Tiens, tiens! Du déjà-vu!

Le scandale des commandites ne ferait surface qu’une vingtaine d’années plus tard et la Commission Charbonneau encore plus tard, mais les deux avaient en commun les ristournes à des partis politiques. Au début de 1985, ce n’est nul autre que notre député libéral fédéral Don Boudria qui demandait à la Gendarmerie royale du Canada de mener une enquête « sur les circonstances entourant l’octroi par le gouvernement d’un contrat de publicité à des entreprises liées de près avec le parti conservateur ». L’histoire est racontée dans Le Carillon du 16 janvier 1985. Un peu moins de 20 ans plus tard, le même Boudria se retrouverait en plein « scandale des commandites » pour la même situation qu’il décriait, mais cette fois avec les rumeurs de ristournes à son parti. En politique, les leçons de l’histoire sont souvent mal apprises.

Se référant à un article publié dans le quotidien The Toronto Star du 5 janvier 1985, Boudria n’y allait pas par quatre chemins et ses propos de l’époque sont drôlement révélateurs en rétrospective. L’article du Star alléguait « que les entreprises en question se sont vu accorder des contrats conditionnels à l’acceptation de remettre un pourcentage de leurs frais au parti conservateur. (…) La compagnie chargée de l’administration des contrats gouvernementaux devrait administrer des contrats d’une valeur d’environ 60 millions de dollars par année et aurait droit en retour à une commission d’environ 3 p. cent ». Décidément, ce pourcentage semble être un standard en politique!

Boudria avait été surpris d’apprendre que « M. Roger Nantel, conseiller de M. Mulroney pour le Québec, et copropriétaire de la firme qui aurait été choisie par le gouvernement, aurait déclaré qu’une ‘partie des profits n’irait pas à des individus, mais servirait à l’organisation d’événements spéciaux permettant au parti de se rapprocher de la base lors de séminaires avec les ministres québécois. » Au moins, il ne s’en cachait pas. Boudria croyait « que les profits découlant d’un tel contrat pourraient servir les intérêts du parti conservateur et constituer ‘une violation des articles 108 et 110 du Code criminel ». En réponse aux attaques de Boudria, le ministre Harvie Andre avait déclaré « qu’il n’y avait rien là pour justifier la tenue d’une enquête. Les journaux torontois ont déjà fait marche arrière au sujet des déclarations relevées. Les deux personnes ont tout simplement été mal citées ou mal interprétées. » L’excuse universelle!

* * *

À mon point de vue, ce jugement de la Cour suprême du Canada était trop passé inaperçu et pourtant, ses conséquences futures étaient dangereuses « à cause des discussions sur le financement des écoles secondaires catholiques en Ontario ». La Cour suprême avait « statué que les enseignants dans les écoles catholiques peuvent être congédiés ou disciplinés s’ils ne suivent pas les directives et les lois de l’Église ». J’avais commenté que « les conséquences sont inquiétantes pour la liberté individuelle des parents comme des enfants et non pas seulement des employés ». En ce 16 janvier 1985, la date de l’édition du journal Le Carillon dans laquelle je commentais la décision, la Charte des droits et libertés était encore toute nouvelle, peut-être que les juges ne l’avaient pas tous comprise.

Quoi qu’il en soit, la Cour suprême avait décrété que « la direction de l’école St-Thomas-d’Aquin de Vancouver-Nord n’avait pas enfreint le Code des droits de la personne de la Colombie-Britannique quand elle avait discipliné une enseignante catholique qui s’était mariée à un divorcé méthodiste ». Je traitais de la question à la lumière de la décision du premier ministre William Davis de prolonger le financement des écoles catholiques jusqu’à la fin du niveau secondaire. Davis avait « indiqué que les conseils scolaires catholiques devront embaucher des enseignants non catholiques pendant une période de dix ans » et cela, à mon avis, allait à l’encontre de la décision de la Cour suprême qui avait décrété « que les conseils catholiques ont le droit d’accorder une préférence d’emploi à un catholique pratiquant ». J’avais conclu que « la seule façon d’éviter une répétition d’une décision semblable, hautement rétrograde à notre avis est de changer les lois ». Je n’ai pas entendu parler d’autres causes semblables ou d’autres situations similaires bien que nous sachions tous que la pratique catholique est loin d’être ce qu’elle était à ce moment-là et encore.

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