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Les pires moments avant les Jeux

par Alain Guilbert

Au moment de publier ces lignes, il reste moins de 24 heures avant l’ouverture officielle des Jeux olympiques de Sotchi en Russie.

Pour le comité organisateur de ces Jeux (Cojo) que les Russes ont obtenu il y a sept ans, ce sont les pires heures de leur mandat.

Pourquoi? Tout simplement parce que tous les journalistes qui assureront la « couverture » de ces Jeux sont déjà arrivés sur place… Et il ne se passe rien… RIEN du tout. Les compétitions ne débutent qu’après la cérémonie d’ouverture. Mais puisque les médias dépensent des sommes faramineuses pour avoir des journalistes sur place, ceux-ci doivent remplir des pages et des pages de journaux, des heures et des heures de radio et de télévision. Mais il ne se passe rien… Tout le monde est occupé à finaliser les derniers détails de l’organisation.

Alors les journalistes cherchent des « bibittes » dans l’organisation, dans les lieux de compétition ou même d’entraînement, dans les services, dans les transports, dans les logements, dans l’hébergement, dans la nourriture, dans la météo, etc. Il y a également tous ces journalistes qui en sont à leurs premiers Jeux et qui ne connaissent rien à un événement du genre. Tous les journalistes qui veulent être accrédités aux Jeux doivent avoir soumis leur candidature au moins une année complète avant le début des Jeux et avoir obtenu une recommandation du Comité olympique de leur pays.

Comme vous le savez, nombreux sont les journalistes qui n’ont pas le sens de l’organisation et qui se retrouvent dans la ville hôte des Jeux deux ou trois jours avant la cérémonie d’ouverture sans avoir rempli quelque formulaire que ce soit avant leur arrivée.

Je me souviens que, la veille de l’ouverture des Jeux de Montréal en 1976, je m’étais retrouvé face à face avec trois « Mongols ». Il s’agissait des premiers « vrais » Mongols que je rencontrais de toute ma vie… eh oui, ils étaient originaires de la Mongolie. Ils se présentent tous trois au centre de presse principal et demandent « leur » accréditation ainsi qu’une position de caméra dans le Stade olympique pour la cérémonie d’ouverture. Les seules positions de caméra dans le Stade olympique étaient réservées exclusivement au télédiffuseur américain (ABC) qui avait payé une « fortune » à l’époque pour les droits de diffusion, et au diffuseur hôte (ORTO – Organisation de la radiotélévision olympique) qui devait fournir les images et le son au monde entier, sauf les É.-U..

Bien sûr, mes nouveaux « amis mongols » n’avaient jamais soumis de demande d’accréditation… ils n’avaient aucune recommandation de la part de leur Comité olympique national (et « by the way », il n’y avait aucun athlète de leur pays qualifié pour les Jeux). Je leur demande quand même de quelle sorte d’équipement technique ils disposent. L’un des trois me répond avec un grand sourire qu’ils ont une caméra 8 mm et il me la montre fièrement (c’est le genre d’appareil qui à l’époque se vendait environ 19,95 $ dans n’importe quelle boutique de caméras). Je ne peux m’empêcher de sourire… Mais ils sont sympathiques… et je leur remets finalement à tous trois une « carte officielle » qui leur donne accès au centre de presse. Ils ne seront pas admis dans le Stade avec cette carte (ni dans aucun autre lieu de compétition), mais ils pourront aller à l’endroit où la plupart des journalistes travaillent et là où il y plein d’écrans de télévision et là où on peut suivre les événements qui se dérouleront plus tard dans chaque lieu de compétition. Mes trois « Mongols » sont bien heureux… et ils me gratifieront de leur plus beau sourire chaque fois que je les verrai dans le centre de presse dans les jours suivants; mais ils m’ont fait perdre plus de deux heures dans une journée où j’avais encore mille tâches (eh oui, j’exagère un peu!) à compléter.

Ce jour-là, j’ai aussi eu à négocier avec plusieurs journalistes allemands qui avaient mille questions à poser sur le financement des Jeux de Montréal, sur le coût des constructions et de l’organisation, sur la sécurité. Ces journalistes ne pouvaient pas se faire à l’idée que Montréal pourrait faire mieux qu’à Munich où avaient eu lieu les Jeux précédents et où la délégation israélienne avait été victime d’un attentat terroriste; ce qui a obligé tous les comités organisateurs suivants à des déployer des centaines de millions de dollars pour des opérations de sécurité plus impressionnantes les unes que les autres.

Heureusement, quand les compétitions commenceront vraiment samedi, tous les journalistes qui sont à Sotchi se disperseront dans les différents lieux de compétition et pourront remplir les pages de leurs journaux de même que les heures de diffusion de leurs réseaux de radio ou de télévision avec les exploits des athlètes – après tout, ce sont eux (les athlètes) qui sont les vraies vedettes de ces Jeux.

Petit test de connaissances au sujet des Jeux

Incidemment, savez-vous où ont eu lieu les Jeux olympiques d’hiver avant ceux de Sotchi?

Si les Jeux d’été modernes ont commencé à Athènes en 1896, les Jeux d’hiver, eux, ont commencé seulement en 1924 à Chamonix (dans les Alpes françaises).

Voici d’ailleurs tous les endroits où les Jeux d’hiver ont été tenus :

1924 – Chamonix (France)
1928 – St Moritz (Suisse)
1932 – Lake Placid (États-Unis)
1936 – Garmisch-Partenkirden (Allemagne)
1940 – Sapporo (Japon) – ces Jeux n’ont pas lieu à cause de la Seconde Guerre mondiale
1944 – Cortina d’Ampezzo (Italie) – ces Jeux n’ont pas lieu à cause de la Seconde Guerre mondiale
1948 – St Moritz (Suisse)
1952 – Oslo (Norvège)
1956 – Cortina d’Ampezzo (Italie)
1960 – Squaw Valley (États-Unis)
1964 – Innsbruck (Autriche)
1968 – Grenoble (France)
1972 – Sapporo (Japon)
1976 – Innsbruck (Autriche)
1980 – Lake Placid (États-Unis)
1984 – Sarajevo (Yougoslavie)
1988 – Calgary (Canada)
1992 – Albertville (France)
1994 – Lillehammer (Norvège)
1998 – Nagano (Japon)
2002 – Salt Lake City (États-Unis)
2006 – Turin (Italie)
2010 – Vancouver (Canada)
2014 – Sotchi (Russie)
2018 – Pyeongchang (Corée) – à venir

Comme vous le constatez, trois de ces villes (ou régions) ont organisé les Jeux d’hiver à deux reprises. Il s’agit de Lake Placid, Innsbruck et St Moritz.

Pour les Jeux d’été, une seule ville les a organisés trois fois… il s’agit de Londres (Grande-Bretagne); Athènes, Paris et Los Angeles les ont organisés deux fois chacune; et Tokyo en sera à sa 2e fois aussi leurs des Jeux d’été 2020.

Les pays qui ont organisé les Jeux le plus souvent sont les États-Unis avec huit fois… soit quatre fois les Jeux d’été et quatre fois les Jeux d’hiver.

Le Canada a organisé trois fois les Jeux, soit les Jeux d’été 1976 à Montréal ainsi que les Jeux d’hiver à Calgary (1998) et Vancouver (2010).

Quant aux continents qui ont accueilli le plus souvent les Jeux, c’est bien sûr l’Europe qui vient en tête de liste avec 30 fois (16 fois les Jeux d’été et 14 fois les Jeux d’hiver)

L’Amérique du Nord vient en 2e place avec 12 fois (soit six fois les Jeux d’été et six fois les Jeux d’hiver).

Petite astuce : Comment l’Amérique du Nord a-t-elle pu organiser les Jeux d’été six fois, si les États-Unis l’ont fait quatre fois et le Canada une fois (comme mentionné précédemment)? Pour la bonne et simple raison qu’il y a aussi eu des Jeux d’été à Mexico en 1968 (et que Mexico fait partie de l’Amérique du Nord). Les Jeux de Rio de Janeiro en 2016 seront disputés en Amérique du Sud pour la première fois de l’histoire.

