Ce portrait remonte à la mi-juillet 1995. J’ai adapté la deuxième phrase du dernier paragraphe pour tenir compte du passage du temps.
Il est là devant moi. Il contient toutes les idées du monde et de tous les temps. Les idées de l’avenir y sont là. Éparpillées, d’accord, mais elles sont là. Mon objet ne le sait tout simplement pas.
Tous les mots du français, de l’anglais, de l’italien, de l’espagnol, de l’allemand, du hongrois, sont là. Dans toutes leurs variantes. Dans toutes leurs significations. Il suffit de savoir comment les trouver. Parce que mon objet est le désordre total.
Encore là, c’est une façon de s’exprimer. Bien que les mots et les idées y soient dans le désordre, l’objet lui-même est symbole d’ordre. Avec lui, impossible de s’y tromper. Sa présence, son apparence, trahit immédiatement sa raison d’être. Avec lui, pas d’obstination. Qu’on lui tape dessus heure après heure, jour après jour, semaine après semaine, année après année, il abandonne rarement.
Mais il n’accepte pas qu’on le maltraite durement. Il déteste la saleté. En fait, il est plus facile de sortir les mots et les idées de lui si on le frôle légèrement. Et plus on le touche rapidement, plus il réagira rapidement. Il est, en fait, l’extension de celui ou de celle qui y appose ses doigts.
Dans la société d’aujourd’hui, mon objet est omniprésent. Que ce soit à la maison, au bureau, à l’usine, à l’hôpital, à l’école, et même chez le mécanicien du coin, mon objet est rapidement devenu essentiel. On ne peut tout simplement plus se passer de lui. Malheureusement, il n’éprouve aucun sentiment, bien qu’il réagisse toujours quand on fait appel à ses services. Sans rouspéter. Sans se plaindre de la charge de travail. Parfois malade, mais rapidement remis sur pied. Et il sait qu’il n’est pas irremplaçable.
Mais il est là. Il aime communiquer. Il est le prolongement du créateur de mots et d’idées. Mais il est foncièrement idiot. Vous le touchez un peu trop à gauche et vos idées deviennent uswwa; un peu à droite, ces idées deviennent ofrrd; un peu en bas, et c’est kcddx.
Sa version originale se retrouve déjà dans les musées des sciences de l’homme. La nouvelle version se transforme elle aussi. On l’adapte de sa forme traditionnelle à une forme dite plus ergonomique. Un grand mot. En fait, on veut qu’il puisse plus facilement sortir les mots et les idées quand l’humain le caresse de ses doigts.
Dans mon cas, il est beaucoup plus qu’un simple objet. Depuis maintenant quarante-cinq ans, il est le prolongement de mon être et de ma personnalité. Il trahit souvent mes sentiments. Il véhicule mes idées et mes opinions. Il vous fait rire et vous fait réfléchir. Même aujourd’hui je fais attention en lui tapant dessus. Que je l’aime mon c-l-a-v-i-e-r.
Réaction intéressante d’un fidèle lecteur. Il y a manifestement plusieurs types de claviers et la transposition des touches pour rendre le mot « idées » variera selon votre ordi personnel. Dans le cas de « mon » clavier, comme je le précise, la transposition est correcte. En passant, si vous voulez voir d’autres claviers, allez sur Google au lien suivant : http://www.google.ca/images?q=clavier+qwerty&rls=com.microsoft:fr-ca:IE-SearchBox&oe=UTF-8&rlz=1I7ADRA_en&um=1&ie=UTF-8&source=univ&ei=x4RBTYzLGIyt8AajyYyLAg&sa=X&oi=image_result_group&ct=title&resnum=1&ved=0CCEQsAQwAA&biw=1365&bih=877
Voici comment j’y suis arrivé : d’abord à la gauche, ensuite à la droite, puis en dessous…
I= U O K
D= S F C
E= W R D
E= W R D
S= A D X
T’as bien raison. Il me fait rire et réfléchir ton c-l-a-v-i-e-r 😉