Caledonia Springs condamné à s’abîmer
Caledonia Springs aménagé en site touristique d’envergure. Voilà une vision à faire rêver tous les apôtres – et ils sont de plus en plus nombreux – du tourisme dans Prescott-Russell. Malheureusement, les chances d’un tel développement sont plutôt minces si l’on en croit des personnes concernées par le développement touristique dans le comté ainsi que ses principaux politiciens.
Et c’est l’argent, encore l’argent, qui semble le principal obstacle à un quelconque développement de l’ancien emplacement des sources de Caledonia. « Il s’agirait d’un projet de très grande envergure puisqu’à ce que j’en sais, il ne reste pratiquement plus rien des anciennes installations. Par conséquent, le travail de reconstitution serait considérable. Et de tels travaux nécessiteraient beaucoup, beaucoup d’argent », estime pour sa part le député provincial de Prescott-Russell, Don Boudria.
Mais si, dans son esprit, les sources suscitaient de l’intérêt chez les touristes à cause du caractère inusité du sujet, M. Boudria ne croit pas que les autorités gouvernementales doivent, pour autant, investir aveuglément dans un tel projet. Il considère qu’une étude de viabilité sera nécessaire auparavant. À partir de cette étape, qui sait, soutient M. Boudria.
Le député fédéral de Glengarry-Prescott-Russell, Denis Ethier, doute que son palier de gouvernement soit prêt à investir dans un projet de restauration de Caledonia Springs. « Surtout dans le contexte économique actuel alors que les fonds sont requis à d’autres fins », précise M. Ethier. Toutefois, il croit qu’un tel projet pourrait intéresser l’industrie privée.
Le président du comité de l’industrie et du tourisme des comtés unis de Prescott-Russell, M. Roma Beaulieu, est lui plus optimiste. Il estime qu’une ébauche adroitement conçue et convaincante ferait peut-être fléchir le gouvernement. Surtout si un tel projet comportait un lieu de séjour pour touristes visitant Ottawa et Montréal, soutient pour sa part un des membres fondateurs du Comité de développement de Prescott-Russell, comité qui, lui-même, parraine l’Association touristique de Prescott-Russell, M. Roger Pommainville.
Selon M. Pommainville, la situation géographique de Caledonia Springs constitue un de ses principaux attributs, ce patelin étant situé à peu près à mi-chemin entre Montréal et Ottawa. Or, estime M. Pommainville, les touristes pourraient effectuer une halte à Caledonia Springs entre leurs visites dans les deux importantes villes. Pendant leur séjour, dont la durée pourrait varier, ils visiteraient sans doute également l’ensemble des comtés. Éventuellement, le site touristique pourrait prendre de l’ampleur, croit M. Pommainville, de telle sorte que les particularités de jadis des lieux pourraient être reconstituées. Celles-ci, estime d’ailleurs le membre fondateur du CRPR, revêtent un attrait incontestable parce qu’elles sont uniques.
L’actuel président du Comité de développement de Prescott-Russell, M. Montcalm Houle, est convaincu de l’intérêt que susciterait une reconstitution à quelque degré que ce soit des sources. Il cite pour appuyer ses dires l’exemple d’une exposition de photos d’époque des comtés unis l’an dernier à l’Expo d’Ottawa. Or, ce sont les photos des facilités de Caledonia Springs qui attirèrent davantage l’attention. Les observateurs s’attardaient longtemps à les regarder et posaient beaucoup de questions, affirme M. Houle. Enfin, il souligne qu’en reconstituant les bains, les promoteurs d’un projet d’aménagement d’un site touristique à Caledonia Springs attireraient une forte clientèle d’amateurs qui sont obligés de s’exiler dans d’autres provinces canadiennes et même aux États-Unis pour satisfaire leurs goûts.
Et comme le concluaient les journalistes Monique M. Castonguay et Yves Rouleau à l’époque :
« En réalité, Caledonia Springs est aujourd’hui le simple nom d’un emplacement pratiquement inhabité au sud-est d’Alfred. Il y subsiste quelques ruines qui rappellent un passé grandiose. »