À la prochaine…

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Les gars… plus « moumounes » que les filles?

par Alain Guilbert

Les « gars » seraient-ils plus « moumounes » que les filles? Quand j’ai commencé à écrire ces commentaires en marge des Jeux olympiques de Sotchi, j’avais mentionné que je pouvais être (un peu) « baveux » à l’occasion. Je ne l’ai pas vraiment été lors de mes premiers commentaires… mais je le serai sans doute un peu aujourd’hui.

On répète souvent que le fait pour un athlète de porter le drapeau du Canada lors de la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques porte malheur. Nous savons tous que le fait d’être choisi par le Comité olympique canadien pour agir comme porte-drapeau est considéré comme un très grand honneur et les athlètes qui sont choisis pour le faire ont déjà fait leurs preuves sur la scène internationale et sont choisis justement parce qu’ils sont susceptibles d’inspirer les autres athlètes.

On a aussi souvent répété que le fait d’être porte-drapeau pour le Canada portait malheur à « l’heureux élu » ou « l’heureuse élue ». Je me suis donc rappelé des noms de plusieurs de nos récents porte-drapeau pour vérifier si cette croyance représentait une réalité ou faisait tout simplement partie d’une légende urbaine. Je vous cite donc quelques athlètes qui ont été choisis pour porter le drapeau au cours de récents Jeux olympiques :

– Kurt Browning, un patineur artistique, lors des Jeux de Lillehammer (1994);
– Jean-Luc Brassard, un skieur acrobatique, lors des Jeux de Nagano (1998);
– Catriona Le May Doan, une patineuse de vitesse longue piste, lors des Jeux de Salt Lake City (2002);
– Danielle Goyette, une membre de l’équipe de hockey féminine, lors des Jeux de Turin (2006);
– Clara Hugues, une patineuse de vitesse longue piste, lors des Jeux de Vancouver (2010);
– Simon Whitfield, un spécialiste du triathlon, lors des Jeux de Londres (2012);

– Hayley Wickenheiser, une membre de l’équipe de hockey féminine lors des quatre derniers Jeux olympiques d’hiver et encore cette année aux Jeux de Sotchi (2014).

Nous avons donc trois hommes et trois femmes choisis au hasard au cours des 20 dernières années, ainsi que l’élue de cette année. Le fait d’être porte-drapeau leur a-t-il porté malheur comme le veut la « croyance populaire »? Examinons ce qui s’est passé dans chaque cas.

Quand Kurt Browning a été choisi pour les Jeux de Lillehammer en 1994, ses exploits parlaient d’eux-mêmes. Non, il n’avait pas gagné de médaille olympique lors des Jeux précédents, mais il avait couronné 1er quatre fois et 2e, une fois, lors des cinq précédents championnats du monde. Il n’avait que terminé 6e dans sa discipline aux Jeux d’Albertville. Son résultat à Lillehammer : 5e… donc, pas de médaille.

Lors des Jeux de Nagano, c’est Jean-Luc Brassard qui avait été choisi comme porte-drapeau. Après avoir terminé 7e à Albertville, Jean-Luc avait obtenu une médaille d’or à Lillehammer avec son « fameux saut du cosaque » dans la descente en bosses. Jean-Luc avait terminé en 4e place à Nagano, juste en bas du podium, et il avait attribué sa « non-performance » à tous les « dérangements » que son rôle de porte-drapeau lui avait causés.

Pourtant, quatre années plus tard, lors des Jeux de Salt Lake City, c’est Catriona Le May Doan qui avait été choisie comme porte-drapeau, sans doute pour s’être emparée de la médaille d’or dans l’épreuve de 500 mètres en patinage de vitesse longue piste aux Jeux de Nagano. « Dérangements » ou « malheur » ne sont pas manifestés puisque Catriona a remporté une autre médaille d’or dans la même discipline où elle s’était imposée quatre années plus tôt. C’était la première fois de l’histoire qu’un Canadien ou une Canadienne remportait la médaille d’or dans la même épreuve individuelle lors de Jeux olympiques consécutifs.

Puis, ce fut au tour de Danielle Goyette, l’une des vedettes de l’équipe canadienne de hockey sur glace de remplir le rôle de porte-drapeau lors des Jeux de Turin en 2006. Danielle avait joué un rôle important dans la conquête de la médaille d’or canadienne à Salt Lake City en 2002. Et devinez quoi? Mais oui, l’équipe canadienne, avec Danielle Goyette dans un rôle principal, a encore remporté la médaille d’or.

À Vancouver, lors des Jeux de 2010, c’est Clara Hugues, la plus grande athlète canadienne de tous les temps (je vous ai expliqué pourquoi dans mon commentaire précédent!) qui avait été choisie comme porte-drapeau. Elle avait obtenu deux médailles à Turin : l’or dans le 5000 mètres de patinage de vitesse longue piste et l’argent dans l’épreuve de poursuite par équipe. Et bien sûr, Clara a remporté une autre médaille, celle-là de bronze, dans son épreuve favorite, le 5000 mètres de patinage de vitesse longue piste.

Plus récemment, à Londres, lors des Jeux d’été 2012, c’est Simon Whitfield, gagnant de la médaille d’or au triathlon lors des Jeux de Sydney 2000 et d’une médaille de bronze dans la même discipline aux Jeux de Pékin 2008 (en plus d’une 11e place aux Jeux d’Athènes 2004) qui avait été choisi comme porte-drapeau. Les choses n’ont vraiment pas bien été pour lui… alors qu’il a terminé en 15e place dans la 1re épreuve du triathlon, la natation, et qu’il s’est fracturé une épaule lors d’une chute à bicyclette dans la 2e épreuve du triathlon, ce qui, évidemment, l’a empêché de compléter la compétition.

Il reste Hayley Wickenheiser, la porte-drapeau des Jeux de Sotchi 2014…

En conclusion, croyez-vous vraiment que le fait de porter le drapeau lors des cérémonies d’ouverture des Jeux porte malheur aux athlètes canadiens? Comme vous l’avez sans doute constaté, porter le drapeau ne semble pas favoriser les gars… mais les filles performent tout aussi bien ou mieux encore qu’à leurs Jeux précédents. Dans ce contexte, nous pouvons croire qu’Hayley Wickenheiser comme porte-drapeau, l’équipe féminine va encore remporter la médaille d’or. Après tout, peut-être les gars sont-ils juste plus « moumounes » que les filles?

À la prochaine…

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Que vaut une médaille olympique? (suite)

par Alain Guilbert

Dans mon texte précédent, je soulignais que les médailles olympiques avaient beaucoup plus de valeur que les médailles obtenues lors de coupes du monde (qui comportent plusieurs épreuves chaque année) ou lors de championnats du monde (qui ont lieu tous les ans ou tous les deux ans, selon les sports). Les médailles olympiques, vous le savez, ne sont distribuées qu’une fois tous les quatre ans. Mon ami François Godbout, un exceptionnel compagnon de travail au Comité organisateur des Jeux de Montréal et un grand joueur de tennis, me rappelait justement une citation de Pagnol sur le sujet : « Le titre olympique, pour plusieurs sports (dont le tennis), c’est comme les allumettes, il ne sert qu’une fois. » (Pagnol)

Un ex-membre du Comité international olympique, Artur Takac, qui avait accepté le poste de conseiller spécial du président au Comité organisateur des Jeux de Montréal, comparait les sports à une pyramide – il y a beaucoup de places à la base de la pyramide… mais seulement UNE au sommet. Il disait que, pour n’importe quel athlète, il était relativement facile d’être le meilleur de son école ou de son village… puis de sa région… puis de sa province. Déjà, dans ce, dernier cas, le défi n’est pas si facile… et il est encore moins facile pour devenir le meilleur de son pays; puis, défi ultime, pour devenir le meilleur au monde, particulièrement dans le cadre des Jeux olympiques où les yeux du monde entier sont braqués sur lui (ou elle). En cas d’échec, la chance de se reprendre ne reviendra que dans quatre longues années… alors que des centaines ou des milliers d’autres athlètes auront quitté la base de la pyramide pour s’approcher à leur tour de son sommet.

