Au tour de l’assistance sociale d’être centralisée

Il s’agissait d’une autre idée axée sur le regroupement des services gouvernementaux. Cette fois, selon Le Carillon du 12 décembre 1968, ce sont les services d’assistance sociale qui en sont l’objet.

Ainsi, le Conseil des comtés unis de Prescott et Russell envisage le projet majeur d’implanter un service de bien-être social pour desservir l’ensemble de son territoire. Et le Conseil reconnaît que « quoique les services coûteront plus cher, ils seront de meilleure qualité et mieux administrés ». De nos jours, on a souvent tenté de nous faire croire qu’il n’en coûterait rien de plus en regroupant des services ou des municipalités. Un rapport prévoit que les dépenses de la première année d’un service régionalisé seraient de l’ordre de 980 500 $, nettement supérieurs aux 665 987 $ qui avaient été dépensés par les municipalités locales en 1967. Le gouvernement provincial contribue déjà 80 p. cent des coûts de l’assistance sociale.

« De 1 455 qu’il était en 1967, le nombre de personnes dépendant du bien-être social a passé à 1 875 cette année, soit une augmentation de 29 p. cent. » L’objectif du regroupement était aussi de normaliser les procédures de gestion de l’assistance sociale parce que ces procédures variaient souvent d’une municipalité à l’autre et souvent au gré des élus locaux. Le regroupement a effectivement eu lieu quelques mois plus tard.

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Les deux nouveaux conseils scolaires choisissent leur premier président : Robert Cusson, dans le cas du Conseil de l’éducation, et Yvan Séguin, dans le cas du Conseil des écoles catholiques. Yvon Lahaie est embauché comme administrateur-trésorier du Conseil des écoles catholiques, alors qu’Henri Clément l’est pour le Conseil de l’éducation. Les « grands patrons », soit les directeurs d’éducation, ne seront embauchés que plus tard. J’y reviendrai. Ces deux nouvelles sont aussi dans l’édition du 12 décembre. Les deux sièges administratifs seront éventuellement aménagés à Hawkesbury.

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Ce n’est pas la grippe A(H1N1), mais pire. Dans l’édition du 19 décembre 1968, il est question de la grippe de Hong Kong, « qui a frappé plus de 800 000 personnes dans cette colonie britannique », et qui a « déjà causé la mort de plus de 700 personnes aux États-Unis ». L’article explique que cette grippe « semble apparaître à Montréal », mais qu’elle « n’a pas encore laissé ses traces dans Hawkesbury et la région ». Ouf! Tout le monde respirait mieux! Nous aussi parce qu’à cette époque, nous attendions notre premier enfant.

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C’est fait… ceux (et celle) qui dirigeront les nouvelles commissions scolaires unifiées sont élus

Les importantes élections scolaires pour choisir les élus qui composeront les deux conseils scolaires regroupés de janvier 1969 approchent et je réalise une enquête auprès de chacun des 21 candidats à la section des écoles séparées de la future Commission d’éducation de Prescott et Russell, celle qui gérera les écoles secondaires.

Je leur pose deux questions : (1) Êtes-vous pour ou contre les écoles françaises, où tout l’enseignement serait dispensé en français, sauf l’anglais? (2) Êtes-vous pour ou contre l’enseignement de la religion au niveau secondaire? Dans l’édition du 28 novembre 1968 du journal Le Carillon, je rapporte qu’aucun « des 21 candidats ne favorise l’établissement d’écoles secondaires françaises en Ontario », mais que tous sont unanimes à soutenir l’importance de l’enseignement religieux. Tous les candidats préconisent des écoles secondaires bilingues. C’était en 1968. Personne ne voulait changer le statu quo et ces candidats étaient francophones, ne l’oublions pas. Le temps allait « arranger » les choses, heureusement.

L’édition du 5 décembre 1968 du journal Le Carillon nous fait connaître les résultats de cette élection historique. C’est mon dossier au journal et je m’y intéresse énormément. Conflit d’intérêts en quelque sorte, ma femme étant enseignante.

Ainsi, la nouvelle Commission d’éducation, qui allait éventuellement être connue sous le nom de Conseil de l’éducation de Prescott-Russell, sera composée des élus suivants:

  • pour la section des contribuables des écoles séparées, ce seront Léo Binette, de St-Eugène; Robert Cusson et Charlemagne Larivière, de Hawkesbury; Gérard Toupin, de St-Bernardin; Laurent Farmer, de Plantagenet; Gérald Joly, d’Alfred; Léon Delorme, de Curran; Gaston Chevrier, de Casselman; Aldéo Perron, de Bourget; Rolland Lepage, d’Embrun; et la Dr Annie Powers, de Rockland;
  • pour la section des contribuables des écoles publiques, ce seront David Hunter, de Hawkesbury; Donald McPhee, Stanley Forbes et Howard Cunning, de Vankleek Hill; Donald Hay, de Russell; et Gordon Fitzgerald, de Plantagenet.

Dans le cas de l’Unité scolaire séparée, qui allait devenir le Conseil des écoles séparées catholiques de Prescott-Russell, ce seront Yvan Séguin et Doris Mallette, de Hawkesbury; Yvon Huppé, de Rockland; Gérard Lalonde, de L’Orignal; Laurent Maisonneuve, de Plantagenet; Jacques Landry, de St-Albert; Jean-Louis Roy, d’Embrun; Armand Brisebois, de St-Eugène; Anselme Lacroix, de Clarence; et Benoît Cadieux, d’Alfred.

Ce sera le début d’un long cheminement sur lequel je reviendrai à quelques reprises. Le regroupement du 1er janvier 1969 était toute une tâche. J’y reviendrai bien sûr, surtout pour parler des « petits problèmes » électoraux que j’avais créés pour les conseillers Yvan Séguin et Doris Mallette : je m’étais présenté contre eux… à deux reprises.

Toutes ces personnes jouissaient d’une grande influence dans leur communauté respective. C’étaient des gens solides, pour la très grande majorité, et ce serait à eux qu’incomberait la lourde responsabilité de bien démarrer ces nouveaux conseils scolaires régionaux. Évidemment, ils ne pouvaient échapper à cette « maladie » qu’est le chauvinisme politique… la « guerre des clochers ».