son prédécesseur Rémi Lecôt. « Il était de l’ancienne génération de policiers, celle où la simple stature et l’uniforme suffisaient à imposer le respect après des citoyens et, surtout, des délinquants jeunes et adultes. Wilfrid Villeneuve, policier pendant 37 ans au service de la population de Hawkesbury, dont les sept dernières comme directeur de la Sûreté municipale, est décédé dimanche à l’Hôpital général de Hawkesbury où il luttait depuis quelque cinq mois contre le cancer. » Wilfrid, né à Vankleek Hill le 18 novembre 1906, avait épousé Laurette Sabourin; les deux ont eu onze enfants, « dont huit sont toujours vivants ». Mais il n’était pas que policier. Comme le rapporte Le Carillon du 11 février 1987, « une autre forme de service communautaire accaparait ses temps libres, le travail bénévole auprès de divers organismes locaux et régionaux. Il a été président de la Croix-Rouge, président du Club de l’âge d’or 50, cofondateur et pendant longtemps gérant du Comptoir populaire, membre de l’ordre des Quatrièmes degrés des Chevaliers de Colomb, président de l’association des résidants des appartements de la rue Spence, sans oublier sa présence au conseil d’administration de la Caisse populaire de Hawkesbury. » Pour ses funérailles, il avait eu droit à tous les honneurs.

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La nouvelle du 18 février 1987 avait fait sursauter. « L’école secondaire d’Embrun est actuellement aux prises avec un grave exode de sa population scolaire vers l’école secondaire catholique Samuel-Genest, d’Ottawa, si bien que si l’hémorragie continue, le Conseil d’éducation de Prescott-Russell pourrait être forcé de fermer éventuellement l’école. » Selon le directeur général du CEPR, Robert Pilon, « en 1985, la population de l’école était de 301 élèves; celle population a chuté à 286 en septembre de cette année et des projections indiquent que cette inscription ne sera plus que de 258 en septembre prochain ». Selon Pilon, « les parents choisissent pour leurs enfants cette école parce qu’on y offre des cours de religion crédités et parce que l’école est considérée comme élitiste ». Évidemment, l’école secondaire d’Embrun est toujours là et elle accueille maintenant les élèves de septième et huitième année, en plus des quatre niveaux secondaires.

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Le débat était devenu tellement chaud que le gouvernement ontarien avait décidé de créer un « Comité spécial sur les heures d’ouverture des commerces de détail ». À l’époque, les commerces pouvaient ouvrir le dimanche uniquement dans certaines zones touristiques. Une publicité dans le journal du 18 février 1987 explique que « le Comité spécial sur les heures d’ouverture des commerces de détail, un comité de l’Assemblée législative de l’Ontario qui se compose de députés de tous les partis, se réunira pour examiner la question de la fermeture des commerces le dimanche et des heures d’ouverture des commerces de détail. Il traitera plus particulièrement des modifications à apporter à la Loi sur les jours fériés dans le commerce de détail, quant à l’ouverture des commerces les dimanches et jours fériés, aux cas d’exception et à la protection des employés et aux sanctions. » Le comité tiendrait des audiences un peu partout en février. Bien sûr, aujourd’hui, l’ouverture des magasins les dimanches et jours fériés est monnaie courante, tant en Ontario qu’au Québec et ailleurs. Le mouvement de l’époque était irréversible.