Et maintenant, demandons-nous s’il existe des médailles olympiques qui ont plus de valeur que d’autres. Selon moi, la réponse est définitivement affirmative! Et quelles sont ces médailles qui ont plus de valeur que d’autres? Ce sont celles qui exigent des athlètes qui les obtiennent de puiser jusqu’à leur dernière once d’énergie au plus profond d’eux-mêmes et qui peuvent supporter des niveaux de souffrance qui serait intolérable pour au moins 99,99 % d’entre nous. Quels sont ces sports ou ces épreuves? Vous les connaissez probablement autant que moi. Dans les sports d’été, je pense au marathon ainsi qu’aux courses de fond comme les 10 000 et 5000 mètres ainsi que le 3000 mètres « steeple »; il y a aussi le décathlon (10 épreuves d’athlétisme en deux jours) de même que les plus longues distances en canoé et en aviron. Vous vous souvenez sûrement d’avoir vu à la télévision la fin d’une course de 10 000 mètres avec huit avironneurs (et un barreur). Ces athlètes sont tellement vidés (je ne parle pas nécessairement du barreur) qu’il leur serait sans doute impossible de franchir 25 mètres de plus. Dans les sports d’hiver, je pense surtout aux courses longue distance, 20 km et 50 km, en ski de fond, de même que les courses les plus longues en patinage longue piste, comme le 10 000 mètres chez les hommes et le 5000 mètres chez les femmes. Oui, il y en d’autres qui répondent aux critères mentionnés; ce ne sont que des exemples.

Ce qui m’amène à vous parler d’une athlète exceptionnelle, sans aucun doute, la plus grande athlète de tous les temps dans l’histoire du sport canadien…. Clara Hugues. Cette athlète qui est née à Winnipeg et vit maintenant près de Sutton dans les Cantons de l’Est, n’a pas remporté une médaille olympique, ni deux, ni trois… mais bien 6 (SIX) au cours de sa longue carrière… soit quatre en patinage de vitesse longue piste et deux en cyclisme : une médaille d’or, une d’argent et quatre de bronze. Ses exploits ont été accomplis dans quatre Jeux olympiques différents : Atlanta en 1996, alors qu’elle avait obtenu deux médailles de bronze en cyclisme; Salt Lake City en 2002, avec une médaille de bronze dans l’épreuve de 5000 mètres de patinage longue piste; Turin en 2006, où elle a remporté la médaille d’or dans l’épreuve de 5000 mètres au patinage longue piste et la médaille d’argent dans la poursuite par équipe au patinage longue piste; Vancouver en 2010, où elle a remporté la médaille de bronze dans sa discipline préférée, le 5000 mètres au patinage longue piste. Elle a pris sa retraite « officielle » après les Jeux de Londres de 2012, à quelques semaines de ses 40 ans, après avoir raté le podium lors de la course de cyclisme contre la montre sur route, mais non sans avoir « chauffé » ses adversaires dans la première moitié de l’épreuve.

Clara est la seule Canadienne à avoir remporté des médailles olympiques tant aux Jeux d’hiver qu’aux Jeux d’été. Seulement trois athlètes au monde peuvent revendiquer un tel exploit.

Qu’est-ce qui faisait la force de Clara tout au long de sa carrière? C’est exactement ce dont je parlais précédemment dans ce texte, « sa capacité à puiser jusqu’à la dernière onze d’énergie au plus profond d’elle-même et à endurer la souffrance au-delà du ‘tolérable’ ».

Au cours de mes années à Postes Canada, nous étions bien identifiés à l’équipe et aux athlètes de ski acrobatique du Canada. Mais ce que beaucoup de moins de gens savent, c’est que nous avons aussi commandité pendant quelques années l’équipe canadienne de patinage de vitesse en général, de même que Clara Hugues en particulier. À l’époque, elle écrivait un journal, lequel était distribué aux autres athlètes de patinage de vitesse pour les motiver. Clara avait eu la gentillesse de m’inscrire sur sa liste de distribution. J’ai gardé dans mes bases de données quelques-uns de ses textes que je trouvais particulièrement inspirants.

Vous savez peut-être qu’en patinage de vitesse longue piste, la plus longue épreuve pour les femmes est de 5000 mètres, alors qu’il y en a une de 10 000 mètres pour les hommes. Un jour, une patineuse allemande avait décidé de compléter une course de 10 000 mètres pour établir, ce qu’on considérait, un « record non officiel » pour les femmes sur cette distance. Un jour Clara Hugues s’est donné comme défi de surpasser ce « record non officiel ». Elle a convaincu l’une de ses collègues de patiner avec elle pour la soutenir dans cette épreuve qui serait disputée sur la patinoire olympique des Jeux de Calgary. Ce qu’elle ne savait pas, c’est que presque toute l’équipe canadienne de patinage de vitesse serait sur place pour la soutenir.

Dans le texte qu’elle a écrit à la suite de son exploit, vous découvrirez comment Clara pouvait puiser dans son énergie et repousser ses limites de tolérance à la douleur… ce qui explique très bien pourquoi elle est une si grande athlète et pourquoi ses médailles, même celles de bronze, valent beaucoup plus que bien d’autres médailles olympiques.

Le texte est rédigé uniquement en anglais… mais je suis convaincu que vous comprendrez parfaitement ce qu’elle exprime…

JUST FOR THE FUN OF IT
Athlete Journal by Clara Hughes

Saturday, March 12, 2005, Calgary, Alberta

Sometimes I wonder about myself, where I get ideas that seem so good at the time. With the season all but officially over, I returned home after the World Championships wondering what I was thinking when mentioning the idea of skating a 10,000m race at the Olympic Oval Finale, the season-closer for speed skating. I not only made the mistake of vocalizing this idea, I took it another step further and convinced training partner Catherine Raney to go the distance with me. My main selling point was that I would pay her entry fee and, oh yah, it would be ‘fun’.

Returning home from Europe Wednesday afternoon did not bode well for the motivation factor with the ladies open 10km a few days later on Friday night. The fact that it was night, and for my body, morning (my calculations: 3am body-clock time) did not help matters, either. Training for the week entailed shopping in Torino, Italy, where the team spent a few days before coming back, and five laps and two accelerations on the ice Thursday morning. My theory was I had enough residual fitness to get me through about anything. At least that’s what I thought…

After lying in bed all day, I left for the oval bitter after failing to sleep as planned in the afternoon. Jet lag does funny things to the body: I loathe it at the best of times and despise it more than ever while setting out the oval, feeling like I was sleep walking.

My best attempts to offhandedly convince Catherine, who I convinced to do the race in the first place, that we should bail out of the race failed and after a bumped up start time, (which we managed to delay after our coaches begged for a resurfacing, knowing my intentions of trying to break a somewhat mythical ‘unofficial’ record set by German skater Gunda-Neiman over a decade before…) we made our way to the line.

I couldn’t help but laugh that we were actually going to skate the 25-lap race. I have seen the distance covered by myriad teammates; seen them suffer through good races and bad, and now it was my turn. Unbeknownst to me, most of our training group came just to cheer us on. Their encouragement was to be invaluable when the race became, as it inevitably does, really, really hard.

From the beginning of the race, I felt the rhythm set in. Lap after lap passed and I felt like a metronome, so precise was the pace. After ten laps or so, the encouragement from the coaches changed from early technical cues to ‘STAY AWAKE’ and ‘DON”T FALL ASLEEP’. People have told me that when a skater gets into that 10km zone, it is easy to space out and before you know it, the lap times begin to slow. I was lucky that each time that happened, the coaches saw and reacted with these cues that made me refocus and build the next turn, get the rhythm back.

It wasn’t until 11 laps to go that I noticed the lap-counter board. It was a conscious effort that did not allow me to look before that, and when I saw more than half of the race was over and I was ahead of the legendary world record, I knew there was no way I was going to slow down.

At 7 laps to go it really started to hurt. But, like so many times before, I have faced the ultimatum of when the body wants to shut down and the brain has to override all rational thought and desperation. Only, I had never reached that point after so many laps. The fighter in me prevailed, and though I could feel the slobber running down my chin, I ignored the display of suffering that I was and pushed on.

