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Hawkesbury n’est plus défavorisée finalement

Après des mois et des mois de rumeurs à cet effet, le ministre fédéral de l’Expansion économique régionale, Jean Marchand, confirme que la ville de Hawkesbury et le comté de Prescott ne feront plus partie d’une « zone désignée » à compter du 1er janvier 1970. Le président du comité industriel, le sous-préfet Germain Tessier, réagit en affirmant que la ville profitera d’un dernier « boom industriel » d’ici l’expiration de la désignation en décembre. Par exemple, une entreprise qui déciderait de s’établir à Hawkesbury avant le 31 décembre pourrait profiter de subventions si elle est « en opérations avant le 31 mars 1971 »; tout n’est donc pas perdu. C’est en juin 1967 que le ministre Charles Drury avait annoncé aux Communes la désignation de Hawkesbury et du comté dont elle fait partie. Cette période aurait quand même permis d’attirer dix nouvelles industries qui auront investi plus de 10 millions de dollars et qui auront créé plus de 1000 nouveaux emplois. Ce n’était pas rien! Tout ça était dans l’édition du 14 août 1969 du journal Le Carillon.

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Dans ma chronique du 21 août, j’écris ceci : « L’hebdomadaire Dimanche-Matin, dans son édition du 10 août, insiste sur certaines paroles du sous-préfet Germain Tessier, président du comité industriel de Hawkesbury, à l’effet que le climat politique du Québec est un facteur important dans la venue de nouvelles industries à Hawkesbury. M. Tessier a déjà dit que cette théorie n’a jamais été utilisée dans les négociations avec les industriels. (…) Les propos de M. Tessier, parus originairement dans le Financial Times, auront eu plus de répercussions que prévues. Soit dit en passant que Dimanche-Matin écrit Hawkesbury sans ‘e’. » Cette dernière note faisait référence à une récente affiche que le ministère de la Voirie de l’Ontario avait fait installer le long de la route 17 et qui épelait le nom de la ville comme étant « Hawksbury ». (Ça s’écrit comme ça se prononce, pensait-on sûrement!) L’affiche avait soulevé un tollé de protestations il va sans dire.

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La nouvelle technologie inquiète toujours les gens. Dans l’édition du 31 juillet 1969, un article rappelle que « les appareils de télé en couleurs » sont sans danger. Retenons que la télé-couleur était un phénomène tout récent en 1969. « Les experts ont constaté que les compagnies fabricantes d’appareils récepteurs s’empressent actuellement, par une réaction d’autoprotection naturelle, de remédier au danger en remplaçant les redresseurs et les stabilisateurs émetteurs de radiations par d’autres, à prix modique, non émetteurs parce que construits en phase solide (solid state). » En ce début de juin 2011, ce sont les téléphones cellulaires qui sèment l’inquiétude.

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Une auto passe toutes les 4,8 secondes

Question sans doute de renforcer l’importance de la future autoroute 417 (qui sera terminée vers 1974), un rapport de la Sûreté provinciale de l’Ontario, dans l’édition du
7 novembre 1968 du journal Le Carillon, prédit qu’au moins 25 personnes auront péri dans des accidents de la circulation sur la route transcanadienne, entre la capitale et la frontière québécoise, en 1968. À la fin d’octobre, il y en avait déjà 18. « Il a été démontré qu’aux heures les plus achalandées, une auto passe toutes les 4.8 secondes à n’importe quel endroit précis dans ce secteur couvrant 75 milles. » Le reste du temps, il s’agirait d’une fréquence de 11 secondes entre chaque auto. C’est beaucoup. Ça m’intrigue ce que ce peut bien être aujourd’hui, en tenant compte seulement de la circulation de Rockland vers Ottawa.

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Toujours dans l’édition du 7 novembre, un court texte à l’effet que le maire de Rockland, Georges Martin, a demandé au député Viateur Ethier d’entreprendre les démarches pour que le comté de Russell soit lui aussi désigné « zone défavorisée » à la manière du comté voisin de Prescott. Ethier n’obtiendra jamais cette désignation et le comté de Russell, au fil des ans, est devenu le « dortoir » de la Fonction publique fédérale. Ce n’est pas une situation qu’on peut appeler « défavorisée ».

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La firme torontoise Read, Voorhees et associés remet son rapport sur la circulation routière à Hawkesbury. Le rapport avait coûté 72 000 $ une somme énorme pour l’époque. Le gouvernement provincial en avait absorbé les trois quarts. Dans Le Carillon du 14 novembre 1968, on y lit que ces spécialistes recommandent aux autorités municipales suggère que « la construction d’une route au nord de la rue Principale, en bordure de la rivière Outaouais, entre les rues McGill et John, demeure la solution idéale pour décongestionner la principale artère de la municipalité aux heures de pointe ». L’artère aurait permis aux camions transportant des billots et autres matériaux à l’usine de la CIP de contourner la rue Principale, seul secteur commercial à l’époque. Un résumé du rapport de Read, Voorhees, avait été distribué à chaque citoyen de la ville.

