Le taux de participation populaire avait été de 38,2 p. cent; un record dans Prescott-Russell. Mais il ne fallait pas s’en surprendre outre mesure, après tout, ce n’était qu’une élection complémentaire pour élire le successeur du député provincial démissionnaire Don Boudria. Comme nous l’apprend Le Carillon du 19 décembre 1984, la population a décidé que le libéral Jean Poirier prendrait la relève et 10 238 électeurs l’avaient préféré au candidat conservateur Gaston Patenaude qui, lui, en obtenait 8 420. Une majorité relativement mince pour Poirier, mais c’est lui qui irait siéger à Queen’s Park pendant quelques années. Il aura fallu moins de deux heures pour compter tous les votes étant donné la faible participation. Le néo-démocrate Rhéo Lalonde s’était contenté de 1 805 votes à peu près le même appui que le NPD avait reçu en 1981. Quant aux conservateurs, c’est l’amertume qui avait caractérisé leur soirée à St-Isidore. « Et la rancœur de bien des militants à l’égard de l’ancien député libéral Don Boudria était également bien évidente. ‘On lui fera du tort comme il nous a fait du tort,’ d’expliquer un d’eux à ses compagnons attachés devant une bière. » Leurs menaces ne donneraient rien.
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Ce n’est pas parce que les partisans conservateurs l’avaient préféré à Gaston Patenaude lors du congrès d’investiture à Rockland que Rolland Saumure, de Bourget, allait se taire et disparaître. Au contraire! Par exemple, il n’avait pas aimé la façon de procéder de l’organisation du parti pour choisir les délégués au congrès à la chefferie qui se tiendrait à Toronto en janvier suivant. Il a obtenu de la direction du parti que l’on recommence le processus de sélection. « Les conservateurs provinciaux ont perdu leur sens des réalités et ils doivent se rapprocher davantage de la population de Prescott-Russell s’ils veulent un jour retourner au pouvoir dans la circonscription », peut-on lire dans le journal du 26 décembre 1984. Quant au choix des délégués, M. Saumure s’était « aperçu que les cultivateurs et les gens ordinaires de Prescott-Russell n’ont pas eu la chance d’être présents à cette rencontre et d’être choisis comme délégués pour choisir le futur premier ministre de l’Ontario ». Quant à sa candidature éventuelle dans une future élection, Rolland Saumure n’était pas encore décidé. « Quant à la ferveur politique dont ne semblent pas avoir fait preuve les conservateurs dans l’élection complémentaire du 13 décembre, M. Saumure estime que les gens, en 1984, ‘ne sont pas aussi motivés que jadis… ils ne sont pas aussi fervents que nos parents et ils ont tendance à voter pour l’homme plutôt que pour le parti’. »
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Le projet de loi fédérale C-15 sur l’investissement au Canada faisait l’objet de débat aux Communes et, évidemment, le député libéral Don Boudria avait mis son grain de sel. « Nous voulons protéger nos industries canadiennes, et nous voulons en posséder une grande partie nous-mêmes. Les investisseurs étrangers sont les bienvenus, mais ils doivent servir les intérêts supérieurs du pays. » Un article fait référence à son intervention dans le journal du 26 décembre 1984. En parlant des Américains, il avait ajouté que « moi aussi j’ai des amis, mais ils ne viennent pas s’emparer de ma maison. (…) Si je me trouve à côté d’un éléphant et si ce dernier me tombe dessus, le résultat sera le même que l’éléphant soit amical ou non – je serai transformé en planche à repasser. (…) La question n’est pas de savoir si nous voulons des investissements étrangers, car nous en voulons, mais de veiller à ce qu’ils servent au mieux les intérêts de tous les Canadiens. »
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Au cinéma Laurentien de Grenville, en cette période des Fêtes de 1984, le film « The Terminator » avait été retenu à l’affiche deux semaines.