The cheers of teammates pulled me through those last few laps, across the finish line and to the realization that I broke Gunda’s record by three seconds. Even Catherine set a record, chopping over a minute of the USA mark set only the weekend prior. Though exhausted, we felt giddy with the fact that we actually finished the distance. We did it, and it was fun. There was really nothing to gain by doing the race: no prize money, no ‘official’ record, and no glory save for the much-appreciated high fives from the team. Yet there was so much to gain.

After the pressure of a long season, in a pre-Olympic year where stress is but a mere fraction of what it will be the following year, it was so beautiful to go and skate ‘just for the fun of it’. Even looking at the time I skated, really, it is nothing compared to the record I broke. Gunda skated that unbelievable race on traditional, non-klap speed skates. I don’t know how she did that, and can only imagine what she could have done with the equipment I skated on yesterday.

And, as Catherine and I both agreed, we’d do it again.

Well, maybe…

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Que vaut une médaille olympique?

par Alain Guilbert

Les Jeux olympiques n’ont lieu qu’une seule fois aux quatre ans, ce qui explique pourquoi il est si difficile de gagner une médaille, particulièrement une médaille d’or… Il arrive souvent qu’un athlète domine facilement « son » sport à longueur d’année.

Je pense particulièrement à un ami de longue date, Nicolas Fontaine, qui pendant une dizaine d’années aura été le meilleur sauteur (aérialiste) au monde en ski acrobatique. Ce sport (le ski acrobatique) est apparu pour la première fois dans le programme olympique aux Jeux d’Albertville en 1992 à titre de « sport de démonstration ». C’est Lloyd Langlois, un athlète de Magog et surtout un « innovateur » en matière de sauts, qui avait obtenu la médaille d’or avec deux sauts considérés comme « époustouflants » à cette époque. Nicolas Fontaine, son élève et fidèle compagnon, avait terminé sur la 2e marche du podium. Mais comme le ski acrobatique n’était alors qu’un « sport de démonstration », ces médailles ne comptent pas dans les statistiques officielles des Jeux.

Les Jeux olympiques d’hiver suivants ont eu lieu à Lillehammer en 1992. Normalement, les Jeux olympiques étaient présentés tous les quatre ans. Les Jeux d’été dits modernes ont commencé en 1896 à Athènes et ont eu lieu, depuis, à tous les quatre ans… sauf en 1916 (durant la Première Guerre mondiale) et sauf en 1940 et 1944 (durant la Seconde Guerre mondiale). Les Jeux olympiques d’hiver, eux, ont fait leur apparition seulement en 1924… et eux aussi avaient lieu tous les quatre ans, sauf en 1940 et 1944 (durant la Seconde Guerre mondiale).

Quand les Jeux de Montréal ont eu lieu en 1976, la télévision avait d’une certaine façon pris le contrôle de l’événement. Pour les Jeux de 1976, le réseau américain ABC avait versé la somme « faramineuse » (du moins à cette époque) de 25 millions $ pour obtenir l’exclusivité de la télédiffusion aux États-Unis. C’était alors le plus important contrat de télévision de l’histoire. En incluant les droits versés par les pays européens et les autres, l’ensemble des droits atteignait environ 40 millions $. Aujourd’hui, tout le monde rit de ces sommes. Les Américains seuls versent plus d’un milliard pour les Jeux d’hiver… et bien plus encore pour les Jeux d’été.

Comme les Jeux d’été et les Jeux d’hiver avaient toujours lieu la même année jusqu’en 1992, c’est à cette époque les Américains ont fait pression sur le Comité international olympique pour briser le cycle des Jeux d’hiver et des Jeux d’été parce que c’était devenu trop exigeant pour les réseaux comme NBC ou ABC de payer les droits de télédiffusion pour les Jeux d’été et les Jeux d’hiver la même année.

Le CIO s’est soumis aux exigences des télévisions américaines… et c’est ainsi qu’après les Jeux d’hiver de 1992 à Albertville, il y a eu d’autres Jeux d’hiver à Lillehammer (Norvège) en 1994, deux ans après les précédents. Et depuis ce temps, les Jeux d’été ont lieu tous les quatre ans, comme toujours, de même que les Jeux d’hiver, mais dans un cycle différent.

J’en reviens donc à mon ami « Nico » Fontaine, qui après sa médaille d’argent des Jeux d’Albertville, médaille qui ne compte pas puisque son sport était en démonstration, s’amène à Lillehammer rempli de confiance pour s’emparer de la médaille d’or, surtout que son ami Lloyd Langlois a pris sa retraite. Mais les choses ne vont pas comme « Nico » le souhaitait; il termine en 4e place… juste en bas du podium… sans médaille. Bien sûr, il est déçu, mais il entend bien se reprendre lors des Jeux suivants à Nagano (Japon) en 1998; mais les choses ne vont pas mieux pour lui… cette fois, il termine 10e… bien, bien loin du podium, même s’il est considéré comme l’un des meilleurs au monde dans sa discipline. Mais Nico n’abandonne pas; il gagne la Coupe du monde (la somme de toutes les épreuves d’une année) pendant quatre années consécutives…. un exploit sans précédent et qui n’a pas été répété. Il est le meilleur au monde; ses résultats le prouvent hors de tout doute. Il arrive donc aux Jeux de Salt Lake City plein de confiance, sachant qu’il est tout près de son rêve, celui d’obtenir une médaille d’or aux Olympiques.

Mais, encore une fois, les choses ne se déroulent pas comme il le souhaitait… comme il l’avait rêvé… La pression, probablement, « Nico » ne se qualifie même pas pour les finales. Son bilan olympique? Médaille d’argent qui ne compte pas vraiment… puis 4e place… puis 10e place… puis exclus de la finale composée des 16 premiers lors des qualifications. Il ne progresse pas… il régresse… et malheureusement, l’heure de la retraite a sonné pour lui. Pourtant, il était le meilleur au monde – sans aucun doute entre les années 1998 et 2002 – et l’un des meilleurs au monde de 1992 à 1998. Pourquoi une médaille d’or olympique vaut-elle autant? Pas nécessairement en dollars… mais surtout en estime de soi… parce qu’elle est tellement difficile à obtenir.

Je vous parle du ski acrobatique parce que j’y ai été personnellement associé pendant plus de 10 ans. J’ai assisté à une douzaine d’épreuves de la Coupe du monde; j’ai assisté à des championnats du monde; j’ai assisté aux Jeux olympiques de Salt Lake City. Lorsque j’étais à Postes Canada, nous avons commandité l’équipe canadienne de ski acrobatique, mais aussi plusieurs athlètes, dont Nicolas Fontaine (bien sûr), Deidra Dionne (médaillée de bronze à Salt Lake City), Jennifer Heil (4e place à Salt Lake City – un tout petit dixième de point derrière la médaille de bronze – puis médaille d’or à Turin et enfin médaille d’argent à Vancouver); Jeff Bean, 4e place par « des poussières » à Salt Lake City… et d’autres. J’ai côtoyé les « bosseurs » de Jean-Luc Brassard jusqu’à Alexandre Bilodeau; ainsi que les « sauteurs » comme Nicolas Fontaine et tous ceux qui l’ont suivi jusqu’aux Jeux de Turin. J’ai côtoyé ces athlètes pendant des années; je me considérais comme « un ami » pour eux et je crois sincèrement qu’eux aussi me considéraient comme « un ami ».

Malgré toutes leurs performances en Coupe du monde, et même en Championnat du monde, les médailles olympiques ont été plutôt rares pour ces athlètes. Dans les « bosses », on peut nommer Jean-Luc Brassard, Jennifer Heil (deux fois) et Alexandre Bilodeau. Dans les « sauts », Veronica Brenner et Deidra Dionne. Ce n’est quand même pas beaucoup dans un sport où le Canada est considéré comme l’un des meilleurs au monde.

Quelle sera la performance canadienne cette année à Sotchi dans ces deux disciplines du ski acrobatique que sont les sauts et les bosses? (Depuis les Jeux de Vancouver, on y a ajouté la demi-lune et le ski cross avec lesquels je suis moins familier).

