Avatar de Inconnu

St-Cœur-de-Marie est vendu… le Centre Maria ferme

Dans son édition du 18 septembre 1969, Le Carillon rapporte que les Servantes du Cœur-Immaculé-de-Marie ont offert de vendre l’hôpital St-Cœur-de-Marie aux Sœurs de la Charité d’Ottawa, déjà propriétaires de l’hôpital Notre-Dame, également situé à Hawkesbury. La vente n’est pas conclue, mais il est évident que les Servantes veulent se départir de leur hôpital. Par contre, le Centre Maria, un « foyer d’accueil pour les filles-mères », ne ferait pas partie de la transaction étant donné qu’il ne s’agit pas d’une œuvre des Sœurs de la Charité.

Le Centre Maria remontait au 5 mai 1938 et un peu moins de 2 000 jeunes filles-mères y ont séjourné pendant toute cette période. Ce foyer avait été élargi en 1956 pour devenir l’hôpital St-Cœur-de-Marie, une institution réservée exclusivement aux femmes pendant plusieurs années. Quant à l’hôpital Notre-Dame, les Sœurs Grises de la Croix comme étaient alors connues les Sœurs de la Charité, il remonte à 1927, une fois que l’ancien hôtel Lion d’Or a été converti en centre hospitalier; une annexe avait été aménagée en 1954.

La vente est confirmée dans l’édition du 20 novembre. Dans cette même édition, on confirme aussi la fermeture du Centre Maria. On tournait la page sur un important chapitre de l’histoire des soins hospitaliers à Hawkesbury. L’hôpital Notre-Dame est fermé depuis les années 70 et St-Cœur-de-Marie a été transformé en manoir pour personnes âgées plusieurs années après sa fermeture comme hôpital. Le nouvel Hôpital général de Hawkesbury avait été construit entre temps.

* * *

Voilà, la décision est finalement prise. Dans l’édition du 25 septembre 1969, on apprend que l’UCFO, soit l’Union catholique des fermières de l’Ontario, n’existe plus; elle devient l’UCFO, soit l’Union culturelle des Franco-Ontariennes. Même sigle, nom différent. Le débat autour du nouveau nom avait été « la cause de violentes controverses ». Ainsi, les cercles locaux de Chute-à-Blondeau, Curran, Fournier, Plantagenet, St-Bernardin, Vankleek Hill et Ste-Anne-de-Prescott s’étaient retirés au mouvement provincial et régional en guise de protestation et avaient conservé l’ancien nom (l’UCFO). À ne pas confondre bien entendu avec la troisième UCFO : l’Union des cultivateurs franco-ontariens. Oui, je sais, c’est mêlant! Imaginez les lecteurs à l’époque.

* * *

Dans l’édition du 2 octobre 1969, on apprend la mort d’Eugène Paquette, 83 ans, qui avait été greffier de la ville de Hawkesbury pendant 35 ans, soit de 1913 à 1948 (pendant les deux Guerres mondiales à bien y penser). En 1929, il avait été le premier président de la nouvelle Chambre de commerce de Hawkesbury. Il avait aussi été le directeur de scrutin dans le comté de Prescott au cours de trois élections provinciales. Il était le père d’André Paquette, le propriétaire-éditeur du journal Le Carillon, mon patron à l’époque.

Avatar de Inconnu

Hawkesbury citée en exemple pour son bilinguisme

Les dix premiers ministres des provinces canadiennes sont réunies à Ottawa en ce début de février 1968 à l’occasion de la « conférence fédérale-provinciale sur la constitution » (nous sommes encore loin du rapatriement de 1982). Le Carillon du 8 février titre en grosse manchette « John Robarts cite Hawkesbury en exemple au sujet du bilinguisme »… une vérité de La Palice pour les gens d’ici.

C’est que Robarts venait d’annoncer le programme de bilinguisme qu’il entendait implanter dans sa province. Il s’était référé aux quelques municipalités de l’Est de l’Ontario qui pouvaient être citées en exemple : « La ville de Hawkesbury, depuis de nombreuses années, conduit une grande partie de ses affaires en français et fournit la plupart de ses services municipaux dans les deux langues. » Robarts voulait encourager activement l’usage du français et de l’anglais dans les municipalités de l’Ontario qui comptent « une concentration suffisante de francophones ». Il y en avait beaucoup dans l’est et le nord de la province, surtout dans les zones rurales. Le français sera également reconnu à l’Assemblée législative de l’Ontario, ce qui devrait plaire aux six députés francophones qui y siègent, dont Albert Bélanger.

Le ministre d’État et député de Stormont, Fernand Guindon, s’était empressé de commenter que cela ne faisait pas de l’Ontario une province « officiellement bilingue pour autant ». (La province ne le deviendra jamais.) C’était quand même le point de départ de toute une série de mesures éventuelles qui favoriseraient les Franco-Ontariens au fil des décennies suivantes. Le Conseil municipal de Hawkesbury a même jugé bon d’adopter une résolution afin de remercier le premier ministre Robarts pour son témoignage. Robarts, il faut s’en rappeler, était un progressiste-conservateur.

* * *

« Problème majeur au Centre Maria » affirme le titre d’un article dans l’édition du journal Le Carillon du 22 février 1968. Cet hôpital de maternité pour les mères célibataires connaît des problèmes financiers sérieux et on cherche des solutions. C’est en novembre 1937 que les Sœurs du Bon-Pasteur avaient acheté la maison d’un certain James Ross afin d’en « faire un foyer d’accueil pour filles-mères » comme on appelait alors les mères célibataires. Il n’existait alors aucune œuvre du ce genre dans le diocèse ou l’Est de la province. « La première année, 19 jeunes filles ont été admises. Au cours des dix premières années, 360 jeunes filles ont séjourné au Centre et, à date, près de 1,500 mères-célibataires y ont donné naissance à leurs enfants. » Aujourd’hui, la question ne se pose même plus.