La Route du Nord, ou boulevard du Chenail comme on s’y référait, allait être réalisée quasiment 30 ans plus tard, l’opposition des commerçants de la rue Principale ayant été trop forte à l’époque. Aujourd’hui, les grandes surfaces se sont installées le long de la route transcanadienne 17 et la rue Principale ne l’est que de nom.

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Ethier appuie Winters à la chefferie libérale

En rétrospective, la déclaration est presque choquante. Quoi qu’il en soit, en page 8 de l’édition du 21 mars 1968 du journal Le Carillon, on apprend que le député fédéral de Glengarry-Prescott, Viateur Ethier, appuiera la candidature du ministre du Commerce, Robert Winters, au congrès de sélection du successeur de Lester B. Pearson au poste de chef du Parti libéral du Canada et qui deviendra automatiquement Premier ministre. « Robert Winters connaît les problèmes de l’élément francophone et son ascension au poste de premier ministre devrait réjouir tous les Canadiens-français qui ont à cœur l’unité de la nation canadienne. »

Interrogé sur la candidature du ministre de la Justice, « le député Ethier estime que M. Trudeau s’est fait un tort considérable au cours des dernières semaines par ses déclarations intempestives au sujet du français ‘pouilleux’ et ses échanges verbaux avec le premier ministre de la province de Québec, M. Daniel Johnson ». Et cette conclusion du député Ethier dont j’avais oublié l’existence : « D’ailleurs, les Canadiens-français ont toujours obtenu de plus grands avantages lorsqu’un Canadien anglais occupait le poste de Premier ministre. » Par contre, chacun des six délégués de Glengarry-Prescott avait pu appuyer le candidat de son choix au congrès de la chefferie.

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En cette fin de mars 1968, le Conseil municipal de Hawkesbury n’est pas content du tout de la décision du ministère de la Voirie de l’Ontario de construire la nouvelle autoroute 417 si loin de la ville. Le tracé annoncé prévoit que la route passera à une dizaine de milles de Hawkesbury, soit au sud de Vankleek Hill. Hawkesbury voulait que le tracé longe plutôt la route 17. Le Conseil déplorait que la nouvelle autoroute n’améliore pas la circulation entre Hawkesbury et Ottawa puisqu’il faudrait se rendre au sud de Vankleek Hill pour emprunter la 417. Le Conseil jugeait que cela pourrait entraver le progrès industriel de la ville, à peine amorcé. En rétrospective, l’autoroute 417 n’allait pas nuire à Hawkesbury, mais elle ne l’aiderait pas non plus. C’est le village d’Alfred qui s’inquiétait davantage… à cause de l’avenir peu prometteur de ses nombreux « stands à patates frites ». En 2011, il y en a toujours autant.

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Le Carillon du 4 avril 1968 marque la transformation graphique radicale du journal fondé en 1947. Un nouveau logo, avec un c en forme de cloche (comme dans cloche de carillon!) Vingt-et-un… âge de la maturité diraient certains. Berthio y présente sa caricature; Harry Bernard y signe sa « Chronique de l’Illettré ». Ce n’était que le début. Les correspondants ne signent plus de chroniques individuelles; leur information est transformée en articles avec la mention DNC. Je signe une nouvelle chronique qui s’intitule « De tout et de rien » et qui parle justement d’à peu près n’importe quoi, en petits paragraphes distincts. Si ma mémoire est bonne, je la signerai pendant de très nombreuses années.

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Le Carillon du 18 avril 1968 nous apprend que la compagnie Workman Bag Co. Ltd, de Montréal, créera 50 nouveaux emplois à Hawkesbury. La rumeur circulait depuis plusieurs semaines. Cette entreprise spécialisée dans la fabrication de bourses pour dames embaucherait des hommes et des femmes et s’installerait dans un nouvel édifice au nord de la rue Aberdeen. Cette entreprise s’ajoute à la compagnie Colormatic Dyeing and Printing Ltd, qui est établie à Hawkesbury dans un local temporaire et qui construira elle aussi un nouveau local dans le parc industriel. Cette dernière emploiera alors une cinquantaine d’employés. Cette nouvelle s’inscrit encore dans la période de développement industriel de Hawkesbury et dans le contexte des privilèges consentis aux entreprises qui souhaitent s’installer dans une « zone défavorisée ».