En 1969, le canton de Cumberland s’était détaché des comtés unis de Prescott-Russell pour se joindre à la municipalité régionale d’Ottawa-Carleton. « Le canton de Cumberland réclamait des comtés unis une compensation monétaire pour des déboursés qu’il avait faits dans le passé pour des propriétés publiques. » Comme le rapportait Le Carillon du 18 février 1981, « la Commission des affaires municipales de l’Ontario, saisie de l’affaire en 1974, a en effet décidé qu’il n’y avait pas là matière à poursuite. (…) La Commission a décidé que les propriétés publiques n’étaient pas traitées selon la loi comme les actifs d’une société privée, et que donc il n’y avait aucun actif à partager lors de la dissolution. » La MROC avait donc décidé de ne plus chercher à obtenir compensation après douze années de rencontres nombreuses entre les divers intervenants.
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Un petit brin d’histoire dans ma chronique du 21 février 1981 (tiens, tiens, le jour de mes 35 ans!). « L’hôtel Royal, démoli cette semaine, a rappelé certains souvenirs à plusieurs. Très peu se souviennent, toutefois, du temps où l’hôtel était connu sous le nom d’Hôtel Canada Atlantic. C’est là que le club Rotary tenait ses réunions vers 1930. La rue du Carillon, en face de cet hôtel, se nomme précisément la rue Canada-Atlantique, sans doute parce que les gens empruntaient cette rue quand ils débarquaient du quai du Chenail jadis. » Les hôtels King Edward et Royal n’existant plus, il ne restait que l’hôtel Bridge Inn sur la rue Principale. Lui aussi serait démoli quelques années plus tard.
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Dans Le Carillon du début des années 80, nous recevions une chronique de l’Office de l’éducation chrétienne du diocèse d’Ottawa signée par différents prêtres et qui s’intitulait « Lumière sur la route ». Je retiens celle que nous avions publiée dans l’édition du 21 février 1981 sous la plume de l’abbé Gérard St-Denis, maintenant monseigneur et que je croise très régulièrement ici et là dans la région, et qu’il avait titrée « Un monde en question ». (Retraité, Mgr St-Denis aide aux célébrations soit à L’Orignal, soit à Vankleek Hill et partout où on a besoin de ses services pastoraux. Il avait aussi été professeur au petit séminaire quand j’y étudiais.) Je la retiens aussi parce qu’elle fait référence au chef d’œuvre de Luc Plamondon et Michel Berger dont on connaît si bien les chansons et les airs plus de 30 ans plus tard. La voici :
« J’ai vu Starmania. C’est un grand opéra-rock, une dramatique en chansons. C’est monté et interprété avec brio. Mais surtout, c’est d’une densité humaine combien profonde. Certes, comme toute dramatique, Starmania insiste sur des sentiments et des idées au point peut-être de les exagérer. Mais ça demeure tellement vrai…
Un monde de violence… Qui est-ce qui viole les filles? Qui met le feu aux buildings? Préparez-vous pour la bagarre! Autour de nous il tombe des bombes! Je suis la violence personnifiée!
Un monde de solitude… On est toujours tout seul au monde! On n’a qu’une vie, pourquoi la partager? Chacun fait son ego trip! Devant mon miroir, j’ai rêvé d’être une star!
Un monde où se posent avec acuité les grandes questions de l’existence… Tout ce qu’on veut c’est d’être heureux… avant d’être vieux! Je suis vos désirs secrets! J’ai pas d’mandé à v’nir au monde! J’veux pas travailler juste pour travailler! J’suis pas heureux mais j’en ai l’air! J’ai pas d’passé, j’ai pas d’avenir! Pourquoi la vie, pourquoi la mort?
Et un monde d’aspiration, d’appel… J’aurais voulu être un artiste! Dans les villes de l’an deux mille, la vie sera bien plus facile! Laissez-moi partir! Ce soir j’irai voir à travers le miroir si la vie est éternelle! Y a-t-il quelqu’un dans l’univers qui puisse répondre à nos questions, à nos prières?
Devant tout cela, il me vient des réponses ou, au moins des morceaux de réponses… Mais les réponses sont-elles appropriées? Ne faut-il pas surtout écouter les questions et leurs résonnances dans la vie de ceux qui nous entourent, et dans la nôtre? Oui, il me semble qu’il faut entendre les questions, les écouter, se laisser prendre pas les questions. Autrement, que valent les réponses? »