Un autre petit détail que j’avais oublié. Cette fois, c’est une lettre de Mgr Joseph-Aurèle Plourde, archevêque d’Ottawa, dans l’édition du 26 mai 1976. Plourde commente la récente décision de la Communauté des Oblats de Marie-Immaculée de se départir de ses actions dans le journal Le Droit d’Ottawa, dont elle était le principal actionnaire.
« Permettez-moi d’abord de vous dire ma reconnaissance pour le rôle qu’a joué votre Communauté dans l’histoire de ce journal depuis plus de soixante ans. Il est vrai que quand on sait dans quel climat social Le Droit a été fondé en 1913; quand on sait l’urgence qu’il y avait alors de défendre les droits culturels et religieux des Franco-Ontariens; quand on sait les convictions religieuses et patriotiques des fondateurs, on n’est pas surpris de trouver des Oblats parmi eux, à côté de laïcs et de prêtres diocésains de forte trempe. Soyez-en remerciés.
Et maintenant vous voulez non pas quitter, mais partager avec d’autres la responsabilité d’assurer la survie de notre quotidien. J’estime que vous avez raison. Vous avez raison d’abord parce que Le Droit ne poursuit plus, d’une façon aussi claire et nette qu’autrefois, les objectifs du début alors que, pour un grand nombre de ses lecteurs, ils sont aussi valables aujourd’hui qu’alors. Comme principal actionnaire, vous portiez aux yeux du public la responsabilité de ces déviations alors qu’en fait, vous n’aviez pas le pouvoir de les empêcher. Vous avez raison aussi parce que de nos jours aucune communauté ne saurait porter presque seule le fardeau de la concurrence et des problèmes qui se posent dans le domaine des médias d’information.
(…) Que votre décision soit pour tous les Franco-Ontariens l’occasion d’une prise de conscience radicale de l’importance d’un quotidien pour la défense des droits et la promotion des devoirs d’une minorité comme la nôtre. Comment ce souhait se réalisera-t-il? En vendant le journal à une grande chaîne de journaux? Certainement pas, à moins d’avoir l’assurance que la défense de nos droits culturels et religieux aura la priorité sur les gros profits. »
Le vœu de Mgr Plourde ne serait pas exhaussé, les Oblats ayant éventuellement vendu leurs actions à une grande chaîne (Unimédia, je crois), ce qui était leur seule option en réalité. La formule coopérative souhaitée par l’archevêque n’avait pas été concluante du tout dans le cas de la Coopérative de télévision de l’Outaouais, comme je me s’y suis référé dans mon blogue du 3 février dernier.
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« Le gouvernement canadien, qui permet toujours les importations de textiles étrangers, est le principal responsable de la fermeture de notre usine. » Aurèle Nadeau, le gérant-général d’Astro Industries à Hawkesbury, ne pouvait être plus clair. Nadeau commentait au journaliste Charles Burroughs la décision de la société-mère US Industries de fermer son usine de Hawkesbury. Il en est question dans Le Carillon du 26 mai 1976. Astro se spécialisait dans le fil texturisé et l’entreprise se disait « victime, entre autres, de l’instabilité du marché mondial des textiles ». Astro ne serait pas la seule usine de textiles de Hawkesbury à souffrir de la même situation. Astro n’avait pas du tout blâmé son syndicat, rappelant plutôt que « la situation est imputable au manque de planification du gouvernement canadien, qui permet toujours les importations à meilleur compte des textiles en provenance de Taiwan et de Corée ». Versatile Knitting, de Cornwall, avait elle aussi fermé ses portes pour les mêmes raisons. Versatile avait limogé 150 employés, alors que dans le cas d’Astro, il s’agissait plutôt de 15 employés. Cinq ans plus tôt, au plus fort de ses opérations, Astro « fournissait de l’emploi à 42 employés ». Signe de l’époque, « le salaire moyen des employés, regroupés au sein de l’Union internationale des travailleurs du vêtement pour dames, est actuellement de $3.65 l’heure, pour une semaine de 40 heures ».