La controverse… faut bien commencer à quelque part

Pauvre lui, c’était sans doute sa première controverse publique. Comme on peut le lire dans Le Carillon du 8 juillet 1981, Gilbert Rozon était la plus récente cible de l’animateur communautaire du collège Algonquin, Richard Hudon. Il accusait Rozon de racisme en rapport avec « Le Bottin Blanc ». Hudon avait d’ailleurs « déposé une plainte auprès de la Commission ontarienne des droits de la personne » liée au logo utilisé par Rozon pour son bottin. Rozon avait reproduit le logo de son bottin dans le programme de La Grande Virée (dont Le Carillon était un des commanditaires), son « festival international du spectacle au Kébec ». Hudon n’avait pas aimé que Rozon reproduise le logo dans « son programme d’activités publié à 50 000 exemplaires et vendu dans les kiosques à journaux dans les comtés de Prescott et Russell ». Il s’en était plaint à la Commission des droits de la personne du Québec également. « Le logo en question représente un jeune messager de race noire, pieds nus, tenant à bout de bras un énorme annuaire téléphonique, avec, en vignette, au coin intérieur droit, ‘le Bottin Blanc’. » Rozon avait répliqué que « cette plainte provient sans doute d’un intellectuel à l’esprit fertile en imagination ». Il avait aussi soutenu que « l’utilisation d’un noir en publicité n’a rien de raciste. Au contraire, les gens de couleur font partie intégrante de la société nord-américaine et les ignorer en publicité constituerait plutôt la véritable discrimination raciale. » Rozon, bien sûr, fonderait le festival Juste pour rire quelques années plus tard. Sans doute que son logo, après tout, était justement simplement pour rire!

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Le bas de vignette est à la une de l’édition du 11 juillet 1981 et se lit comme suit : « Le sort de la chaîne de magasins à rayons R. Farmer, une entreprise canadienne-française fondée à Hawkesbury en 1950 et qui au milieu des années 70 comptait 19 succursales en Ontario et au Québec, est actuellement entre les mains d’un syndic de faillite. Le magasin de Hawkesbury continue ses opérations pour l’instant, mais l’incertitude règne chez les employés. » Ce magasin était très fréquenté à Hawkesbury. « Dix-sept employés, caissières, vendeuses, employés d’entretien, sont présentement à l’emploi du magasin de la rue Principale, et certains comptant jusqu’à 14 ans d’expérience avec la compagnie, outre le gérant. André Morin compte 20 ans avec la compagnie, dont 14 ans à Hawkesbury et six ans à Gatineau. Les autres succursales de la chaîne sont à Rockland, Maniwaki, Mont-Laurier, St-Georges-de-Beauce, St-Romuald, Plessisville et Magog. » Raymond Farmer, le propriétaire-fondateur de la chaîne, était originaire de Sarsfield dans l’Est ontarien.

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Depuis toujours sans doute, les membres du conseil municipal du Canton de Grenville privilégiaient la langue anglaise pendant leurs délibérations. Mais avec l’adoption de la Loi 101 au Québec, le conseil avait été avisé qu’il devait respecter la loi et avait songé à retenir les services d’un interprète « afin d’assurer que les intervenants francophones lors des assemblées soient entendus dans leur langue ». À ce moment-là, « francophones et anglophones font habituellement leurs présentations au conseil dans la langue de Shakespeare parce que certains conseillers ne maîtrisent que cette langue ». Par contre, « depuis le 30 juin, un conseil municipal du Québec est tenu de garantir qu’un francophone pourra être entendu et recevoir une réponse dans sa langue ». C’était comme ça.

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