Sa réaction était prévisible… Sur les ondes du poste CFML de Cornwall, dans le cadre de l’émission « Hawkesbury vous parle », le maire Philibert Proulx affirme qu’il « ne démissionnera jamais, sera candidat aux élections de décembre et a même conclu qu’il sera maire en 1977 ». J’en parle dans l’édition du 8 avril 1976 du journal Le Carillon. « Le maire a soutenu qu’il n’avait pas de conflit d’intérêts et que ses vacances en Floride n’avaient rien à faire avec sa position de maire. Il a répété qu’il n’acceptera jamais de pot-de-vin et qu’il a le support de tous les membres du Conseil. » Sur ce dernier point, il semblait ignorer que le conseiller Jean-Louis Montreuil avait écrit une lettre au rédacteur nous félicitant pour notre reportage et notre appel à la démission du maire. Le journal avait d’ailleurs reçu de nombreuses lettres (sur deux pages) en ce sens. Tous n’avaient pas été d’accord et le silence de plusieurs en disait long. Un trop grand nombre n’avait rien vu de mal dans les agissements du maire. Quant à Proulx, sur les ondes, « il a repris son thème habituel que les critiques rendent un homme populaire et que ‘Proulx est le plus populaire des comtés’. Il a répété qu’il a ‘fait son possible’, que ‘jamais je démissionnerai’ et qu’il n’a ‘rien fait de mal. » Et Proulx avait ajouté que « son épouse lui demande depuis longtemps de démissionner ».
Toute cette histoire tombait bien mal, comme on peut le lire dans le journal du 8 avril 1976. Pas moins de 155 contribuables avaient présenté une pétition dans laquelle ils « ont demandé au ministre ontarien du Trésor, de l’Économie et des Affaires intergouvernementales la création d’une commission d’enquête pour tirer au clair la situation qui existe actuellement et pour apporter des éclaircissements à des questions restées jusqu’ici sans réponse ». Leur demande n’était pas liée à la question du condo en Floride, mais plutôt aux nombreuses plaintes sur les factures des élus et sur le remboursement de leurs dépenses, de même que sur des irrégularités dans l’octroi de contrats et ainsi de suite, dont les frais liés au projet de complexe sportif. Il n’y a pas eu bien sûr de commission d’enquête. Les prochaines élections de décembre viendront heureusement corriger certaines situations. J’y reviendrai forcément.
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Le juge Louis-Pierre Cécile avait exonéré la CIP de tout blâme à la suite de la mort tragique de trois employés de cette usine le 15 mars 1975. Le ministère du Travail avait porté le jugement en appel et cette fois, le juge Omer Chartrand, de la Cour du comté de Prescott, condamne la CIP à une amende 1 000 $ pour négligence criminelle. La peine maximale qu’aurait pu imposer le juge Chartrand était dix fois plus importante.
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Voilà un maire brave et visionnaire. André Landriault est maire de L’Orignal et, dans un mémoire au commissaire Goldyn Sunderland, il recommande que son village soit fusionné avec le canton voisin de Longueuil. Sunderland est celui qui étudie la restructuration des comtés unis de Prescott et Russell et de leurs municipalités locales. La raison principale invoquée par Landriault? L’influence des usines d’Ivaco sur la population de son village ainsi que l’utilisation des installations des loisirs par les contribuables voisins qui ne paient pas leur juste part. C’est dans l’édition du 14 avril 1976 sous la plume de Charles Burroughs.