Comme le rapporte le journal dans son édition du 25 avril 1974, Le Carillon est lui aussi victime de « la grève illégale qui paralyse depuis plusieurs jours le système postal canadien ». Je note que le ministre des Postes est alors André Ouellet, qui deviendra un jour mon président-directeur général à Postes Canada. Le journal avait dû mettre sur pied un service de distribution d’urgence afin d’assurer la livraison aux abonnés. Il fallait parcourir 350 milles « afin de livrer les copies du Carillon aux bureaux de poste, aux camelots et aux dépositaires réguliers ». Et comme le précise l’article, « les maisons d’affaires doivent compter sur le bon esprit de leurs banquiers pour assurer la continuité de leurs affaires, en attendant que les ‘comptes à recevoir’ puissent être perçus et la poste est la plupart du temps le seul moyen de les recevoir. D’autres touchés par le conflit sont les récipiendaires d’assistance sociale et les prestataires d’assurance-chômage, pour n’en nommer que deux groupes. »
Marcel Desjardins, sous son pseudonyme de Paul Huneault, y va de son opinion dans son éditorial de cette semaine-là. « Dire que le ministre des Postes a sous-estimé la détermination des employés du service postal, c’est se montrer bien gentil pour M. André Ouellet. La veille de Pâques, le ministre des Postes s’est fâché devant les caméras de télé et il a affirmé que le malaise était attribuable à une poignée de fiers-à-bras opérant à Montréal. De deux choses l’une: ou le ministre ne savait pas de quoi il parlait, ou il mentait carrément à la population. Depuis une semaine, on sait que le conflit des Postes n’est pas seulement ‘une affaire de Montréal’ mais qu’il est bel et bien national. (…) Et pourtant nul mieux que M. Ouellet ne sait comment le ministère des Postes ne peut endurer de perdre une autre fois de la clientèle par suite d’un arrêt prolongé de travail. M. Ouellet devrait aussi savoir que les syndicats des postes, des pionniers de la négociation collective dans la Fonction publique fédérale, (les postiers et les facteurs négociaient et ‘grèvaient’ avant même que la loi sur les relations de travail ne soit adoptée) n’en sont pas à leur première confrontation. Ces syndicats sont bien organisés et maintiennent un contact quasi permanent avec leurs membres. » Cette influence syndicale à Postes Canada prévaut encore de nos jours.
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Le journal du 25 avril 1974 annonce aussi que les ateliers du Carillon seront dotés d’une « nouvelle presse de marque Cottrell à quatre unités, qui permettra l’impression d’un seul coup d’une section de 32 pages avec plusieurs couleurs ». Nous franchissions toute une étape de celle où le journal était imprimé quatre pages à la fois avec une seule couleur qui étaient ensuite « mariées » dans une seule publication. Le journal avait adopté le procédé d’impression « offset » dix ans auparavant. La nouvelle presse serait installée au début de l’été. Le propriétaire André Paquette avait obtenu du fabriquant, une société américaine de Rhode Island si ma mémoire est fidèle, que les plaquettes d’instruction sur les unités soient en français.
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C’est un nom que j’avais oublié et pourtant… « Un pionnier de la radio française est décédé » peut-on lire en titre dans l’édition du 25 avril 1974 du journal Le Carillon. Rolland Chevrier, de la station CFML, de Cornwall, n’avait que 58 ans. « À l’emploi de CFML depuis 1959, M. Chevrier a passé 32 ans de sa vie au service de la radiophonie française. Avant d’entrer au poste de Cornwall. M. Chevrier était à l’emploi du poste de St-Jérôme où il a organisé de nombreuses tournées de vaudeville dans la région de Montréal. Il a aussi longtemps travaillé pour le défunt journal francophone L’Étoile de Cornwall. « Le principal instigateur et animateur de l’émission Radio-Hawkesbury à la station radiophonique CFML de Cornwall, Rolland Chevrier était aussi très actif au sein de la communauté francophone de Cornwall. Il était membre du club Richelieu, de Couple et Famille et ancien président de la Semaine française. »