Les lettres auraient dû être publiques

J’en avais parlé précédemment de cette intervention du gouvernement ontarien dans le remboursement inapproprié de dépenses des membres du Conseil municipal de Hawkesbury. Ces situations irrégulières avaient été soulevées par l’ancien conseiller municipal Claude Demers et une enquête par les vérificateurs de la firme Patenaude, Préfontaine et Cie, avait mené à l’adoption de certaines mesures correctives. Mais le conseiller Demers n’était pas content. Il avait souhaité que les lettres envoyées au Conseil municipal par le ministre ontarien du Trésor, des Affaires économiques et intergouvernementales, Darcy McKeough, soient rendues publiques. Dans le journal Le Carillon du 8 septembre 1976, je rapporte le contenu de ces lettres que le ministre lui-même venait de transmettre à Claude Demers. « Le ministre McKeough soutient que ses lettres auraient dû être déposées lors d’une réunion publique parce qu’elles faisaient suite à une résolution du Conseil adoptée au cours d’une réunion publique de ce Conseil municipal de Hawkesbury. »

Dans ses lettres, en résumé, McKeough déplorait les irrégularités et se référait aux recommandations des vérificateurs, en plus de « se demander ce que la ville entendait faire de la recommandation des vérificateurs à l’effet que les sommes versées illégalement soient récupérées par la ville ». Le maire Philibert Proulx n’avait pas divulgué ces lettres parce qu’il soutenait qu’elles lui étaient adressées et qu’elles étaient donc personnelles. Proulx, comme toujours, ne comprenait pas que son rôle de maire était un rôle public et non personnel. Quant à Rendall Dick, alors sous-ministre du Trésor, des Affaires économiques et intergouvernementales, il avait lui aussi écrit une lettre au citoyen Demers dans laquelle il avait dit « apprécier l’intérêt (de M. Demers) dans un bon gouvernement local » et l’avait encouragé « à poursuivre ses efforts en ce sens ». Comme si Demers avait eu besoin d’encouragement de quiconque. Dick ne faisait que renforcer les convictions de ce fonceur populaire à Hawkesbury. Et finalement, Rendall Dick ajoutait que, « de plus, les citoyens peuvent continuer à rendre publics certains faits, en espérant que la ‘pression publicitaire’ encouragera le Conseil à améliorer ses opérations. D’autre part, les citoyens peuvent toujours entrer dans l’arène politique dans l’espoir de voir élire un Conseil plus responsable. » Voilà pour le message toujours d’actualité 36 ans plus tard… mais des fois, ça ne donne pas grand-chose pour les citoyens de Clarence-Rockland l’ont constaté depuis le dernier scrutin municipal.

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Le journal du 8 septembre 1976 annonce l’arrivée d’un nouveau directeur des loisirs à Hawkesbury, William D. Jermyn, « un unilingue anglophone », décision pas trop intelligente du Conseil de l’époque. Quant à Jermyn, il avait opiné, en se faisant demander s’il trouvait logique d’être unilingue dans une ville à majorité dominante francophone, « que cela dépendrait, en majeure partie, de l’attitude des citoyens envers lui. Je peux lire le français et je le comprends assez bien. D’ailleurs, je suis en train de me perfectionner dans la langue française parlée. Je ne crois pas que ce sera un handicap, si les gens de la ville veulent me donner une chance. Si les citoyens sont avec moi, plutôt que contre moi, tout ira bien. » En 2012, Stephen Harper n’aurait pu dire mieux!

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Le commissaire à la restructuration des comtés unis, Goldyn Sunderland, n’avait pas eu que de bonnes idées. Comme on peut le lire dans le journal du 8 septembre 1976, il avait formulé l’opinion que « l’administration scolaire devrait relever du Conseil des comtés unis et non pas conseils scolaires régionaux ». Sunderland reconnaît la difficulté de concrétiser une telle idée à cause des négociations qui devraient avoir lieu avec le gouvernement provincial, mais il avait estimé que, « étant donné la taxation indirecte telle qu’elle existe actuellement, ce serait une meilleure solution. (…) Il serait nécessaire de créer un Comité d’éducation au sein du Conseil des comtés unis et un chef de service serait responsable de l’administration scolaire au président de ce comité et, conséquemment, au Conseil de comté ». À l’époque, quelques années à peine après le regroupement des conseils scolaires en Ontario de 1969, les élus municipaux se plaignaient continuellement de devoir justifier les hausses de taxes scolaires à leurs contribuables puisque ces taxes scolaires étaient incluses dans la facture d’impôts fonciers municipaux et que les citoyens en blâmaient donc les élus municipaux. Bien sûr, l’idée de Sunderland n’a pas été plus loin que son rapport et cet article dans Le Carillon.

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