Trop de monde s’invite…

Le groupe des relations publiques voulait quelque chose de simple, de très commercial et le moins politique possible. Nous étions naïfs… quand il y a une bonne chose à l’horizon, tout le monde veut sa place sur le bateau.

Le maire de Montréal de l’époque, Jean Doré, voulait inviter les partenaires à dîner. Daniel Johnson, qui allait devenir premier ministre du Québec le 11 janvier 1994, voulait être là au lancement, comme Pierre Dupuis, le ministre libéral des Communications au fédéral. Et notre ministre responsable, David Dingwall, y tenait lui aussi. Nous sommes alors le 20 décembre et à un mois du lancement officiel. Il y aurait du monde à la messe.

Mais Hearst Communications n’était toujours pas sûr d’être du nombre de partenaires. Il fallait donc prévoir deux scénarios… « un sans Hearst, un avec Hearst ». Ça commençait à taper sur les nerfs.

Entre les branches, nous commençons à entendre que le Conseil du trésor n’est peut-être pas d’accord avec la participation de Postes Canada. Retenez que le projet avait d’abord été autorisé sous le règne des progressistes-conservateurs; les libéraux étaient au pouvoir et, à mon avis, certains se croyaient encore dans l’opposition et réagissaient ainsi. Ils n’aimaient pas Postes Canada. Nous attendions la réponse du Conseil du trésor le 20 janvier. Nous avions l’air de beaux caves auprès des autres partenaires.

Ah, j’allais oublier! Le 10 janvier 1994, le choix de nom se limite à UBI (en tête), Virtuo, Odessa (pourquoi par prendre le nom de code) et Affiniti. UBI semble le choix de la majorité. So be it! Et la date du lancement est fixée au 24 janvier à 11 h… puisqu’il est impossible de plaire à tout le monde et de réunir tout le monde.

Mais il fallait que l’annonce se fasse parce qu’en soirée de cette même journée, le projet CANARIE (l’autoroute de l’information canadienne) serait annoncé au grand public. Le projet serait complémentaire à UBI et non pas concurrentiel. Ça tombait à pic.

(J’ouvre une autre parenthèse. Lors d’un remue-méninges, j’étais le seul qui avait accepté de me « regrouper » avec André Chagnon lui-même… dans son bureau; les autres petits groupes étaient éparpillés ici et là dans les bureaux de Vidéotron. Je n’oublierai jamais cette rencontre. Après quelques minutes de conversation, Chagnon me dit préférer UBI… qui était aussi ma préférence. Le remue-méninges ne s’était pas éternisé. Mais le reste du temps, Chagnon, qui approchait de la retraite, mais qui demeurait un grand visionnaire, me parlait justement de sa vision des télécommunications et, surtout, de la téléphonie. À un certain moment, il va chercher une grosse boîte et m’explique qu’il y a à l’intérieur son prochain projet d’avenir. Il en sort un bidule avec un écran et un clavier… un téléphone avec moniteur… le « FaceTime » bien avant son temps. À l’époque, je vous l’ai écrit, Vidéotron offrait un service de téléphonie en Angleterre. C’est là qu’il voulait d’abord implanter ce téléphone vision… qui ne sera jamais mis en marché, mais dont l’idée serait reprise par Skype et par Apple au début du XXIe siècle. Chagnon avait vu juste. Fin de la parenthèse.)

Sur UBI, Loto-Québec aurait offert du vidéo-poker et, par conséquent, préférait conserver le profil le plus bas lors de l’annonce. Quant à Hydro-Québec, elle était « habituée aux cris et aux flèches »… un peu comme Postes Canada d’ailleurs. En passant, le consortium avait maintenant ses propres bureaux et c’est là que nous tenions nos réunions dorénavant et pendant toute la durée de l’étape de développement qui se prolongerait encore pendant quasiment une année.

Le 19 janvier 1994, nous énumérons les derniers détails de la grande conférence de presse, qui sera finalement animée par Jacques Moisan, animateur-journaliste bien connu de TVA. L’hôtel Skydome à Toronto recevrait des invités et de grands clients qui assisteraient au lancement par vidéoconférence, en collaboration avec TVA Sales & Marketing. Le consortium avait réservé du temps sur le satellite ANIK-E1, celui de TSN, pour le 24 janvier.

Je n’ai pas pris de notes sur le lancement comme tel. Il y avait beaucoup trop d’activités et j’étais le porte-parole de Postes Canada pour l’occasion. Je serais fort occupé avec les journalistes et ce serait ainsi pendant quelques jours.

En passant, Postes Canada avait obtenu l’autorisation de participer au consortium du Conseil du trésor par ordre du gouverneur en conseil (en d’autres mots, par le cabinet Chrétien) à 13 h le 21 janvier… Un peu plus et nous avions perdu deux années de discussions et de préparations.

UBI n’était plus un projet, mais une initiative commerciale dont on élaborait progressivement et minutieusement la mécanique. Cela se poursuivrait longtemps. Il y avait même maintenant un conseil d’administration formé d’un représentant de chacun des partenaires : Raymond Godbout, d’Hydro-Québec; Charlotte Sauvé, de la Banque Nationale; Réjean Loiseau, de Postes Canada; Charles Shott, de Hearst; Robert Thivierge, de Loto-Québec; Suzanne Renaud, de Vidéotron; Jean-Paul St-Denis, de Vidéotron Multimédia. Alain Philippe en était le directeur général intérimaire.

Personnellement, je présenterais aussi des conférences à des chambres de commerce et à nos équipes des ventes, à Chicoutimi et à Québec notamment, afin d’expliquer le nouveau service et comment Postes Canada s’y intégrerait. Je vous avais dit, au départ, que ce fut sans doute le projet le plus intéressant auquel j’ai été affecté alors que j’étais aux relations avec les médias de Postes Canada. J’y reviendrai de temps en temps.

Publicité

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s