Il y avait longtemps que les diverses autorités municipales de Prescott et Russell avaient souhaité le développement touristique de leur région qui bordait, après tout, la rivière Outaouais. Le comité du tourisme du Comité de développement de Prescott-Russell avait décidé de mousser la création d’une association d’intervenants de l’entreprise privée pour développer une industrie touristique. Comme le rapporte la journaliste Manon Pincince dans Le Carillon du 24 octobre 1981, « la très faible participation de représentants d’entreprises privées a déçu les attentes des organisateurs, participation même insuffisante pour former un conseil exécutif complet ». Pourtant, « environ 400 invitations avaient été envoyées, moins d’une trentaine de personnes seulement ont répondu à l’appel ». Ce qui n’a quand même pas empêché la fondation de l’Association touristique de Prescott-Russell. Il fallait bien un point de départ. Roger Piché, de Bourget, en devient le premier président. La réunion avait justement au lieu à Bourget. Il y avait eu certaines discussions quant à la participation des politiciens locaux, ce qui avait fait dire au directeur des loisirs de Hawkesbury, Michel Major, que « l’association ne devrait pas tourner le dos aux municipalités, car la plupart des terrains touristiques appartiennent à ces mêmes municipalités ». Message clair.
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Les mises à pied de travailleurs dans la région devenaient trop nombreuses et le maire de Hawkesbury, Laurent Cayen, en compagnie du préfet Lucien Berniquez et du sous-préfet Gilles Thériault avaient décidé de se rendre à Toronto et d’en discuter avec le ministre de l’Industrie et du tourisme, Larry Grossman. Le trio croyait « qu’il fallait exercer le plus de pressions possibles pour tenter d’attirer localement une industrie majeure qui pourra absorber les centaines de travailleurs présentement sans emploi, par suite des mises à pied chez Amoco Fabrics, chez IKO, Fiberworld et Canadian Refractories, entre autres ». Le maire avait déploré que la situation affectait « non seulement les gens en chômage mais toutes les autres entreprises locales ». On en parle dans le journal du 31 octobre 1981.
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Un entrefilet dans ma chronique du 31 octobre 1981 : « Aux Galeries Lachute, la grève au magasin Zeller’s entre dans sa troisième année le mois prochain. Le magasin n’a jamais cessé de fonctionner pendant tout ce temps, malgré le vandalisme et tous les autres problèmes. »
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Le projet de rapatriement unilatéral de la Constitution par le gouvernement Trudeau tapait évidemment sur les nerfs du gouvernement québécois, qui n’avait pas lésiné sur les moyens pour faire valoir son point de vue. Une campagne de publicité dans les journaux communautaires (dont Le Carillon parce qu’il desservait une clientèle québécoise) expliquait la perspective du Québec sur ce rapatriement. Dans l’édition du 31 octobre 1981, une pleine page de publicité se réfère à « La menace: le plan d’Ottawa » puis décrit ce plan…
« Le plan d’Ottawa prévoit le rapatriement de la constitution de 1867 en y ajoutant une formule d’amendement et en y insérant une Charte des droits. Voilà maintenant plus d’un an qu’Ottawa tente de faire passer son plan malgré l’opposition du Québec et de la majorité des provinces. S’il était adopté, ce plan viendrait affaiblir nos institutions politiques. Il serait en plus un facteur de désordre pour notre économie et notre vie sociale. Ne pouvant convaincre ses partenaires, Ottawa a choisi d’essayer de les contraindre en voulant imposer par la force ce qu’il n’a pu obtenir par la négociation. Aussi, Ottawa annonce qu’il va agir seul en demandant à Londres, et à Londres seulement, de sanctionner son coup de force. »
Trudeau fera bien sûr à sa tête.