Dans les « bosses », Alexandre Bilodeau, médaillé d’or à Vancouver, et Michael Kingsbury, la grande vedette mondiale des deux dernières années, pourraient se retrouver tous deux sur le podium. Il s’agirait d’une première pour le Canada. Chez les femmes, le Journal de Montréal, dans un texte publié le 21 janvier dernier, parlait des trois sœurs Dufour-Lapointe et de leur rêve de se retrouver toutes les trois sur le podium. Bien sûr, c’est un rêve… mais selon moi, un « rêve impossible »… La seule de trois sœurs Dufour-Lapointe (Chloé, Justine et Maxime) que je vois sur le podium est Chloé, la plus jeune des trois.

Bien performer en Coupe du monde est une chose… bien performer aux Olympiques en est une autre. Demandez à Nicolas Fontaine ce qu’il en pense. Il faut rêver « grand » et « haut »… mais on dirait que les podiums olympiques sont plus petits… et plus hauts que tous les autres podiums du monde.

Voilà pourquoi une médaille olympique vaut tellement.

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Les Canadiens excellent dans de nouveaux sports

par Alain Guilbert

Dans la note chapeautant le tout premier de mes commentaires au sujet des Jeux olympiques de Sotchi, j’écrivais que mes textes pourraient à l’occasion afficher un ton « baveux »… ce qui ne s’est pas encore produit jusqu’à maintenant. Mais un vieil ami m’a rappelé un incident survenu il y a plus de 37 ans où ce n’était pas moi qui avais été « baveux », mais bien lui. Bien sûr, en racontant cette aventure, je serai bien loin des Jeux de Sotchi… mais je vous promets que cela ne se produira pas très souvent.

Le souvenir de cet incident est tellement présent dans ma mémoire que je peux m’empêcher de vous le raconter…

C’était pendant les Jeux olympiques de Montréal (en 1976) alors que je remplissais le rôle de chef de presse adjoint. Ayant acheté des billets un an avant les Jeux, j’ai pu inviter plusieurs membres de ma famille aux cérémonies d’ouverture et de clôture… J’ai aussi invité un ami et voisin de Sherbrooke, Robert « Bob » Martimbault, à une soirée de natation à la piscine olympique alors qu’on y disputait de nombreuses finales et que les gradins étaient remplis au maximum de sa capacité.

Profitant d’un moment de relâche en cours de soirée, j’ai quitté mon poste dans le Centre de presse pour aller rejoindre mon ami « Bob » pour quelques minutes. Nous en avons profité pour visiter ce spectaculaire édifice situé sous la tour du Stade et aussi faire une « pause pipi ». En sortant des toilettes, nous (Bob et moi) sommes arrivés face à face avec un spectateur qui était « déguisé en drapeau américain ». En effet, tous les vêtements qu’il portait, soit « tee-shirt », « shorts », casquette, bas, souliers de toile, foulard au cou, sac de style « pack-sack »… tous sans exception affichaient un ou des drapeaux américains. Je n’en avais jamais tant vu sur une seule personne!

Toutes les personnes qui croisaient ce visiteur se tournaient pour s’assurer qu’elles ne rêvaient pas. Bob, lui, s’est arrêté en plein devant le gars et d’un ton pour le moins sarcastique, il lui a demandé dans son anglais avec le pur accent de Drummondville (sa ville natale) : « YOU… AMERICAN? » Tous ceux et celles qui l’ont entendu ont éclaté de rire… Après toutes ces années, j’en ris encore… et cet incident je l’ai certainement raconté 100 fois plutôt qu’une… merci, « Bob », de m’avoir rappelé que toi aussi tu pouvais être « baveux » à l’occasion!

Pour revenir aux Jeux de Sotchi, rappelons-nous que le Comité olympique canadien et son président Marcel A. (qui incidemment achève son mandat) ont prédit une fois de plus que l’équipe canadienne remporterait le plus grand nombre de médailles de son histoire. Vous vous souviendrez que le Canada avait remporté 26 médailles à Vancouver, dont 14 d’or. Ce total était quasi inespéré. Les athlètes sont certainement mieux entraînés et mieux préparés qu’autrefois, mais examinons les résultats canadiens lors des plus récents Jeux olympiques d’hiver pour constater notre progression.

Jeux                        Or  Argent  Bronze  Total

Calgary 1988                 0         2         3             5
Albertville 1992            2         3         2              7
Lillehammer 1994        3         6         4            13
Nagano 1998                 6          5         4            15
Salt Lake City 2002     7          3         7            17
Turin 2006                    7        10         7            24
Vancouver 2010         14           7         5           26

Comment expliquer cette incroyable progression depuis Calgary soit un quart de siècle à peine? Nous sommes passés de cinq médailles à 26, un gain de plus de 500 %.

Comme je l’ai dit précédemment, les athlètes sont mieux entraînés et préparés qu’autrefois. Mais il y une autre explication dont on ne parle pas très souvent… c’est l’ajout de disciplines dans lesquelles peu de pays participent et dans lesquelles les Canadiens excellent.

Par exemple, lors des Jeux de Calgary, il n’y avait que deux épreuves de ski acrobatique (les bosses et les sauts) pour les hommes et les deux mêmes pour les femmes. Aujourd’hui le ski acrobatique compte au moins quatre épreuves pour les hommes (les bosses, les sauts, la demi-lune et le ski cross) et autant pour les femmes. En conséquence, le nombre de médailles est doublé. Et à Calgary, il n’y avait pas d’épreuves de planche à neige (snowboarding). Aujourd’hui, il y en a au moins trois pour les hommes (demi-lune, obstacles et snow-cross) et autant pour les femmes), ce qui représente 18 médailles supplémentaires à gagner. Autre exemple, à Calgary, le patinage de vitesse courte piste en était à sa première présence à titre de sport de démonstration… ce qui signifie que les médailles gagnées à Calgary ne sont pas incluses dans les résultats puisqu’il ne s’agissait pas d’un sport officiel… ce qu’il est devenu par la suite. Les épreuves y sont nombreuses, 500 mètres, 1000 mètres, 1500 mètres, 5000 mètres, 10 000 mètres (hommes seulement) ainsi que plusieurs relais. Des dizaines de médailles à gagner pour les hommes et les femmes… et les pays qui se les partagent ne sont pas très nombreux (Canada, Corée, Chine, Japon, États-Unis… et pas beaucoup d’autres.

Au hockey, sans doute le sport le plus prestigieux pour la majorité des Canadiens, il n’y qu’une seule médaille possible pour les hommes et une autre pour les femmes. Même chose pour le curling. Mais dans le patinage, si on additionne les épreuves courte piste avec les épreuves longue piste, il y a plus de 50 médailles à gagner.

Voilà qui explique en grande partie la progression des médailles gagnées par le Canada au cours des années : l’arrivée de nouveaux sports et de nouvelles épreuves… dans lesquelles le Canada doit absolument se distinguer pour bien paraître au classement des médailles.

Pour un, je crois qu’il sera impossible au Canada d’améliorer ses résultats de 2010.

À la prochaine…

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De glace et de glisse

par Alain Guilbert

Il y a deux sortes de sports d’hiver inscrits aux Jeux olympiques… les épreuves sur glace et les épreuves sur neige…

Allons-y d’abord avec les épreuves sur glace :

– le patinage :
patinage courte piste;
patinage longue piste;
patinage artistique;
hockey;
curling;

et les épreuves sur neige :

– le ski :
ski alpin;
ski de fond;
ski acrobatique;
snowboarding (surf des neiges).

Et il reste encore trois disciplines qui sont disputées sur une surface qui peut être identifiée autant à la glace qu’à la neige:

– bobsleigh;
– luge;
– skeleton.

Les pistes de ces trois dernières disciplines sont à base de neige… mais dans les faits, elles sont davantage disputées sur la glace.

Quelle est la performance du Canada sur la glace et sur la neige?

