Le très gros titre de la une du journal Le Carillon du 11 juillet 1974 est éloquent : « Ethier triomphe » et c’était vrai. Alors que les observateurs avaient cru en une lutte serrée à cause des candidats en cause, le député libéral fédéral sortant Denis Ethier est facilement réélu avec une écrasante majorité de 11 891 votes. Le candidat progressiste-conservateur et maire du Canton de Russell, Bernard Pelot, se classe deuxième avec 6 585 votes, alors que le néo-démocrate Raymond DesRochers, qui avait été omniprésent depuis de très nombreux mois et bien avant le déclenchement d’une élection, se contente de 5 484 votes. DesRochers avait été convaincu de sa victoire. En tout cas, c’est l’impression qu’il dégageait depuis des mois. Quant à Pelot, il avait été rejeté par les électeurs dans son propre canton avec 1 296 votes, alors que DesRochers allait en chercher 1 781 et Ethier, 5 563. Pelot pouvait se dire qu’il avait au moins récolté plus de voix que ses adversaires dans le village de Russell. (Ce village est toujours très conservateur aujourd’hui et chaque élection le démontre.)
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Dans Stormont-Dundas, le ministre du Travail de l’Ontario, Fernand Guindon, avait abandonné son poste pour tenter sa chance au fédéral. Les électeurs lui avaient préféré Ed Lumley, le maire de Cornwall. Les électeurs avaient le choix entre deux candidats très solides, mais ont accordé une pluralité de 4 027 voix à Lumley. Quant à Guindon, il a annoncé le soir de l’élection que c’était la fin de sa carrière politique après 17 années à Queen’s Park.
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À l’échelle du pays lors de cette élection, Pierre-Elliott Trudeau avait repris un gouvernement majoritaire « avec 140 sièges sur 264 et près de 45 p. cent du vote populaire ». Quant aux conservateurs de Robert Stanfield, ils sont passés de 106 députés à 95, pendant que les néo-démocrates de David Lewis dégringolaient à 15 sièges au lieu des 31 qu’ils détenaient auparavant. Les créditistes de Réal Caouette, tous au Québec, passaient de 15 à 12 députés. « Le seul député indépendant sera le maire Leonard Jones, de Moncton, choisi candidat conservateur dans sa circonscription mais désavoué par son chef Robert Stanfield avant les élections. » La preuve qu’en fin de compte, ce sont les électeurs qui décident.
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En éditorial commentant les résultats de l’élection, j’écris que « quoiqu’en disent les partisans des autres partis, Denis Ethier a représenté ses concitoyens comme personne d’autres n’a su le faire depuis longtemps. Son assiduité parfaite aux Communes, son poste de whip du caucus libéral ontarien, sa présidence de l’important comité permanent des travaux publics et des ressources naturelles, sa présence assidue et régulière un peu partout dans les comtés constituent la preuve irréfutable que nous avons eu en Denis Ethier un excellent député ». Les chaussures allaient être très grandes pour le député qui lui succéderait éventuellement.
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J’ai revu Denis Ethier dans le cadre de la dernière campagne électorale fédérale de mai 2011. Il était en grande forme et récoltait encore le grand respect des libéraux de la circonscription… mais pas assez pour influencer le résultat général du scrutin dans « sa » circonscription devenue tristement conservatrice.