Où en étais-je quand la vitesse du temps m’a brutalement éloigné de mon parcours de blogueur? Ah, oui! Je vous racontais ma carrière de communicateur à Postes Canada, notamment dans les relations avec les médias… un domaine tout à fait fascinant et qui nous obligeait, mes collègues et moi, à être au courant de quasiment tout ce qui se passait ou, encore mieux, se préparait dans les coulisses de cette grande société d’État. J’en étais rendu à vous parler du grand projet avant-garde UBI, pour lequel je représentais Postes Canada au comité des relations publiques.
Mais entre-temps, il se passait plein de choses. Notamment, le nouveau système intégré de traitement du courrier qui sous-entendait une refonte des principaux produits et services regroupés en quatre grands secteurs : les Services d’expédition intégrés, la Poste-lettres, les produits de la Médiaposte et les Services des publications et du marketing. Tout ça englobait pas moins de neuf marques commerciales distinctes : le Courrier prioritaire, Xpresspost (un produit tout neuf et quasiment sans concurrence à ce prix-là), la Poste régulière, la Poste-publications, le Médiaposte sans adresse, la Médiaposte avec adresse, la Poste-lettres ordinaire, la Poste-lettres à tarifs préférentiels, le Courrier électronique, sans oublier les produits financiers tels les mandats-poste.
Un autre produit avant-garde avait été baptisé Omnipost. C’était un de mes dossiers. Il s’agissait d’un logiciel de communications qui unifiait le courrier ordinaire, le courrier électronique (on ne parlait pas encore de courriels à cette époque de 1994) et la télécopie (qui était alors de mise pour la communication interentreprises. Le service fonctionnait ainsi : vous prépariez d’abord un carnet de vos destinataires les plus fréquents et vous précisiez leur préférence pour la réception de vos envois (courrier traditionnel, électronique ou par télécopie). Dans mon cas, par exemple, je rédigeais un communiqué de presse et je l’envoyais aux journalistes dans mon carnet partout au pays. Ceux qui avaient une rare adresse de courrier électronique le recevaient sur-le-champ, ceux qui avaient préféré la télécopie le recevaient quelques instants plus tard, tandis que pour la poste ordinaire, mon communiqué était imprimé par « courrier laser » dans l’installation postale la plus rapprochée du destinataire, imprimé et livré le lendemain matin… que ce soit à Ottawa, Toronto, Halifax ou Vancouver. Ce type de courrier était tellement différent que les destinataires avaient tendance à l’ouvrir en premier… ce qui se voulait un atout pour les sociétés commerciales. Western Union, par exemple, utilisait Omnipost pour acheminer ses télégrammes. Postes Canada avait prévu que ce service générerait des profits en 1996-1997. C’était sans compter sur ce « monstre » qui pointait la queue à l’horizon et qui viendrait jeter du sable dans nos beaux engrenages UBI et Omnipost. L’arrivée du Web a non seulement nuit à nos projets, mais nos responsables avaient également négligé une autre arrivée… celle de Windows de Microsoft. Omnipost avait été conçu en format MS-DOS, le prédécesseur de Windows, et Postes Canada avait jugé préférable de ne pas développer une nouvelle plate-forme pour Omnipost.
Pendant tout ce temps, le ministre David Dingwall, à qui Jean Chrétien avait confié la responsabilité de la Société canadienne des postes, intervenait de plus en plus dans les affaires de Postes Canada. J’avais eu l’impression que Dingwall et compagnie voyait Postes Canada comme le ministère qu’elle était déjà plutôt que comme la plus vaste société d’État commerciale au pays. Plusieurs groupes internes recevaient des appels des lieutenants du ministre. Je vous en reparlerai.
En avril 1994, il était aussi question d’un nouveau slogan que le président-directeur général Georges Clermont voulait dévoiler à la rencontre suivante de la NAMMU, l’Association nationale des grands usagers postaux… nos plus gros clients, en somme. Ce nouveau slogan serait : « In Business to Serve – En affaires pour vous servir ». Ce serait notre slogan pendant plusieurs années. Ce mois-là, nous annonçons également la nomination de John Fellows, un vice-président de Postes Canada, à la direction générale de GD Express Worldwide, le service international de messageries dont la société était actionnaire avec de grandes administrations postales européennes et le géant australien TNT Express. En fait, GD Express deviendra justement TNT Express Worldwide.
Ce ne sont pas les initiatives qui manquaient à Postes Canada à l’époque.