Aux Jeux de Vancouver (2010), le Canada a obtenu un total global de 26 médailles (dont 14 médailles d’or). Plus de 60 pour cent de ces médailles ont été obtenues dans les sports sur glace, soit :

– 5 médailles en patinage courte piste (2 or, 2 argent et 1 bronze);
– 5 médailles en patinage longue piste (2 or, 1 argent et 2 bronze);
– 2 médailles en patinage artistique (1 or et 1 bronze);
– 2 médailles en hockey (hommes et femmes) – 2 or;
– 2 médailles en curling (hommes et femmes) – 1 or et 1 argent;
soit 16 médailles sur le total de 26 ce qui équivaut à plus de 60 % de nos médailles (plus précisément 61,538 %).

Pour ce qui est de sports sur neige, le Canada a obtenu six médailles, soit :

– 3 médailles en ski acrobatique (2 or, 1 argent);
– 0 médaille en ski alpin;
– 0 médaille en ski de fond;
– 3 médailles en snowboarding (2 or et 1 argent);
soit 6 médailles sur le total de 26 ce qui équivaut à 23 % de nos médailles (plus précisément 23,076 %).

Il reste encore des médailles dont il est difficile de dire si elles ont été obtenues sur la glace ou sur la neige, soit :

– 3 médailles en bobsleigh (1 or, 1 argent et 1 bronze);
– 1 médaille en skeleton (1 or);
– 0 médaille en luge;
soit 4 médailles sur le total de 26 ce qui équivaut à 15 % de nos médailles (plus précisément 15,38 %).

Mais de toutes ces médailles, y en ont-elles qui valent plus que d’autres? Poser la question, c’est y répondre…

Entre vous et moi, la médaille d’or au hockey (hommes) vaut certainement plus que toutes les médailles du patinage de vitesse « courte piste ». Sur ce sujet, je rejoins aisément le chroniqueur de La Presse Ronald King, l’un des plus sous-estimés au Québec, mais qui demeure l’un des meilleurs dans son domaine. Début décembre, il écrivait dans sa chronique (presque) quotidienne les mots suivants : « Vous savez ce que je pense du patinage de vitesse sur courte piste… Un sport mineur… Mickey Mouse… N’importe quel patineur du dimanche qui est le moindrement athlétique et fonceur pourrait gagner une médaille olympique. » Et il continuait ainsi : « Vous n’avez qu’à attendre que les deux petits Coréens s’enfargent et vous passez au podium comme dans du beurre. Il n’y même pas de Russes ou de Suédois là-dedans. Ils seraient gênés de recevoir une médaille pour ça… Vous me ramenez à 25 ans, et je fais une razzia sur la piste de Sotchi. Oui, oui, moi-même. » (Fin de la citation!!!)

King a raison à 100 %…

Entre vous et moi (encore!!!), une médaille en patinage sur longue piste vaut probablement une demi-douzaine de médailles sur courte piste!!!

Historiquement, les sports olympiques étaient de « vrais sports ». Mais la télévision américaine qui verse plus d’un milliard de $ en redevances au CIO (Comité international olympique) depuis plusieurs Jeux pour avoir le droit de tout téléviser a réussi (en échange de ses $) à imposer des sports qui n’en sont pas… Comme le patinage de vitesse sur courte piste qui ressemble davantage à du « roller derby » (comme le dit si bien Ronald King) qu’à un véritable sport… comme les filles qui se font tourner « un ballon sur le nez aux Jeux d’été »… cela ressemble bien davantage à un spectacle qu’à un sport.

Et comment comparer une médaille en ski acrobatique (par exemple, une descente de 20 secondes à travers des bosses) avec une médaille obtenue dans une course de 50 km en ski de fond. Impossible de comparer… me direz-vous. Et vous aurez raison… mais l’une vaut-elle plus que l’autre? Dans mon esprit, il n’y a aucun doute!

P.S. (1) Pendant les Jeux qui commencent bientôt, vous verrez Sochi et Sotchi… lequel est le bon? Bonne question… En russe, là où ont lieu les Jeux, on écrit « Sochi »… Au Canada et aux États-Unis, on écrit « Sotchi »… alors, les deux sont bons… tout dépendant d’où proviennent les images que vous regardez!

P.S. (2) Normalement aux Jeux olympiques, les hommes concourent contre les hommes, et les femmes contre les femmes. Sauf deux exceptions… au patinage artistique, où il y a des épreuves de couples… et en luge où il y aussi des épreuves de couples.

À la prochaine….

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À quel rang se situera le Canada?

Mon collaborateur Alain Guilbert a subi la piqûre des Olympiques dès son arrivée au Comité organisateur des Jeux olympiques (le COJO) de Montréal de 1976. Une vingtaine d’années plus tard, il héritait de la vice-présidence des communications à Postes Canada (et devenait mon patron). À ce titre, il avait la responsabilité des parrainages commerciaux et son meilleur coup a assurément été de parrainer l’équipe canadienne de ski acrobatique. Je me souviens de la fierté ressentie chaque fois qu’un « champion » ou une « championne » – parce que le Canada en avait plusieurs dans cette discipline – montait sur le podium avec le logo de Postes Canada sur ses vêtements. Ce n’est pas parce qu’il est à la retraite depuis plusieurs années qu’il a abandonné pour autant son amour pour les Olympiques, surtout ceux d’hiver… là où le Canada excelle particulièrement. Dans le cadre des Jeux de Sotchi 2014, Alain a préparé une série de billets qu’il m’a autorisé à reproduire dans mon blogue. Voici le premier, pour votre bon plaisir et pour en apprendre un peu plus sur les Jeux. J’en publierai quelques-uns en rafale, puis ses billets deviendront quotidiens pendant la durée des compétitions en Russie. Je sais que vous les apprécierez autant que moi.

par Alain Guilbert

Si l’on en croit le président du Comité olympique canadien, l’incomparable Marcel Aubut, le Canada devrait terminer « PREMIER » aux Jeux de Sotchi!!!!

Mais il y a un petit problème… c’est qu’il n’y a pas de classement officiel aux Jeux olympiques… il s’agit de compétitions entre athlètes. Mais, il y a quand même un classement « non officiel ». Les médias veulent toujours avoir un ou des gagnants… ainsi qu’un ou des perdants.

Historiquement, les comités organisateurs des Jeux fournissent aux médias d’information un classement « non officiel » des pays. Ce classement a toujours été basé sur le nombre de médailles d’or remportées par les athlètes d’un pays… et NON PAS sur le total des médailles remportées par un pays. Si nous regardons les résultats des récents Jeux olympiques d’hiver, nous y ferons des découvertes intéressantes.

À Salt Lake City, par exemple, en 2002, la Norvège aurait terminé au 1er rang avec 25 médailles, l’Allemagne en 2e place avec 36 médailles et les États-Unis en 3e place avec 34 médailles. Le Canada, lui, aurait terminé au 4e rang avec 17 médailles, soit le même nombre que l’Autriche qui, avec ses 17 médailles (tout comme le Canada), a terminé au 10e rang. Vous y comprenez quelque chose?

Non… sans doute parce que, pour bien comprendre, il faut connaître le nombre de médailles d’or de chaque pays… ce sont les médailles d’or seulement, du moins dans toute l’histoire des Jeux olympiques (hiver et été) qui ont déterminé (sauf à Vancouver) le rang « non officiel » d’un pays. Dans le cas d’égalité entre deux pays pour le nombre de médailles d’or, ce sont les médailles d’argent qui brisent l’égalité… ou les médailles de bronze (si les pays sont aussi à égalité dans les médailles d’argent).

Donc, regardons les résultats de Salt Lake City en 2002 :

Rang     Pays    Or   Argent   Bronze   Total

1    Norvège         13               5               7          25

2    Allemagne      12            16               8          36

3    États Unis      10            13              11          34

4    Canada              7              3                7           17

5    Russie               5              4                 4          13

6    Italie                  4              4                 5          13

10  Autriche            3              4               10          17

Ainsi l’Autriche, avec 17 médailles, finit au 10e rang alors que le Canada avec 17 médailles finit au 4e rang.

Quant à la Norvège, avec ses 25 médailles (exploit extraordinaire pour un pays plus petit que le Québec), elle finit au 1er rang malgré les 36 et 34 médailles des Allemands et des Américains… bien sûr à cause de ses 13 médailles d’or.

