Avatar de Inconnu

ANIK nous rendra tous bilingues au Canada

Bizarre! Dans Le Carillon du 27 novembre 1969, on parle du premier satellite de communications artificiel que lancera le Canada en 1972. On le baptisera ANIK… « frère » dans la langue esquimaude.

Pour Erik Kierans, ministre des Communications dans le cabinet Trudeau, « ANIK est peut-être la clé de voûte de l’unité canadienne, l’instrument qui fera que le Canada deviendra une nation bilingue ». C’est ce qu’il avait affirmé à des francophones du sud de l’Ontario en tout cas. Il semble que Kierans avait traversé les nuages avant le satellite!

* * *

Bernard H. Bougie est agent de relations extérieures au service des Postes et il est invité du club Optimiste de Hawkesbury. Il était sans doute sincère en parlant des plans des Postes. « Afin de réduire les dépenses inutiles, le ministère des Postes est à fusionner les routes rurales et à fermer tous les bureaux de poste qui ne sont pas rentables, soit ceux dont les revenus annuels s’élèvent à moins de 1 000 $ et qui desservent moins de 30 familles. Le quart, en effet, de nos 10 000 bureaux de poste font moins de 450 $ par an. »

Bougie expliquait que cette réforme s’inscrivait dans le cadre de la commission d’enquête Montpetit de 1966, surtout en ce qui trait aux conditions de travail des employés. « Les employés des postes étaient en effet trop souvent considérés comme des boucs émissaires; pendant des années ils ont réduit le déficit de l’ancien ministère des Postes, en acceptant des salaires insuffisants et des conditions de travail dépassées. » C’était l’affirmation de Bougie.

Les années futures allaient démontrer le contraire, surtout avec le moratoire sur la fermeture des bureaux de poste imposé par les libéraux de Chrétien en 1994 et renouvelé par les conservateurs de Harper il y a quelques années, et les récents événements brossent un tout autre portrait que celui de 1969. Et en passant, alors que Bougie affirmait l’intention de fermer des bureaux de poste, le député Viateur Ethier continuait à en faire construire dans sa circonscription de Glengarry-Prescott-Russell.

Avatar de Inconnu

Hawkesbury citée en exemple pour son bilinguisme

Les dix premiers ministres des provinces canadiennes sont réunies à Ottawa en ce début de février 1968 à l’occasion de la « conférence fédérale-provinciale sur la constitution » (nous sommes encore loin du rapatriement de 1982). Le Carillon du 8 février titre en grosse manchette « John Robarts cite Hawkesbury en exemple au sujet du bilinguisme »… une vérité de La Palice pour les gens d’ici.

C’est que Robarts venait d’annoncer le programme de bilinguisme qu’il entendait implanter dans sa province. Il s’était référé aux quelques municipalités de l’Est de l’Ontario qui pouvaient être citées en exemple : « La ville de Hawkesbury, depuis de nombreuses années, conduit une grande partie de ses affaires en français et fournit la plupart de ses services municipaux dans les deux langues. » Robarts voulait encourager activement l’usage du français et de l’anglais dans les municipalités de l’Ontario qui comptent « une concentration suffisante de francophones ». Il y en avait beaucoup dans l’est et le nord de la province, surtout dans les zones rurales. Le français sera également reconnu à l’Assemblée législative de l’Ontario, ce qui devrait plaire aux six députés francophones qui y siègent, dont Albert Bélanger.

Le ministre d’État et député de Stormont, Fernand Guindon, s’était empressé de commenter que cela ne faisait pas de l’Ontario une province « officiellement bilingue pour autant ». (La province ne le deviendra jamais.) C’était quand même le point de départ de toute une série de mesures éventuelles qui favoriseraient les Franco-Ontariens au fil des décennies suivantes. Le Conseil municipal de Hawkesbury a même jugé bon d’adopter une résolution afin de remercier le premier ministre Robarts pour son témoignage. Robarts, il faut s’en rappeler, était un progressiste-conservateur.

* * *

« Problème majeur au Centre Maria » affirme le titre d’un article dans l’édition du journal Le Carillon du 22 février 1968. Cet hôpital de maternité pour les mères célibataires connaît des problèmes financiers sérieux et on cherche des solutions. C’est en novembre 1937 que les Sœurs du Bon-Pasteur avaient acheté la maison d’un certain James Ross afin d’en « faire un foyer d’accueil pour filles-mères » comme on appelait alors les mères célibataires. Il n’existait alors aucune œuvre du ce genre dans le diocèse ou l’Est de la province. « La première année, 19 jeunes filles ont été admises. Au cours des dix premières années, 360 jeunes filles ont séjourné au Centre et, à date, près de 1,500 mères-célibataires y ont donné naissance à leurs enfants. » Aujourd’hui, la question ne se pose même plus.