Voyons maintenant les résultats de Turin en 2006 :

Rang   Pays    Or    Argent    Bronze    Total

1   Allemagne     11             12                6           29

2   États-Unis      9               9                7            25

3   Autriche          9               7                7             23

4   Russie              8               6                8             22

5   Canada             7            10                 7             24

6   Suède               7               2                 5             14

Donc, le Canada, avec ses 24 médailles, termine au 5e rang même s’il a obtenu plus de médailles que l’Autriche et la Russie. Si le classement était établi à partir du nombre total de médailles plutôt que sur les seules médailles d’or, le Canada aurait terminé au 3e rang plutôt qu’au 5e. À Salt Lake City, le classement selon l’ensemble des médailles ou seulement les médailles d’or n’aurait rien changé à la position du Canada.

Donc, nous voilà à Vancouver pour les Jeux de 2012… et le Comité organisateur des Jeux qui a son mot à dire dans la diffusion des classements « non officiels » aux médias tout comme le Comité olympique canadien, dont Marcel Aubut à ce moment est déjà le président, mais sans être encore en fonction. Il est élu, mais son mandat ne commence qu’après les Jeux… ce qui évidemment ne l’empêche pas d’intervenir dans toutes sortes de dossiers… comme la présence de Garou dans la cérémonie d’ouverture… un fiasco total… et comme la présence de « son ami » Pierre Gauthier au conseil d’administration des Jeux avec la responsabilité de la présence du français… un autre fiasco total lors de la cérémonie d’ouverture.

Donc, le Comité organisateur, avec l’appui du Comité olympique canadien, décide que le classement « non officiel » sera calculé sur le total de toutes les médailles et non pas sur les médailles d’or seulement… Les deux pensaient qu’ils pourraient ainsi « fourrer » le système et favoriser le classement du Canada… et voici ce que cela a donné :

Rang   Pays         Or    Argent    Bronze    Total

1   États-Unis          9              15                13          37

2   Allemagne        10              13                  7           30

3   Canada              14                7                  5           26

4   Norvège              9                8                  6           23

5   Autriche              4                6                  6           16

6   Corée du Sud      6                6                  2            14

Si on avait suivi la formule traditionnelle, le Canada aurait terminé PREMIER… l’Allemagne, 2e, les États-Unis, 3e et la Norvège 4e.

Je ne sais pas de quelle façon sera établi le classement non officiel des pays à Sotchi… mais j’imagine que ce sera selon la méthode traditionnelle du plus grand nombre de médailles d’or. Malgré les prédictions « enjouées » de Marcel Aubut, qui prédit la PREMIÈRE PLACE au Canada, les chances que cela se produise sont à peu près nulles, sinon inexistantes. À Vancouver, le Canada avait remporté 14 médailles d’or, comparativement à 7 à Salt Lake City et 7 (encore) à Torino. À Sotchi, la foule ne poussera pas derrière les athlètes canadiens comme elle l’avait fait à Vancouver… mais bien derrière les athlètes russes. À mon avis, si le Canada termine en 3e place (total des médailles d’or ou total de l’ensemble des médailles), ce sera déjà un exploit hors de l’ordinaire… Il va falloir que les athlètes performent à la hauteur de nos attentes. J’ai bien hâte de voir combien d’eux et d’elles vont crouler sous la pression. Un peu comme les joueurs et le « coach » du Canadien présentement!

À suivre…

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Saint-Clément… priez pour nous

« Nous sommes en 1992 après Jésus-Christ. Tout le Québec est occupé par des bureaux de poste… Tout? Non! Un petit village d’irréductibles Clémentois et Clémentoises résiste au déserteur. Et la vie n’est pas facile pour les porte-parole ‘postescanadiens’ retranchés à Québec, Montréal, Halifax et Ottawa. »

L’histoire n’est pas aussi drôle que celle d’Astérix. En fait, le bureau de poste de Saint-Clément venait tout récemment de fermer par suite du départ à la retraite du maître de poste et les irréductibles villageois n’allaient pas se laisser faire. Saint-Clément est un petit village du Bas-Saint-Laurent, assez rapproché de L’Isle-Verte, dont on parle tant dans les médias ces temps-ci.

Le 4 décembre 1992, des citoyens envahissent le bureau de poste et l’occupent afin de protester contre la décision de la Société canadienne des postes d’offrir ses services dans un commerce local au lieu de nommer un autre maître de poste. L’occupation durera 59 jours et servira d’exemple à plusieurs autres communautés dont le bureau de poste était la cible d’une « conversion ».

Je me souviens avoir passé une semaine à notre bureau de Québec pendant que ma collègue Hélène Barnard se rendait sur le terrain. Aucun de nos arguments ne portait des fruits. L’occupation d’un petit village, comme l’autre démonstration de force du petit village de Barachois-la-Malbaie, près de Percé, et la renaissance de Dignité rurale du Canada (Rural Dignity of Canada), dont la fondation remontait à février 1987. Sa mission était de « protéger et promouvoir les services essentiels des communautés rurales ». Cynthia Patterson, si ma mémoire est bonne, en était l’âme inspiratrice et dirigeante. Le mouvement avait pris naissance pour protester contre la fermeture des succursales bancaires et des gares ferroviaires. La fermeture des bureaux de poste devenait la goutte qui faisait déborder le vase de la patience.

La conversion des bureaux de poste avait été jugée essentielle au retour à la rentabilité de Postes Canada et à la croissance de son efficacité opérationnelle. C’était une mesure parmi tant d’autres, dont celle de ne pas offrir un service de facteurs dans les nouvelles subdivisions résidentielles plusieurs années auparavant. La valeur comptable du bureau de Saint-Clément, par exemple, était d’un plus 60 000 $ alors que sa valeur marchande était plutôt d’un maximum de 25 000 $ et probablement moins. Comme la très grande majorité des bureaux de poste ruraux, ses frais d’exploitation étaient nettement supérieurs à ses revenus.

De nombreuses municipalités donnent leur appui à Saint-Clément et les journalistes y trouvent matière à de nombreux reportages. Même le magazine Time s’y intéresse. Les lettres des lecteurs ne se comptent plus. Les tentacules de Dignité rurale s’étendront à la largeur du pays. Les conversions continueraient même pendant qu’elles devenaient un enjeu électoral. Les libéraux s’étaient engagés à y mettre fin. C’est ce qu’ils ont fait quasiment dès leur élection. Les plans de rentabilité de Postes Canada devaient être revus et rajustés. L’entreprise, à mon avis, en paye encore le prix.

À Saint-Clément, la fierté des gens qui avaient attiré l’attention du pays et d’ailleurs était devenue un exemple. Encore aujourd’hui, sur le site Web de la municipalité de Saint-Clément, on peut y retrouver un résumé de cette révolte :

« La Municipalité de Saint-Clément s’est fait connaître en 1992-1993 à la grandeur de la province, et même dans une bonne partie du Canada. Elle a parlé haut et fort puisqu’elle se voyait imposer la fermeture de son bureau de poste, et ce, suite à la retraite du maître de poste.

L’occupation continue des locaux du bureau de poste de Saint-Clément, qui a débuté de 4 décembre 1992 pour ne se terminer que 59 jours plus tard, marquait la contestation de toute une population contre la machine gouvernementale. Bien que le bureau de poste ait tout de même été fermé, on considère que l’effort n’a pas été vain puisqu’aucun autre établissement postal n’a ensuite été fermé au pays. Une fierté pour les gens de notre communauté. Cet exemple de solidarité a intéressé les médias de tout le continent ainsi que des chercheurs universitaires en développement rural. Un livre a aussi été publié, relatant l’historique des événements ‘En quête d’une communauté locale’ [Raymond Beaudry et Hugues Dionne].

Suite à la fermeture de l’édifice qui abritait le bureau de poste, la municipalité s’est portée acquéreur du bâtiment en 1993 et les locaux sont demeurés fermés jusqu’en 1995. En 1996, c’est un Centre d’accès communautaire Internet (CACI) qui y était implanté, d’ailleurs ce fut le premier CACI à être implanté au Bas-St-Laurent. L’édifice a été rebaptisé Centre IR Ouellet en hommage aux maîtres de postes qui s’y sont succédé.

En décembre 1997, suite à une entente conclue entre la Société canadienne des postes et la municipalité de Saint-Clément, les services postaux réguliers ont été déménagés au Centre IR Ouellet et se retrouvaient donc dans leurs locaux d’origine. Voué aux communications le Centre IR Ouellet offre aujourd’hui la technologie du courrier électronique combiné avec les services postaux réguliers. »

Source : http://www.st-clement.ca/Message.aspx?id=msg_occupation

Pourtant, le Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes vous dira qu’il y a eu fermeture de plus de 1500 bureaux de poste au pays.

Avec l’annonce de la disparition du service de livraison à domicile au cours des cinq prochaines années verra-t-on la naissance d’une « Dignité urbaine du Canada »? J’en douterais. À moins que Denis Coderre…

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Ce n’était pas mon choix

En politique, on ne sait jamais. Par exemple, je ne sais pas si les rumeurs d’une défaite certaine des progressistes-conservateurs au scrutin de 1993 avaient été la source de la décision de préparer la succession et la retraite du président-directeur général Donald Lander en cette fin d’année 1992.

Le 10 décembre 1992, je suis convoqué au 9e étage de l’édifice Sir-Alexander-Campbell pour une rencontre d’information secrète, comme cela se produira souvent pendant ma carrière à Postes Canada. C’était la nature de mon travail. Je devais préparer un communiqué de presse pour le bureau du ministre Harvie Andre pour annoncer la grande nouvelle. Disons que ce n’est pas dans le bureau de Georges C. Clermont que j’aurais souhaité être convoqué, mais plutôt dans celui de l’autre vice-président de groupe, William Kennedy, ma préférence pour succéder à Lander. Mais voilà, ce n’était pas moi qui choisissais.

Clermont allait être nommé chef de l’exploitation, le même titre que Lander avait hérité lors de son embauche à Postes Canada en 1984 et avant qu’il ne devienne président-directeur général en 1986, l’année avant mon arrivée dans l’entreprise. La transition prévoyait que Lander demeurait PDG et, l’année suivante, il confierait la direction à Clermont puis occuperait la présidence du conseil d’administration. Lander prendrait officiellement sa retraite en 1994, exactement 10 ans après son arrivée à la société d’État.

Même si ce n’était pas mon préféré, Clermont avait quand même une feuille de route intéressante. Nos chemins s’étaient croisés 10 ans auparavant. De 1979 à 1982, il avait été vice-président des affaires diversifiées à la Compagnie internationale de papier du Canada et c’est lui qui avait été délégué à Hawkesbury pour annoncer la fermeture de l’usine locale de la CIP. Peut-être que cette situation avait biaisé mon jugement.

Avant la CIP, il avait pratiqué le droit de 1962 à 1968 chez Duranleau Dupré et Stewart McKenna, à Montréal, avant de passer chez Bell Canada jusqu’en 1975. Après la CIP, il avait été embauché comme vice-président Affaires générales et juridiques à Postes Canada en 1982; en 1989, il était devenu vice-président de groupe. Clermont était un peintre (huile et pastel) du dimanche et un cultivateur de bovins Simmental dans sa ferme de Dunrobin. Lui et sa femme Marie avaient trois enfants (Georges R., Anne-Marie et Jean-François).

Mais Clermont n’était pas le plus grand fervent de son équipe de communications, associée beaucoup à Bill Kennedy à son goût. En fait, à un certain moment, lors d’un rassemblement au Château Laurier, il nous dira clairement que nous étions un groupe d’incompétents. Très motivant, il va sans dire. Je crois que je l’ai encore sur le cœur; j’ajoute que j’étais encore à Postes Canada bien après son départ.

Et tout cela se passait alors que dans le Bas-Saint-Laurent, six jours auparavant, tout près de L’Isle-Verte dont on attend parler ces temps-ci dans tous les médias, une guerre contre Postes Canada avait été déclenchée dans la petite communauté de Saint-Clément.

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… et de la haute direction

Les syndicats avaient fait valoir leurs points de vue en avant-midi du 26 novembre 1992, tandis qu’en après-midi, c’était au tour de la haute direction, par la voix de Georges Clermont, alors vice-président de groupe responsable des affaires générales. En effet, tout l’exercice du régime d’actionnariat pour les employés n’en était pas un de relations de travail à proprement parler, mais bien d’épargne et de motivation. Clermont était accompagné de plusieurs cadres de Postes Canada, dont le vice-président des finances, Ian Bourne, et l’avocat-conseil général Peter McInenly. Seuls Clermont et Bourne prendront la parole, celui-ci, bien sûr, étant celui qui pouvait fournir les « chiffres ».

Harvie Andre, le ministre responsable, avait déjà à peu près tout dit et Clermont a répété l’essentiel des arguments et d’autres détails du programme. Comme il l’avait précisé, tout ça était un concept parce qu’il faudra d’abord attendre ce que le parlement décidera et élaborer ensuite les vrais mécanismes en consultation avec le Conseil du trésor et ainsi de suite. En d’autres mots, ce n’était pas un « done deal », bien que ce le soit presque.

Ainsi, à une réponse de Jerry Pickard, critique libéral de Postes Canada ce jour-là en l’absence de Don Boudria (ce qui faisait mon affaire parce que je n’aimais pas que mon député critique mon employeur, comme je vous l’ai déjà écrit), Ian Bourne avait mentionné que l’avoir net de la Société canadienne des postes était de l’ordre de 1,4 milliard de dollars; ce qui signifiait que la valeur du régime d’actionnariat pourrait atteindre quelque 140 millions de dollars.

Bourne avait clarifié la situation en ce qui a trait aux droits de vote liés aux actions, un concept qui avait été avancé par certains députés de l’opposition depuis le début de l’audience du comité des Communes chargé d’étudier le projet de loi C-73. Selon Bourne, « la véritable raison d’être d’actions est de partager les gains et les bénéfices, et pas nécessairement de partager le contrôle ». Bourne avait aussi reconnu que la vente des actions ne se conclurait pas nécessairement la première année et qu’en fait elle se prolongerait sur un certain nombre. Une politique sur les dividendes sera également élaborée une fois la loi adoptée et les mécanismes convenus avec le gouvernement. Évidemment, tous les Canadiens profiteraient de ces dividendes étant donné que la société d’État leur appartient.

Quant à Cid Samson, le néo-démocrate, il avait repris un refrain cher aux députés… l’absence de contrôle d’accès à l’information de Postes Canada et le secret qui entoure tout ce qu’elle fait. « Quand est-ce que cela arrêtera », avait-il demandé.

Comme mot de la fin, Clermont avait répondu à la question, « est-ce que vous achèterez des actions » et sa réponse avait été « oui, assurément ». Voilà pour les différents témoignages devant les députés. Toutes ces questions et tous ces arguments seraient répétés lorsque les Communes débattront du projet de loi quelques mois plus tard. En fin de compte, en août 1993, on apprendra que chaque action vaudra 10 $ et qu’un employé (cadre ou autre) ne pourra en acheter plus de 120 pour un total d’avoir net de 130 millions de dollars. Les 10 p. cent d’actions, par la force des choses, seront achetées du gouvernement, qui restera l’actionnaire majoritaire.

Postes Canada avait prévu un grand lancement du régime d’actionnariat pour les employés le 18 septembre 1993. Il n’aura jamais lieu. Quand les libéraux de Jean Chrétien ont obtenu un gouvernement majoritaire deux de leurs premières décisions ont été d’empêcher la mise en force du régime d’actionnariat alors que la Loi sur la Société canadienne des postes modifiée avait reçu la sanction royale (la Loi n’a jamais été changée et il encore possible, en 2014, de créer un mécanisme d’actions) et l’imposition d’un moratoire sur la fermeture… pardon, la conversion de bureaux de poste en comptoirs postaux. Ce moratoire sera d’ailleurs renouvelé quelques fois, y compris par les conservateurs de Stephen Harper, ceux-là même qui se préparent à valider le nouveau programme de redressement financier de Postes Canada.

Ah oui, j’oubliais… Non, je ne deviendrais donc pas actionnaire de la Société canadienne des postes comme je l’avais souhaité.